Cameroun : Le parlement en pleine ébullition alors que se profile l'élection présidentielle
Le Cameroun entre dans une période cruciale à 15 mois de l’élection présidentielle de 2025. Ce mardi 11 juin 2024, les présidents du sénat et de l’assemblée nationale ont présidé les cérémonies d’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année législative en cours. Marcel Niat Njifenji, président du sénat, et Cavaye Yeguié Djibril, à la tête de l’assemblée nationale, ont profité de cette occasion pour aborder des sujets brûlants qui secouent la nation.
Le sénat face à des accusations de détournement de fonds
La session du sénat a été particulièrement marquée par des soupçons de détournement de fonds. Le secrétaire général adjoint du sénat est accusé d’avoir détourné 3 milliards fcfa, ce qui a jeté une ombre sur l’intégrité de l’institution. Dans son discours, Marcel Niat Njifenji a tenté de rassurer les sénateurs et l’opinion publique : « je tenais à faire ce discours pour dire que je suis là. Des choses se disent, mais je suis toujours là. Je voudrais rassurer les sénateurs que les valeurs morales et l’éthique seront préservées. La maladie passera mais le Cameroun restera», a-t-il affirmé.
Le président du sénat a ainsi voulu réaffirmer son engagement envers les principes d’éthique et de morale, malgré les turbulences. Cette prise de position intervient dans un contexte de méfiance croissante envers les institutions publiques, exacerbé par les scandales financiers.
Assemblée nationale, un appel à la vigilance et à l’unité
À l’assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril a adopté un ton résolument ferme. Il a dénoncé les « hiboux de mauvais augure » et les discours de haine proliférant sur les réseaux sociaux camerounais. Ces propos font écho à la montée inquiétante des tensions politiques et sociales dans le pays, à mesure que l’échéance électorale approche.
Le président de l’Assemblée nationale a salué l’organisation réussie de la 30e conférence régionale zone Afrique, de l’assemblée parlementaire de la francophonie, tenue du 28 au 30 mai 2024 à Yaoundé. Cet événement a démontré, selon lui, la capacité du Cameroun à maintenir un haut niveau de coopération internationale et de stabilité institutionnelle. «Nous devons rester vigilants et unis. Ceux qui promettent le chaos au Cameroun ne réussiront pas. Notre pays est fort et saura surmonter les épreuves », a-t-il déclaré.
Ces discours interviennent dans une période de transition délicate pour le Cameroun, où les défis internes sont nombreux et variés. La 52e édition de la fête nationale de l’unité, célébrée le 20 mai dernier, a été une occasion pour le président Paul Biya de réaffirmer l’unité et la solidarité nationales, malgré les divisions croissantes.
Un contexte politique et social en mutation
Le Cameroun se trouve à un tournant critique de son histoire. La prochaine élection présidentielle représente une opportunité de renouvellement et de consolidation démocratique, mais aussi un moment potentiellement déstabilisateur si les tensions ne sont pas correctement gérées. Les discours de haine et les scandales de corruption sapent la confiance du public envers les institutions et exacerbent les divisions sociales.
La condamnation des discours de haine par les présidents des deux chambres législatives est un rappel nécessaire de l’importance de la cohésion sociale et de l’éthique politique. Cependant, la lutte contre la corruption et la transparence institutionnelle restent des défis majeurs. Le scandale financier au sénat montre que le chemin vers une gouvernance exemplaire est encore long.
Pour les camerounais, il est essentiel de demeurer attentifs aux développements politiques et d’exiger des comptes de leurs dirigeants. La participation active de la société civile, des médias et des organisations non gouvernementales sera cruciale pour garantir des élections libres et équitables en 2025.
Le rôle des réseaux sociaux, bien que souvent critiqué pour la propagation de discours de haine, ne doit pas être sous-estimé dans la mobilisation citoyenne et la sensibilisation aux enjeux électoraux. Il est impératif que les plateformes en ligne soient utilisées de manière responsable pour promouvoir un débat public constructif et inclusif.
Entre espoir et vigilance
À un an de l’élection présidentielle, le Cameroun est à la croisée des chemins. Les cérémonies d’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année législative ont mis en lumière les défis et les aspirations du pays. Les prises de position des présidents du sénat et de l’assemblée nationale reflètent une volonté de maintenir l’ordre et la stabilité, malgré les scandales et les tensions.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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