Côte d'Ivoire : Dr Moussa Elias Farakan Diomandé, président de la CPU-PME.CI : « Le Président Ouattara fait une lecture tronquée de son secteur privé »
La Confédération Patronale Unique des Petites et Moyennes Entreprises de Côte d’Ivoire (CPU-PME.CI) a participé du 30 au 31 mai dernier, au Forum économique Côte d’Ivoire-Auvergne Rhône Alpes, en France. De retour en Côte d’Ivoire depuis quelques jours, le président de la CPU-PME.CI, dans une interview, est revenu sur ce Forum qui a mobilisé plusieurs entreprises dans le sud-est de la France.
Il s’est dans un premier temps, réjoui de l’accueil qui leur a été réservé, avant de décrire comment il a été charmé par le solide dispositif qui sous-tend les PME dans cette partie de la France.
« Dans la ferveur de l'Eros, les douces senteurs délicates, subtiles et le pittoresque des paysages de la région Auvergne Rhône Alpes, la délégation de la CPU-PME.CI a eu droit à un chaleureux accueil de la part de nos hôtes. Tout est y réuni pour l'accompagnement des PME, pour le développement de la région. Là-bas, la PME est créée avec un dispositif non-périssable, de régénération, de posture de restitution. J’ai particulièrement apprécié l’axe de circulation et de localisation du chemin des acteurs du secteur privé, des PME à l'ère de l'Intelligence Artificielle; l’habitat d'accompagnement des PME, vaisselle et banquets d'accompagnement innovant des PME dans leur développement. J’y ai constaté des filières stratégiques, l’apprentissage, et enfin la localisation cadastrale des concurrents, des niches d'opportunité et de développement. Mise en relation, informations économiques, et enfin sépultures rupestres et pariétales des savoir-faire. Le tout associé à des enjeux de souveraineté autour de Franchises players. L'argent public est mis à la disposition des entreprises, des PME françaises pour la gloire de la France et de l'Europe », a expliqué le président de la CPU-PME.CI
Pour lui, ce solide dispositif est palpable en termes d’infrastructures et de compétitivité affichée par les PME locales. « Les résultats de tout cela, vous avez 30 Gares TGV, 20 Aéroports, 120 destinations, 200 millions de consommateurs. 61000 sites industrielles, 600 laboratoires publics, des zones économiques spéciales, des secteurs d'excellence, une Industrie agro-alimentaire solide, des universités et centres de recherches orientés vers le développement local souverainiste ; le tout pour amplifier la performance des PME locales. Cerise sur le gâteau : un cadre de vie exceptionnel ! Des bateaux de croisières, le musée des confluents etc. Pour seulement 8 millions d'habitants ! Tout en somme y est réuni pour accompagner les PME, le secteur privé jusque dans l’au-delà », a-t-il décrit.
S’agissant de ce que pourrait gagner la Côte d’Ivoire et principalement les PME à l’issue d’un tel forum, Dr Diomandé Elias Farakhan Diomandé explique : « Nous pouvons gagner beaucoup si nous arrivons à comprendre que nous sommes capables de finalités plus importantes. Ce forum fournit à la détermination ce qui lui est assigné comme objectif. Pour la CPUPME.CI, la bonne réussite est de tomber sur un partenaire, un bon éducateur qui vous aide à développer harmonieusement vos capacités naturelles ; à élargir vos horizons. Ce forum économique a permis à la première Puissance patronale de Côte d’Ivoire, avec une âme joyeuse, de rencontrer les difficultés qu'elle doit surmonter. Nous les avons regardées avec le sourire aux lèvres. Nous ne les évitons pas ; n'en faisons pas une immensité en minimisant nos capacités. Et en justifiant nos larmoiements par "ou, si, lorsque". Cette exécration de la réussite n'est due qu'à nous-mêmes, à la faiblesse de notre capital humain, de notre tempérament. Tout simplement, parce que l’on veut réussir dans la vie sans frais, on invite les autres à venir faire nos routes, à assainir nos eaux, à venir planter le sorgho et récolter le mil pour nous. On attend que du ciel pleuve de l'or ou que la terre s'ouvre sur un trésor caché. Les difficultés de l'existence sont relatives, toute chose est très difficile chez une âme très petite. Enfin, la confiance en soi est une très grande vertu dont dépend tout succès dans la vie. Elle n'a rien à voir avec la fatuité ».
