Cameroun : L'arrêté préfectoral controversé sur l'interdiction de séjour dans le Mfoundi continue de soulever un tollé
Le récent arrêté préfectoral sur l'interdiction de séjour dans le Mfoundi continue de provoquer une vive polémique au Cameroun, mettant en lumière des tensions entre les autorités locales et les défenseurs des libertés civiles. Signé le 16 juillet par Emmanuel Mariel Djikdent, préfet du département du Mfoundi, ce texte prévoit d'interdire de séjour, pour une durée non précisée, toute personne accusée d'incitation au soulèvement contre les institutions de l'État, d'outrage envers ces dernières ou le président Paul Biya, ou de troubles à l'ordre public.
Dès sa publication, l'arrêté a suscité de vives réactions de la part de figures politiques et de la société civile. Cabral Libii, leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) et troisième à l'élection présidentielle de 2018, a vivement critiqué la mesure sur les réseaux sociaux. Il a souligné l'absence de base légale pour une telle décision, affirmant qu'elle contrevient à la Constitution camerounaise et aux lois en vigueur.
Me Akere Muna, avocat de renom, a exprimé sa préoccupation depuis Accra, où il participait à un forum international. Il a remis en question la légitimité d'une telle mesure, soulignant son incompatibilité avec les engagements internationaux du Cameroun et son impact potentiel sur la réputation du pays.
Les réactions sur les réseaux sociaux ont oscillé entre ironie et inquiétude, certains internautes demandant malicieusement les modalités pour obtenir un "visa" pour le Mfoundi, tandis que d'autres s'interrogent sur la légalité et l'efficacité de cette mesure.
Face à la controverse, le préfet Djikdent a tenté de justifier sa décision, la présentant comme une "mesure conservatoire" visant à préserver l'ordre public. Il a notamment pointé du doigt certains propos tenus lors de débats télévisés, jugés potentiellement perturbateurs pour la paix sociale.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l'équilibre entre maintien de l'ordre et respect des libertés individuelles au Cameroun. Elle met en lumière les tensions existantes entre les autorités locales et les acteurs de la société civile, dans un contexte politique déjà tendu. L'avenir dira si cet arrêté sera maintenu ou s'il sera retiré face à la pression publique, mais il aura sans doute contribué à raviver le débat sur l'état de la démocratie dans le pays.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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