Cameroun : Polémique, un arrêté préfectoral controversé à 15 mois de la présidentielle
Emmanuel Djikdent, préfet du Mfoundi (Ph)
À quinze mois de l'élection présidentielle camerounaise, un arrêté préfectoral vient de semer le trouble dans le département du Mfoundi, qui abrite la capitale Yaoundé. Signé par le préfet Emmanuel Djikdent Mariel, ce texte administratif suscite une vive polémique et alimente les tensions politiques déjà palpables dans le pays.
L'arrêté en question prévoit la possibilité d'interdire de séjour dans le Mfoundi toute personne accusée d'appeler au "soulèvement des institutions de la République" ou d'outrager "dangereusement les institutions", ou encore, « celui qui les incarne » en référence au chef de l’Etat. Ces dispositions, jugées floues par de nombreux observateurs, sont perçues comme une menace directe à la liberté d'expression, notamment celle de l'opposition politique.
Sur les réseaux sociaux camerounais, les réactions ne se sont pas fait attendre. De nombreux internautes y voient une tentative du pouvoir en place de museler la contestation à l'approche d'une échéance électorale cruciale. Certains vont jusqu'à qualifier cette mesure d'anticonstitutionnelle, arguant qu'elle pourrait être utilisée pour intimider les opposants politiques.
Le choix du département du Mfoundi pour l'application de cet arrêté n'est pas anodin. Cette zone stratégique, qui englobe la capitale Yaoundé, est souvent le théâtre de manifestations et de rassemblements politiques. L'interdiction pourrait donc avoir un impact significatif sur la capacité des opposants à organiser des événements dans ce lieu névralgique du pays.
Les défenseurs des droits humains s'inquiètent également de la formulation de l'arrêté, qui mentionne la protection de "l'éducation de la jeunesse". Certains y voient une possible volonté de limiter l'engagement politique des jeunes, une frange importante de la population camerounaise.
Face à cette controverse, les autorités n'ont pas encore réagi officiellement. Cependant, la tension monte dans le pays. Les partis politiques et les acteurs politiques n’ont pas encore pris position, sur cette interdiction qui intervient dans une période pré-électorale sensible.
À l'approche de 2025, cet épisode met en lumière les défis auxquels le Cameroun est confronté pour garantir un processus électoral libre et équitable, tout en préservant l'ordre public. Le débat autour de cet arrêté préfectoral ne fait que commencer et pourrait bien devenir un enjeu majeur de la campagne à venir.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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