RDC : Entre chaos et corruption, un rapport de l'ONU dévoile l'enfer du Kivu
La République Démocratique du Congo (RDC) est une fois de plus au cœur des préoccupations internationales après la publication d'un rapport accablant des Nations Unies sur la situation sécuritaire dans l'est du pays. Les conclusions de ce document, long de près de 300 pages, sont sans équivoque : les provinces du Nord et Sud Kivu, ainsi que l'Ituri, sont devenues des zones de non-droit, ravagées par des décennies de violence, de corruption et d'exploitation illégale de ressources naturelles. Gérard Vespierre, président de Strategic Conseils, décrit ces provinces comme "un territoire très éloigné de la capitale, abritant de multiples ethnies, frontalier de 3 pays, et possédant de grandes richesses...Tous les éléments d'un drame profond et structurel sont réunis."
La gangrène des milices et de l'armée
Depuis la fin de la seconde guerre du Congo en 2004, la RDC n'a pas réussi à pacifier ces régions riches en minerais. Plus de 200 milices armées y prolifèrent, se nourrissant du trafic d'or, de diamants et de coltan, ainsi que du kidnapping. Charles de Blondin souligne que l'incapacité du gouvernement à stabiliser ces provinces a transformé l'armée nationale en un acteur aussi nuisible que les milices qu'elle est censée combattre.
Les Forces armées de la RDC (FARDC), loin d'être une force de stabilisation, sont impliquées dans l'exploitation minière illégale et collaborent avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), composées d'anciens génocidaires hutus. Cette alliance diabolique a exacerbé les violences contre les civils, notamment les viols et les assassinats.
L'infamie des enfants soldats
Le rapport de l'ONU révèle des pratiques révoltantes, telles que l'utilisation d'enfants soldats. Ces enfants, certains âgés de seulement 12 ans, sont enrôlés de force par des groupes armés et les FARDC. Le président Félix Tshisekedi a “cyniquement” justifié cette pratique en la qualifiant de "cas de force majeure." Le rapport onusien indique que plus de 1000 recrues ont été formées entre 2023 et 2024, dont au moins 20 % étaient des mineurs. Pour un acteur de la soicété civile congolaise, "c'est un scandale humanitaire d'une ampleur inouïe."
Impunité et corruption à tous les niveaux
Les groupes armés locaux, tels que les Wazalendo, jouissent d'une impunité totale. Ces milices, devenues la force paramilitaire officielle du gouvernement sous le nom de Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), sont responsables d'exactions et de tortures dans la région. Le rapport révèle que les autorités congolaises, en particulier le colonel Cyprien Sekololo, fournissent un soutien logistique et financier substantiel à ces groupes armés, en toute impunité.
Le Rwanda et l'Ouganda dans la tourmente
Le rapport de l'ONU ne ménage pas non plus le Rwanda et l'Ouganda. Bien que souvent accusé de soutenir le Mouvement du 23 mars (M23), le Rwanda est aussi affecté par l'instabilité en RDC, subissant des flux de réfugiés et la présence de groupes armés comme les FDLR sur son territoire. L'Ouganda, de son côté, est impliqué à travers les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe armé, classé organisation terroriste revendiquant le Jihad par les Etats-unis, qui a causé des ravages dans le nord de la RDC.
Vers une explosion régionale ?
La situation en RDC est critique. Le président Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de mener "un génocide" dans l'Est du Congo, tandis que le président rwandais Paul Kagamé rétorque que son pays est prêt à se défendre "sans peur."
Et si ce rapport de l'ONU, tout en dévoilant l'horreur de la situation, offre une lueur d'espoir pour une action internationale concertée visant à rétablir la paix dans l'est de la RDC, la tension continue de monter entre les deux nations, et la communauté internationale semble jusque-là impuissante.
Des recommandations ignorées ?
Les experts de l'ONU appellent à une cessation immédiate de toute collaboration entre les FARDC et les groupes armés, notamment les FDLR. Ils recommandent de mener des enquêtes sur l'utilisation d'armes explosives et de poursuivre les responsables des violations des droits humains. De plus, ils insistent sur la nécessité de démanteler les réseaux des ADF dans les prisons congolaises et de libérer les enfants soldats. Mais comme le soulignent tous les observateurs de la situation, la question est de savoir si ces recommandations seront suivies d'effets, car depuis 2004, les conflits au Kivu continuent de dévaster des millions de vies.
En attendant, les populations de ces terres gorgées de ressources minières, continuent de souffrir, prises au piège dans un tourbillon de violence et d'exploitation. Il est impératif que la communauté internationale, les gouvernements africains et les organisations de la société civile unissent leurs efforts pour mettre fin à cette tragédie humaine et restaurer la dignité et la paix dans cette région meurtrie.
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