Côte d'Ivoire : Destruction des forêts classées, le cas de Badenou exploitée par une société minière remet en cause l'objectif visé par le Chef de L'Etat
(Ph d’illustration)
Pendant que le gouvernement ivoirien est résolument engagé à multiplier les initiatives pour éviter, réduire et inverser la dégradation des terres et atténuer les effets de la sécheresse pour un avenir prospère, une autre forme de destruction des forêts classées est constatée.
C’est l’exploitation par des sociétés minières de forêts classées, le cas de Badenou exploitée par la Société des Mines de Tongon SA, est l’exemple palpable de la volonté de certaines personnes moyennant de l’argent de faire disparaître cette forêt classée.
Comment comprendre qu’en Côte d’Ivoire, près de 60% des terres productives sont dégradées et le massif forestier est passé de 16 millions d’hectares en 1960 à 3 millions d’hectares en 2018, que des autorités puissent autoriser en Août 2023, une société à déboiser une partie de la forêt classée de Badenou.
A cette allure pourront-t-on atteindre l’objectif du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, visant une couverture forestière de 20% d’ici 2030 ?
Selon les informations en notre possession aujourd’hui il est constaté dans la forêt classée de Badenou , une mise à nu du sol et un déboisement total sur une superficie de 59,28 ha, la création de pistes de plusieurs kilomètres, d’un fossé de 5,5 ha devant servir à l’extraction de pierres et de sables , la présence sur le site de plusieurs machines et engins à savoir, des chargeuses-pelleteuses, dameuses, camions citernes, engin niveleur, des groupes électrogènes , projecteurs, motopompe etc...
A en croire nos sources, la Société des Mines de Tongon SA qui exploite une partie de la forêt classée de Badenou, après maintes démarches, aurait reçu l’autorisation de l’actuel Ministre des Eaux et Forêts, Laurent Tchagba. Vrai ou Faux ?
Et pourtant, les activités de la société est en violation flagrante des articles 113 du code minier et 45, 46 du code forestier ivoirien. Des actes qui causent des préjudices à la Société de Développement de Forêt (SODEFOR). Toutes nos tentatives pour avoir la réaction de la société d’Etat concernant cette affaire sont restées vaines.
Les objectifs de la REDD+ en Côte d’Ivoire à l’horizon 2030 sont: la réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts classées ; et reconquête des zones protégées; et la reconstitution du couvert forestier en introduisant l’arbre dans les paysages agricoles et ruraux.
Pour atteindre ces objectifs, huit (8) options ont retenues dont cinq (5) sectorielles (agriculture zéro-déforestation en partenariat public-privé, développement d’une stratégie énergie domestique durable avec valorisation de la biomasse agricole, gestion durable des forêts, conservation des aires protégées et des forêts sacrées, boisement, reboisement, restauration des forêts et des terres dégradées, exploitation minière respectueuse de l’environnement); trois (3) transversales que (mise en place d’un système d’incitation de type paiement pour services environnementaux (PSE), aménagement du territoire et sécurisation foncière, planification nationale et reformes structurales pour la transition vers une économie verte).
La Côte d’Ivoire atteindra-t-elle ses objectifs si l’on continue d’accorder des autorisations aux sociétés minières à exploiter les forêts classées ?
Depuis le début de l'année 2024, de nombreuses populations ont emboîté le pas cette société minière en y pratiquant de l'orpaillage clandestin.
Elles disent désormais que « devant le mutisme des autorités face aux activités de la société minière, tout le monde peut désormais y faire ce qu'il veut. »
Il est donc grand temps que le président de la République, Alassane Ouattara, se saisisse de ce dossier afin de mettre fin à la destruction de la forêt classée de Badenou.
Affaire à suivre...
Donatien Kautcha, Abidjan
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