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Côte d'Ivoire : Secteur de la pêche, les Halieutes réclament plus de formation et de moyens adéquats pour mieux accomplir leur mission de garants des ressources halieutiques dans les eaux ivoiriennes
 

Côte d'Ivoire : Secteur de la pêche, les Halieutes réclament plus de formation et de moyens adéquats pour mieux accomplir leur mission de garants des ressources halieutiques dans les eaux ivoiriennes

 
 
 
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© Koaci.com - vendredi 28 juin 2024 - 21:50



La pêche joue un important rôle sur le plan social, économique et culturel et son apport à la sécurité alimentaire est indéniable. En Côte d’Ivoire, le secteur de la pêche est pourvoyeur d’emplois avec près de 100.000 emplois directs et plus de 580.000 emplois indirects. Le poisson participe à plus de 50% à la satisfaction des besoins en protéines de la population. Aujourd’hui, le suivi de ce secteur se fait par les Agents Halieutes qui sont sous la tutelle du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH).


Les Halieutes de Côte d’Ivoire ont en charge l’élaboration et la mise en œuvre de la politique des pêches et de l’aquaculture en Côte d’Ivoire. Cette politique vise à valoriser toutes les potentialités halieutiques nationales, afin d’assurer la couverture des besoins de la population en produit de pêche. Ainsi la fonction de l’Halieute fait appel à des connaissances et à un savoir-faire particulier qui contribuent à la pérennisation des espèces halieutiques tout en garantissant la sécurité et l’autosuffisance alimentaire.


A travers leurs missions, les Halieutes doivent faire respecter la réglementation en vigueur en matière de pêche et d’aquaculture, délivrer et contrôler les documents administratifs afférents aux activités de pêche, de l’aquaculture et du mareyage, patrouiller sur les plans d’eaux (fleuves, lacs, lagunes et mer) et dans les lieux de débarquements (débarcadères et campements de pêcheurs) pour récolter les données statistiques et contrôler les activités des opérateurs, afin de s’assurer du respect de la réglementation en la matière ; constater les infractions le cas échéant, surveiller les plans d’eaux, les pêcheries et les activités de pêche dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN), interpeller les opérateurs clandestins et véreux, saisir les engins et les produits de pêche prohibés ou non déclarés, participer même à l’arraisonnement de bateaux pirates, collecter les taxes et Licences auprès des opérateurs, contrôler la salubrité et la qualité des produits halieutiques, etc.


Malheureusement, plusieurs risques sont liés à la fonction de l'Halieute. Il s'agit d'abord des risques liés aux lieux et moments d’exercice de leur activité. Selon le Secrétaire national du Syndicat national des Halieutes de Côte d'Ivoire (SYNHACI) qui était face à la presse ce 28 juin 2024, les halieutes mènent leurs activités de patrouille, de contrôle, de collecte de données statistiques ainsi que de collectes de taxes et de redevances sur l’eau ; en bordure des plans d’eau ; dans les campements de pêcheurs.


« Ces lieux sont très souvent éloignés des agglomérations. Il faut noter également que, la pêche et le transport des produits halieutiques se font le plus souvent la nuit, pour éviter les rayons solaires et la chaleur qui constituent des sources de détérioration rapide de ces produits. Les halieutes sont donc tenus d’être en permanence sur les lieux de pêche, les lieux de débarquement et d’embarquement des produits (les débarcadères, les gares, les marchés etc.). Il leur faut par conséquent braver la nuit et les intempéries pour non seulement assurer le respect de la réglementation, mais aussi procéder aux relevés de données statistiques et aux contrôles sanitaires des produits halieutiques, ou encore collecter les taxes et redevances de la pêche dans les lieux hostiles et parfois très dangereux », a expliqué, Adou Koffi.


Ensuite, l'Halieute est exposé à toutes sortes de dangers, notamment, les agressions par des coupeurs de route ayant connaissance de fortes sommes d’argent provenant de la collecte des Licences et taxes en possession des Halieutes, les agressions par des coupeurs de route et autres bandits (trafiquants, contrebandiers et braconniers qui utilisent les plans d’eau pour leurs sales besognes et qui sont prêts à tout lorsqu’ils sont surpris ou découverts).


