Cameroun : L'approche autoritaire d'Atanga Nji contre l'opposition, une bombe à retardement pour la stabilité du Cameroun
Atanga Nji, Minat (Ph)
La récente déclaration du ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, lors de la première conférence annuelle des gouverneurs des régions, soulève de sérieuses inquiétudes quant à la stabilité politique du Cameroun. Ses propos, loin d'apaiser les tensions, semblent au contraire attiser les flammes d'un climat déjà tendu.
Attaques contre l'opposition
Mercredi à Yaoundé, Atanga Nji s’en est pris violemment aux opposants politiques, allant jusqu'à suggérer à l'un d'eux de « se donner la mort tranquillement ». Ce type de rhétorique extrême ne fait qu'exacerber les divisions et pourrait inciter à la violence.
« Je vais répondre à celui qui a dit qu’il va mourir et les autres vont arranger le pays en 2025. D’abord, il n’a pas besoin d’attendre 2025 pour mourir. Il habite à Santa Barbara. Il peut aller au marché Etoudi acheter une corde et se donner la mort tranquillement. De ce fait, il ne va pas entraîner les innocents dans sa chute. Les chrétiens le savent ; Seul Jésus-Christ est mort pour sauver l’humanité. Celui qui prétend qu’il donnera sa vie pour une cause perdue d’avance est un homme égaré. Il n’est jamais tard de retrouver le bon chemin », a déclaré Paul Atanga NJi.
Menaces à peine voilées
Le Minat évoque des députés « dans le collimateur des autorités administratives », laissant entendre une possible répression contre les voix dissidentes. Cette approche autoritaire risque de radicaliser davantage l'opposition.
« Il y a deux députés qui passent le temps à brandir l’épouvantail du chaos en 2025, qui passent le temps à inciter à la rébellion et qui tiennent des discours haineux. Ces deux députés doivent savoir qu’ils sont dans le collimateur des autorités administratives. Lorsqu’une mangue est mûre, elle doit tomber. L’autorité administrative est déjà sous l’arbre pour ramasser la mangue, lorsqu’elle va tomber et le reste, vous pouvez deviner : « le pays de si je savais», a enchainé le Minat.
Glorification du président Biya
« Le Président Paul BIYA connait le Cameroun mieux que nous tous. Le Chef de l’Etat a l’avantage de bien connaître le Cameroun et les Camerounais profondément. Le Chef de l’Etat nomme aux emplois civils et militaires en fonction des critères qu’il maîtrise et faisant usage de ses pouvoirs discrétionnaire. (…)Le Président Paul BIYA, Maître souverain des Institutions Républicaines est un homme d’Etat fair play.
En louant de manière excessive le président Paul Biya et ses collaborateurs, le ministre renforce la perception d'un régime autoritaire, peu enclin au changement et à l'alternance politique.
Menace de répression
La promesse de maintenir l'ordre public « à tout prix » laisse présager une réponse potentiellement violente à toute forme de contestation, ce qui pourrait entraîner une escalade des tensions.
Cette rhétorique inflammatoire, venant d'un haut responsable gouvernemental, risque de creuser davantage le fossé entre le pouvoir et l'opposition. Elle pourrait également alimenter le ressentiment au sein de la population, en particulier chez les jeunes qui aspirent au changement.
Dans un pays déjà confronté à des défis sécuritaires majeurs, notamment dans les régions anglophones, de tels propos constituent une véritable bombe à retardement. Ils risquent d'exacerber les tensions existantes et de compromettre toute perspective de dialogue national constructif.
Au lieu de chercher à établir un dialogue constructif avec l'opposition, Atanga Nji garant de l’ordre et de la paix, rejette catégoriquement leurs critiques et leurs aspirations politiques. Cette fermeture au débat démocratique pourrait pousser certains groupes vers des actions plus radicales.
Pour préserver la stabilité du Cameroun, il est urgent que les autorités adoptent un ton plus conciliant et ouvrent de véritables espaces de dialogue avec toutes les composantes de la société camerounaise. Seule une approche inclusive et respectueuse des différentes opinions politiques pourra garantir un avenir pacifique et prospère pour le pays.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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