Côte d'Ivoire : Le WACA et la convention de la société exhortent le Gouvernement à la signature du décret de création de l'Agence nationale de gestion intégrée du littoral
Le 18 juin de chaque année, il est célébré, la Journée mondiale des Océans. Cette célébration vise à rappeler le rôle très important des océans comme source de vie partout dans le monde. La célébration de l'édition 2024 est placée sous le thème : « Explorons de nouvelles profondeurs » avec un accent mis sur la connaissance en profondeur des océans et elle s'est déroulée, le 15 juin 2024 à Port-Bouët sous le parrainage du Directeur général de l'Environnement, Dagnogo Sidi Braïma qui représentait, le ministre de l'Environnement du développement durable et de la transition écologique, Jacques Assahoré Konan.
Le but de cette journée est de sensibiliser le public sur la place fondamentale qu'il occupe dans l'écosystème et sur les menaces auxquelles, il fait face à cause des activités humaines. Cette journée, veut notamment mobiliser et unir les populations du monde entier, particulièrement les populations autour d'une gestion durable tout en rendant hommage à leurs richesses.
L'eau de pluie, l’eau potable, la météo, le climat, l'oxygène de l'air respiré et même une grande partie de la nourriture sont tous des aliments qui sont régulés par les océans et les mers. L'homme a donc besoin de l'océan pour survivre et l’océan aujourd'hui plus que jamais auparavant a besoin d'un soutien accru pour continuer à remplir ses fonctions dont toute la planète dépend.
Cependant, d'ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre associés à la production à l'utilisation et à l'élimination des plastiques représenteraient 15 % des émissions autorisées dans le cadre de l'objectif visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degrés Celsius.
Selon Professeur Dagnogo Sidi Braïma, cette situation avérée et bien dramatique est malheureusement due aux activités et aux comportements de l'homme de sorte que si les actions vigoureuses de gestions rationnelles et de prévention ne sont pas prises, elles conduiraient les écosystèmes marins et côtiers à une mort certaine dans quelques décennies.
Les océans sont devenus des écosystèmes à ordures. En effet, la production mondiale des déchets plastiques a plus que jamais doublé entre 2000 et 2019 pour s'établir à 350 millions de tonnes.
Selon le représentant du ministre Jacques Assahoré Konan, en Côte d'Ivoire c'est 4,8 millions de tonnes de déchets par an soit 400000 tonnes par jour qui se retrouvent dans l'océan. « Si nous continuons à produire cette quantité de déchets plastiques, ce sont des plastiques que nous pêcherons à la place des poissons en mer. Les connaissances sur le terrible état de l'océan sont claires pourtant nous n'écoutons pas. Pour motiver un élan généralisé pour l'océan, nous devons apprendre à écouter les cris terrifiants venant de nos océans et essayer d'explorer de nouvelles profondeurs de compréhension de compassion, de collaboration, d'engagement et plus encore de travailler à l'aider à jouer son rôle de pourvoyeur d'oxygène et de régulateur de notre climat », a-t-il déclaré.
Aujourd'hui en Côte d'Ivoire, il est alarmant de constater que la montée des eaux a des répercussions majeures sur les populations. Étant donné que le littoral représente environ 50 % du PIB annuel, cette catastrophe affecte également la pêche côtière, car les pêcheurs se retrouvent dans l'incapacité de stationner leurs embarcations. Comme l'a indiqué le DG de l'Environnement, pour trouver des solutions à ce phénomène crucial, des restaurations et plantations de palétuviers sont réalisés sur tout le littoral par ses services compétents et les organisations non gouvernementales qui œuvrent au renforcement et à l'amélioration du cadre de vie des populations.
La Côte d'Ivoire a prévu de planter et de restaurer sur le littoral 75000 hectares en 10 ans de forêt de mangrove soit 7500 hectares par an, cependant moins de 500 hectares sont actuellement reboisés dans les secteurs de Sassandra, Grand Lahou et Adiaké. Selon le Professeur, ce taux représente 0,66 % de superficie initiale et cela témoigne d'une mauvaise compréhension du rôle que jouent les mangroves par les concitoyens.
« Nous pensons qu'il est temps que tous, gouvernement, secteur privé, ONG, collectivités et communautés côtières, nous nous engageons dans une synergie d'action pour sauver nos littoraux et océans. Nos efforts permettront la durabilité des activités de pêche et surtout de maintenir l'équilibre écologique de notre écosystème marin et côtier », a-t-il conclu.
Longue de 566 km, la zone côtière ivoirienne s'étend du cap des palmes dans l'Ouest, au cap des trois pointes à l'est. Elle couvre une superficie d'à peu près 37000 kilomètres carrés ce qui représente 11,58 % de la superficie du territoire ivoirien. Elle comporte un district (Abidjan), 4 régions, (Sud-comoé, Grand-Pont, Gboklê, San-Pedro) et deux départements contigus d’Alépé entre le district d'Abidjan et la région du Sud-comoé et de Guitry qui sont situés entre les régions du Gboklê et des Grands-ponts. C'est une zone qui renferme des potentialités écologiques hautement importantes, zones humides d'importance et internationale, appelée zoom rasta, etc.