 

« En 2017, une attaque d’un campement de pêcheurs a été enregistrée dans la zone de Pêche de Duékoué pendant que résidait dans ce campement un Agent Halieute du Bureau Pêche pour des relevés de données statistiques. Cette attaque avait causé deux (02) décès de pêcheurs par balle. Aussi dans le courant du mois d’Août de la même année, deux (02) autres attaques ont été perpétrées par des bandits dans des campements de pêcheurs de Guiglo où étaient postés des Agents Halieutes du Bureau Aquaculture et Pêche pour le suivi des activités de pêche. Ces attaques ont occasionné le décès par balle d’un pêcheur ainsi qu’un autre blessé par balle », a expliqué, le Secrétaire national du SYNHACI.


Il a également indiqué, que les Halieutes sont exposés aux agressions des orpailleurs clandestins qui mènent la plupart de leurs activités dans les zones de pêche des différents plans d’eau, aux noyades, qui sont décuplés par l’inexistence de moyens adéquats pour le travail sur l’eau (gilets de sauvetage ; embarcations et moteur hors-bords). Dans la nuit du 02 Mars 2014, l’agent N’GORAN Lucien, Moniteur des PVA option Halieute au BAP de Guiglo est mort noyé au cours d’une mission pour des pratiques illicites, aux attaques des animaux aquatiques ou sauvages, car, les cas les plus fréquents sont les hippopotames, les crocodiles, les pythons et autres serpents. Enfin, les Halieutes sont aussi exposés aux chavirements et accidents de pirogues lors des patrouilles dus aux intempéries (grands vents, grandes pluies) ou aux nombreuses plantes aquatiques ou aux souches d’arbre ou encore aux roches qui envahissent les plans d’eaux.


A côté de tous ces risques, il y a également, les risques liés à l’état d’esprit des opérateurs. « Les principaux acteurs des activités de pêche dans notre pays sont en majorité des ressortissants étrangers venus faire fortune en Côte d’Ivoire. Ils sont très peu soucieux des mesures de pérennisation des ressources. Ainsi, ayant pour seul objectif le profit à tout prix, même en défiant l’autorité de l’État. Ils se montrent très réfractaires à l’application de la réglementation en vigueur dans le domaine de la pêche, et ce d’autant plus que la majorité est analphabète. Les Halieutes sont donc exposés tous les jours, dans l’exercice de leurs fonctions, aux agressions physiques et verbales de ces opérateurs lors des contrôles, des saisies ou des interpellations. Il arrive même qu’ils soient victimes d’actes de vengeance ou de rétorsion de la part d’opérateurs ayant subi de lourdes pertes ou écopé de lourdes sanctions pénales », s'est justifié, Adou Koffi.


Par les Décrets successifs n°93-608 et n°93-609 du 02 juillet 1993, l’Halieutique (aquaculture et Pêche) était classé en une option de la catégorie des emplois des Eaux et Forêts géré par le ministère des Eaux et Forêts. Cet emploi a été rattaché au ministère des Ressources animales et Halieutique par feu le ministre Alphonse Douati. Selon Adou, parmi, les Halieutes, certains Ingénieurs Halieutes sont dotés de moyens légaux (tenue militaire ; arme) tandis que d’autres ingénieurs et les techniciens chevilles ouvrière travaillent dans des conditions déplorables.


Alors que les Halieutes assurent un rôle de prévention et de conseil, mais aussi et surtout une fonction de police et de coercition, malheureusement comme l'a indiqué, le Secrétaire national du SYNHACI au cours de sa rencontre avec la presse, aucune disposition particulière n'est prise, afin que l’Agent qui représente la force publique puisse inspirer auprès des opérateurs, l’autorité et le respect dû à la puissance publique.


Les contraintes inhérentes à leur fonction et l’obligation de faire face aux dangers liés à la spécificité de leur travail, ont favorisé, l’octroi du statut de paramilitaire, d’une part, aux agents des Eaux et Forêts qui assuraient jusque là dans un passé récent la gestion de la pêche continentale, et d’autre part, aux agents des Affaires Maritimes et Portuaires.


 

Le Secrétaire national demande donc aux autorités compétentes de permettre aux Halieutes qui assurent notamment la surveillance des plans d’eaux d’être dotés en capacités (formation militaire ; maniement des armes) et des moyens (tenue militaire ; arme ; moyens de mobilité nautique) pour faire face à la spécificité de ce travail.


Car selon lui, la prise en compte de leurs préoccupations permettra d’atteindre les objectifs du Gouvernement en matière de ressources halieutiques, de garantir la sécurité alimentaire en protéine halieutique, de pérenniser les ressources halieutiques dans les eaux ivoiriennes et d'éviter encore d’autres morts en leur sein, dans l’exercice de leur fonction.


Wassimagnon





 
 
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