Profitant de cette interview, le président de la CPU-PME.CI ne s’est pas montré tendre envers le Ministère du Budget et des Finances et celui du Commerce et de l’Industrie qui selon lui, ne traiteraient pas les organisations des PME ivoiriennes de façon équitable en matière de financement. Une injustice que Dr Moussa Diomandé n’a pas voulu passer sous silence. « Nous ne recevons de financement de qui que ce soit. Les fruits de la TSE (Taxe Spéciale d’Equipement) sont la chasse gardée de la CGECI et consorts FIPME, MPME. Et ce dans l'illégalité totale. Nous avons adressé une correspondance à M. le Ministre du Budget et des Finances, afin que les fruits de la TSE bénéficient à tous. Nous en attendons toujours la réponse. Nous avons été invités à la rencontre des Patronats des pays francophones mais, faute de moyens, nous ne sommes pas partis. La CGECI grâce à l'argent de la TSE est partie et je vous passe les détails. Les contribuables, tôt ou tard, finiront par demander des comptes. Nous sommes allés à nos frais en Auvergne Rhône-Alpes, là où le ministère du commerce et de l'industrie, dans l'opacité totale, a sélectionné et a financé le déplacement de certaines associations de PME, des PME, des acteurs économiques. Nous exigeons du ministère de la transparence, de l'égalité et du respect. Qu'est-ce que ces acteurs ont-ils apporté au pays, à part faire des photos avec les ministres et se prendre en selfie dans les bâtiments publics français pour ensuite en bombarder les réseaux sociaux ? », a-t-il fulminé.
Des manquements qui attristent profondément le président du CPU-PME.CI. « Je suis inquiet pour le commerce extérieur de la Côte d’Ivoire où tous les indicateurs montrent que la balance commerciale moyenne est déficitaire et tombe de Charybde en Scylla », se désole-t-il.
Revenant au cours de cette interview sur la 5e Grande rencontre des PME sur le thème de l'intelligence artificielle organisé par la faitière du patronat qu’il préside, Dr Moussa Diomandé a montré l’importance l’importance que revêt aujourd’hui l’Intelligence artificielle pour les PME. « Je dirai qu'il faut faire en sorte que l'intelligence artificielle soit utile aux PME. Pour cela, elle doit être comprise et acceptée par tout le monde. La CPUPME sait qu'elle a le potentiel de transformer très vite et qualitativement l'économie de la Côte d’Ivoire en termes de PIB même si je n'aime cet indicateur. Pour y arriver, nous avons mis en place: un Hub IA, avec des Experts, des ateliers numériques pour l'accompagnement de nos PME et des personnes. Initier les professionnels aux outils d'ici 2025. Enfin, pour tirer parti de l'IA, il faut réfléchir très, très vite. Tester, apprendre, et mettre en place. Pour cela, il faut de l'argent. Avec une bonne gestion de la TSE, nous pouvons travailler sereinement sur ces projets. Moi, je suis gêné d'aller quémander de l'argent à des contribuables européens (GIZ, UE etc.). La Côte d'Ivoire a le potentiel humain (hackers) pour devenir le leader africain dans la pratique de l'IA », a-t-il indiqué.
Le président de la CPU-PME.CI s’est également prononcé sur la participation du président Ouattara au 1er sommet Corée-Afrique. Forum auquel a également pris part le secteur privé. « Je n'aime pas ce genre de sommet où plus de 45 chefs d'États africains se retrouvent face un seul chef d'État. Quelle image cela renvoie ? Les 92 accords et protocoles d'accords signés ne profiterons pas à nos États en réalité. Même les dettes contractées, elles seront récupérées par les Coréens par l'entremise de leur secteur privé, grâce aux mines, pétrole, et marchés publics financés par la BAD, le FMI, la Banque Mondiale et remboursées par le contribuable ivoirien et africain. Après la deuxième guerre mondiale, l'économie du Japon a été financée par la Banque Mondiale via les entreprises japonaises. Ici c'est le contraire. Aussi, c'est l'occasion de rappeler aux autorités que la Chambre de commerce et d’industrie ivoirienne et la CGECI ne parlent pas au nom de la CPUPME.CI et de l'ensemble du secteur privé ivoirien. Pour parler en notre nom, il aurait fallu que nous leur donnions mandat. La CGECI seule ne peut booster notre économie. Que représente aujourd'hui notre Chambre de commerce et d’industrie ? Je pense humblement que le Président Ouattara fait une lecture tronquée de son secteur privé. Cela expliquerait peut-être pourquoi rien n’est quasiment fait pour changer la donne. Or, une autre façon de faire s'impose aujourd’hui hic et nunc », a-t-il déclaré sans détour.
Wassimagnon
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