Cameroun : Crise anglophone, le curieux silence de la communauté Internationale
Depuis plusieurs années, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont en proie à une crise humanitaire et sécuritaire d'une ampleur alarmante. Cette situation, marquée par des violences armées entre les forces gouvernementales et les séparatistes anglophones, a conduit à des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés internes et externes. Cependant, malgré la gravité des événements, la communauté internationale semble garder un silence inexplicable et troublant.
Une crise humanitaire et sécuritaire
La crise anglophone, qui a débuté en 2016 avec les manifestations des anglophones contre leur marginalisation perçue, s'est rapidement transformée en un conflit armé. Les groupes séparatistes ont pris les armes pour réclamer l'indépendance des régions anglophones, proclamant un nouvel État appelé l'Ambazonie. En réponse, le gouvernement camerounais a lancé des opérations militaires pour réprimer ces mouvements.
Les conséquences de ce conflit sont dévastatrices. Selon les chiffres révélés par l'ONG norvégienne Norwegian Refugee Council (NRC), le Cameroun est le deuxième pays le plus négligé au monde en termes de réponse internationale à une crise. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, cherchant refuge dans les forêts ou se dirigeant vers d'autres régions plus sûres. Beaucoup ont également traversé les frontières pour se réfugier au Nigeria voisin.
Les civils, pris entre deux feux, subissent des violations des droits de l'homme de part et d'autre. Les rapports font état d'exécutions extrajudiciaires, de destructions de villages, de viols et d'enlèvements. Les infrastructures de base comme les écoles et les hôpitaux ont été gravement affectées, rendant l'accès à l'éducation et aux soins de santé extrêmement difficile.
Un désintérêt mondial inquiétant
Malgré l'ampleur de cette tragédie, la crise au Cameroun reste largement ignorée par la communauté internationale. Le silence des grandes puissances et des organisations internationales contraste fortement avec leur réaction à d'autres crises similaires à travers le monde. Ce manque d'attention et de soutien humanitaire exacerbe la souffrance des populations touchées.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce désintérêt. Premièrement, le Cameroun, bien que stratégique en Afrique centrale, n'attire pas autant l'attention médiatique que d'autres zones de conflit plus médiatisées comme le Moyen-Orient ou l'Ukraine. Deuxièmement, le conflit ne présente pas d'enjeux géopolitiques majeurs pour les grandes puissances, ce qui limite leur engagement. Enfin, le gouvernement camerounais, en contrôlant strictement l'information et en limitant l'accès des journalistes et des organisations humanitaires aux zones de conflit, contribue à maintenir la crise dans l'ombre.
Appel à la réaction internationale
Le silence de la communauté internationale est non seulement une négligence, mais aussi une complicité tacite dans la souffrance de millions de personnes. Il est impératif que les Nations Unies, les grandes puissances et les organisations humanitaires prennent des mesures urgentes pour mettre fin à cette crise.
Les premières étapes pourraient inclure la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour le Cameroun, l'organisation de négociations de paix inclusives, et l'augmentation significative de l'aide humanitaire pour les populations affectées. De plus, une pression diplomatique accrue sur le gouvernement camerounais et les groupes séparatistes est nécessaire pour les amener à la table des négociations et respecter les droits de l'homme.
Enfin, la crise au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du Cameroun est une tragédie humaine qui nécessite une attention et une action immédiate de la part de la communauté internationale. Le silence actuel est non seulement injustifiable mais aussi dangereux, car il permet la perpétuation de violences qui pourraient être stoppées par une intervention appropriée. Il est temps pour le monde de briser ce silence.
Selon l’ONU, au moins 3000 personnes ont perdu la vie dans cette crise et plus 700 mille sont déplacées de leurs villages.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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