Professeur Djagoua Éric Valère, Coordonnateur adjoint du Projet d'investissement pour la résilience des zones côtières ouest africaines (WACA-RESIP) a déclaré que les études réalisées sur le littoral ivoirien ont montré un recul moyen des traits de code de 1 à 2 voire 3 m par an au profit de la mer. Selon lui, ces phénomènes menacent d'une part les populations riveraines la destruction de leur habitation et le bouleversement de leurs moyens de subsistance occasionnant ainsi, des migrations susceptibles de provoquer des conflits et d'autre part l'économie du pays à travers les installations industrielles de premier plan, comme la Société ivoirienne de raffinage, l’aéroport international, les ports autonomes d'Abidjan et de San-Pedro ainsi que les installations hôtelières d'Abidjan, Grand-Bassam, Assinie et San Pedro.
Pour parvenir à l'objectif de gestion intégrée et durable du littoral dont le processus a démarré depuis 2011 à partir de la mise en place d'un plan d'action de protection du littoral puis d'une stratégie nationale de gestion de l'environnement côtier en 2014, la loi numéro 2017-378 du 2 juin 2017 portant aménagement protection et gestion intégrée du littoral apporte un cadre adapté à la planification ou la protection la gestion et les principes d'aménagement sont posés fortement.
Le ministère de l'Environnement du développement durable et la transition écologique a élaboré le Plan d'aménagement et de gestion du littoral (PAGIL) en concertation avec les collectivités littorales, le secteur privé et les organisations de la société civile. Le PAGIL dont la préparation a été appuyée par le projet WACA, est l'instrument technique et réglementaire de la planification physique intégrale dans la zone côtière qui apporte des réponses aux problèmes du genre identifiés tout en prenant en compte les problèmes futurs tels que ceux liés au changement climatique. En somme, ce plan reflète les préoccupations des différents partenaires des Directions nationales, les structures déconcentrées, le secteur privé, les ONG dont le concours et l’appui sont essentiels à sa mise en œuvre.
Pour sa mise en œuvre, le PAGIL a été approuvée par le gouvernement à travers le décret numéro 2023- 533 du 13 septembre 2023 portant approbation du Plan d'aménagement de gestion intégré du littoral. Ce plan a été soumis à une évaluation environnementale, sociale et stratégique qu'on appelle ES, comme le stipule les textes en vigueur. Cependant l'agence nationale de gestion intégrée du littoral, l'entité qui doit assurer la coordination de toutes les activités dans la zone côtière et veiller à une synergie des actions est en attente de création.
Tout en mesurant, tout l'effort que le ministre et son cabinet déploient pour parvenir à la mise en place de cette structure qui est beaucoup attendue par toutes les parties du littoral notamment le Réseau des communes du littoral (RECOL-CI) qui regroupe les 29 communes du littoral, à l'occasion de cette journée dédiée aux océans, le DG a appelé à une mise en œuvre du cadre institutionnel qui permettra à toutes les communes côtières d'être gérées de façon intégrée et de façon durable.
La pression des océans sur la côte occasionne les déplacements des braves populations et aggrave leur paupérisation. Selon la porte-parole de la convention de la société civile ivoirienne, De Laure Nesmonde Pié, cette réalité est d'autant plus inquiétante que le rapport de la Banque mondiale intitulé «Côte d'Ivoire rapport national sur le climat et le développement » datant du 2 novembre 2023, note que la dégradation des zones côtières, les inondations et la pollution affectent les moyens de subsistance de millions d'Ivoiriens et il souligne que ces impacts climatiques pourraient faire baisser le PIB à 13% d'ici 2050 et empêcher 1,63 million de personnes d’échapper à la pauvreté.
Tout en saluant, les efforts consentis par l'Etat de Côte d'Ivoire à travers des actions fortes du ministère de l'Environnement du développement durable et de la transition écologique, elle exhorte le Gouvernement à la signature du décret de création de l'Agence nationale de gestion intégrée du littoral (ANAGIL) tel que priorisé dans la feuille de route du ministère de tutelle pour l'année 2024 et ce conformément à l'article 37 de la loi 2017-378 du 2 juin 2017, relative à l'aménagement, à la protection et à la gestion intégrée du littoral.
Selon la porte-parole l'urgence de ce décret est d'autant plus importante que la principale mission de l'Agence est d'assurer l’exécution de la politique de l'État dans le domaine de l'aménagement, de la protection, de la mise en valeur de la gestion durable du littoral et du contrôle de la conformité des opérations menées sur cet espace.
Militant pour une gouvernance climatique inclusive, la convention de la société civile ivoirienne recommande que les représentants de la société civile et des communautés du littoral soient intégrés au sein du conseil de gestion, du conseil scientifique et dans les antennes régionales de l'ANAGIL. Selon la porte-parole, cette recommandation part du principe que les acteurs sociaux peuvent être pleinement associés à la conception, à la mise en œuvre et à l'évaluation des politiques publiques et ce, conformément à la vision stratégique PND 2021-2025, à travers le pilier 6 qui marque la volonté inédite du gouvernement de définir un cadre global de gouvernance qui préserve l'environnement, l'aménagement du territoire, et favorise la liberté d'entreprise et l'émulation de la créativité des citoyens.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire