Côte d'Ivoire : Adversité des clans politiques, un sociologue, crie son amertume : « Certains de nos compatriotes deviennent agressifs dès que vous ne partagez pas leur point de vue »
Les invectives et autres dérives langagières constatées dans les discours politiques inquiètent. Il y a quelques mois en arrière, la ministre de la Cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté, Myss Belmonde Dogo, dans une déclaration, invitait les acteurs politiques à désarmer leur propos, de sorte à éviter une atmosphère de crispation et de méfiance à la veille de la présidentielle d’octobre 2025.
L’appel de la ministre en charge de la cohésion nationale et de la lutte contre la pauvreté, est manifestement tombé dans des oreilles de sourds, puisque les discours de haine continuent d’être véhiculés par ces acteurs politiques. De quoi craindre donc pour cette future élection présidentielle aux enjeux indéniables.
Cette situation n’a pas laissé indifférent Satigui Koné, sociologue, écrivain et journaliste. Dans une contribution adressée à KOACI, il exprime son amertume et sa tristesse devant ce spectacle qui n’augure rien de bon en cette veille de joutes électorales.
“ L’adversité des clans politiques a dépassé la norme classique de divergence d’idées. Certains de nos compatriotes deviennent agressifs dès que vous ne partagez pas leur point de vue sur certaines questions. Le pays a mal à sa cohésion sociale. Le pays est gagné par les incertitudes, et cela, depuis des décennies”, regrette Satigui Koné.
Sa désolation est d’autant plus grande que la classe politique ivoirienne, notamment les trois principaux partis politiques qui se livrent bataille depuis toujours, se réclament tous de l’Houphouétisme. “ Toute la classe politique ivoirienne se réclame pourtant d’Houphouët-Boigny. Le dialogue entre les leaders Ivoiriens est devenu un évènement quand il est amorcé. Dans un pays où l’hymne national est conclu par « la patrie de la vraie fraternité », chaque élection est attendue par les populations avec anxiété et la peur de voir des violences occasionnant des pertes en vies humaines”, poursuit-il.
La conséquence de l’hypocrisie des politiques selon lui, saute aux yeux. “ La méfiance et la défiance ont plombé les relations humaines. La Côte d’Ivoire a perdu de sa verve depuis des lustres. La caractéristique première d’un pays n’est peut-être pas de faire peur. Mais, la Côte d’Ivoire était crainte, respectée ou admirée. La profonde division entre les Ivoiriens est l’une des premières causes de l’effritement de la notoriété du pays. Des Ivoiriens expriment à profusion leur joie de voir la Côte d’Ivoire être surpassée par d’autres pays africains. La Côte d’Ivoire de la solidarité est confondue, sinon, a disparu au profit des actions de séduction des électeurs à la veille des élections. Certains d’entre nous, Ivoiriens, incitent à la création de groupes sur des bases politiques, qui se parlent avec haine, comme des ennemis. Trois camps hermétiquement opposés où chacun souhaite presque la disparition des deux autres !”, fait-il le constat amer.
Face à cette atmosphère aux odeurs de souffre, le sociologue-écrivain et journaliste, Satigui Koné, se veut nostalgique de l’époque de feu le président Félix Houphouët-Boigny, où les valeurs de respect, de solidarité, de fraternité, et du vivre ensemble ont été le ciment qui ont servi à bâtir la cohésion sociale gage de paix durable.
Pour le contemporain de feu le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, qui lui a d’ailleurs prédit une destinée glorieuse un jour de la fête de Tabaski à l’aéroport de Yamoussoukro en ces termes : « Mon fils, tu iras loin, très loin ! », il est certain que “Houphouët-Boigny n’aurait pas aimé ça”. Et pourtant, ces héritiers supposés, le font. Malheureusement !
Wassimagnon
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