Côte d'Ivoire : Secteur halieutique, tous les plans d'eau fermés aux activités de la pêche à partir du 1er juillet pendant deux mois
Touré
La Côte d'Ivoire dispose d’un vaste réseau hydrographique constitué par une ouverture sur l’océan Atlantique avec une façade maritime de 550 km de long, un plateau continental couvrant une superficie de 12 000Km², et une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 200.000 Km², un réseau de lagunes d’une superficie cumulée de 1 200Km² composé des systèmes lagunaires Aby, Ebrié, Grand-Lahou et Fresco, des plans d’eau continentaux (lacs, retenue d’eau, fleuves et rivières) qui couvrent environ 1,5 % de la superficie totale du pays. Six lacs qui sont des retenues d’eau issues des barrages hydroélectriques construits sur les quatre (04) grands fleuves du pays (Bandama, Comoé, Cavaly et Sassandra) constituent les plans d’eau continentaux majeurs.
Ces plans d’eau, à cause de leurs richesses en ressources halieutiques, sont le siège d’une importante activité économique, notamment la pêche. En effet, la production nationale de poissons extrait du milieu marin et des plans d’eau continentaux était de 108.733 tonnes en 2016 contre 73.211 en 2020, soit une baisse de 33 %. Sur la même période, les baisses enregistrées par segment de pêcherie sont de 33 % pour la pêche maritime et de 35 % pour la pêche continentale.
Ces tendances baissières continuent, entraînent une dépendance abyssale vis-à-vis des importations de poissons qui représentent 82% des besoins de consommation annuelle. Cette situation invite le ministère des Ressources animales et Halieutique à renoncer à l’inaction tout en prenant des mesures vigoureuses fondées sur des approches pertinentes de gestion pour assurer la Reconstruction des stocks de poissons, la Restauration des habitats tout en maintenant les Interactions et la Réversibilité.
Face à cette baisse de production continue, la perte de biodiversité, le repos biologique a été institutionnalisé dans les pêcheries des eaux marines en 2023 conformément à la loi n°201-554 du 26 juillet 2016 relative à la pêche et à l’aquaculture et aux engagements régionaux et internationaux de la Côte d’Ivoire.
Pour inscrire l’exploitation des ressources halieutiques dans une dynamique de durabilité, le Gouvernement envisage d’étendre progressivement le repos biologique à l’ensemble des plans d’eau de Côte d’Ivoire. Ainsi, au titre de l'année 2024, le ministère des Ressources Animales et Halieutiques prévoit de mettre en œuvre la fermeture saisonnière des pêches sur les lagunes Aby, Grand-Lahou et les lacs de Kossou et de Buyo.
Le repos biologique vise à préserver les stocks des espèces de poissons et à garantir la reconstitution du stock dans des conditions naturelles normales, à l'abri de la pêche. Sidi Tiémoko Touré, ministre des Ressources animales et Halieutique, était ce mercredi 26 juin face à la presse pour donner des détails sur le repos biologique 2024.
«Le repos biologique 2024 sera mis en œuvre en deux principales phases conformément aux zones hydrographiques du pays et de façon progressive.
Zone A : Maritime, lagune Aby et de Grand-Lahou, Zone B : Lacs de Kossou et de Buyo. Pour la Zone A : Maritime : Unités de pêche thonières : du 1ᵉʳ janvier au 13 mars 2024 pour les navires thoniers senneurs pêchant avec les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) conformément à la recommandation 23-01 de la Commission Internationale de Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT), Unités de pêche artisanale maritime : fermeture intégrale d’un (01) mois du 1ᵉʳ juillet au 31 juillet 2024, Unités de pêches semi-industrielle et industrielle : fermeture à toutes les espèces autres que le thon pour une durée de deux (02) mois du 1ᵉʳ juillet au 31 août 2024. Lagunes Aby et de Grand-Lahou, du 1ᵉʳ juillet au 31 août, soit deux (2) mois. Pour la zone B : Lacs Kossou et Buyo, 1er septembre au 31 octobre, soit deux (2) mois », a expliqué, le ministre des Ressources animales et Halieutique.
Il a rappelé que les résultats provisoires obtenus dans le cadre du suivi des activités des unités de pêche au cours des six (6) premiers mois après l’ouverture des pêches maritimes en 2023 indique que, pour la pêche industrielle chalutière la durée des marées est de 7 à 8 jours alors qu’elle était de 10 à 12 jours, pour les sardiniers cette durée est de 36 à 48 heures contre 72 heures avant la mesure.
«Le suivi des débarquements de septembre en novembre 2023 pour l’ensemble de la flottille industrielle indique une production de 5.311 contre 4.422 tonnes, soit une croissance d’environ 20,5 % sur la même période. Des études scientifiques plus poussées sont en cours de réalisation pour l’évaluation des impacts biologiques et socioéconomiques de cette fermeture », a ajouté, le ministre Sidi Tiémoko Touré.
Selon lui, l’application du repos biologique intégral sur l’ensemble des plans d’eau (mer, lagunes, lacs et fleuves) est susceptible de favoriser une croissance de la production. Comme révélé par M. Touré, la production pourra ainsi passer à 84.000 tonnes dès la fin de l’année 2025 et atteindre 127.000 tonnes dès la fin 2027 contre une capture de référence de 55.522 tonnes en 2022.
« Pour y parvenir, nous devons tous nous y engager résolument dans le respect scrupuleux de cette mesure. Pour inscrire cette fermeture des pêches dans la durabilité, mon département s’est résolu dans la promotion de la cogestion des pêcheries, c’est-à-dire, la gestion participative ou concertée avec une forte implication des communautés de pêche à travers des comités qui verront le jour de façon progressive », a conclu, le ministre des Ressources animales et Halieutique.
Notons que pour cette fermeture 2024, Sidi Tiémoko Touré donne rendez-vous le lundi 1er juillet 2024 à Adiaké pour le lancement solennel de cette mesure.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire