Cameroun : Prorogation du mandat des élus, une manœuvre qui divise la classe politique
Au Cameroun, la prorogation du mandat des députés et conseillers municipaux divise la classe politique.
Le gouvernement camerounais a déposé samedi dernier à l’Assemblée nationale un projet de loi portant prorogation du mandat des élus d’un an à compter du 10 mars 2025. Selon les autorités, cette mesure est motivée par le souci d’une meilleure organisation des différents scrutins prévus l’année prochaine, notamment l’élection présidentielle, les scrutins législatif, municipal et régional.
Les raisons officielles et officieuses
Yaoundé évoque des raisons financières pour justifier cette prorogation. Cependant, en lisant attentivement le projet de loi, il apparaît que les motivations réelles sont ailleurs. Cette prorogation élimine de la course à la présidentielle Maurice Kamto, arrivé deuxième lors de l'élection présidentielle de 2018 avec 14,23 % des voix, derrière Paul Biya (71,28 %), ainsi que Cabral Libii, troisième en 2018 avec 6,28 % des suffrages.
Une opposition divisée
Au sein de l’opposition, la prorogation du mandat des élus divise. Une partie de l’opposition faisant partie de la majorité présidentielle se tait et ne dit mot.
Chez d’autres, cette mesure est perçue comme une manœuvre visant à éliminer certains candidats potentiels et à garantir une réélection tranquille du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir.
Selon le député Jean-Michel Nintcheu, cette prorogation est "illégale, malhonnête et inopportune". Christian Ntimbane Bomo, candidat déclaré à l’élection présidentielle, qualifie cette action d’"entourloupe". L’avocat au barreau de Paris demande l’avis du Conseil constitutionnel et appelle au respect du calendrier électoral.
La prorogation du mandat des élus au Cameroun, loin de mettre tout le monde d’accord, exacerbe les divisions au sein de la classe politique. Alors que le gouvernement invoque des raisons pratiques et financières, l’opposition y voit une tentative de manipulation électorale. La suite des événements s’annonce cruciale pour la démocratie camerounaise.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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