Côte d'Ivoire : Autosuffisance en riz, 1,3 millions de tonnes produits en 2023 pour des besoins estimés à 2,1 millions de tonnes, soit un gap de 800 mille tonnes à couvrir
En Côte d’Ivoire, pour couvrir les besoins des populations en riz, l’Etat débourse chaque année entre 400 et 450 milliards de fcfa, pour importer cette denrée essentielle à l’alimentation. Et pourtant, la nature a doté ce pays des conditions idoines pour la pratique de la riziculture. Toutefois, malgré tous ses atouts, la Côte d’Ivoire peine à être autosuffisante en riz. Pour éclairer la lanterne des Ivoiriens sur cette problématique, le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG), dans le cadre de sa rencontre hebdomadaire dénommée « Tout Savoir Sur… », a convié, ce mardi 28 mai 2024 à sa tribune, Yacouba Dembélé, Directeur général de l’Agence pour le développement de la filière riz en Côte d’Ivoire (Aderiz).
De prime à bord, le D.G de l’Aderiz a fait savoir que la Côte d’Ivoire, n’est pas la seule nation africaine à faire face à la situation de déficit en riz. « Ce n’est pas seulement la Côte d’Ivoire qui est confrontée à cette situation, c’est la plupart des pays africains. Nous sommes tous importateur net de riz », a-t-il dit.
A l’en croire, dans le monde entier, « ce sont environ 650 millions de tonnes de riz qui sont produites. Cependant, il n’y a que 35 millions de tonnes qui font l’objet de transaction, c’est-à-dire, que c’est cette petite partie qui approvisionne les pays importateurs comme la Côte d’Ivoire. De fait, en cas de problème, si ces pays producteurs décident de ne plus mettre sur le marché ces 35 millions de tonnes, les pays importateurs auront des problèmes pour s’approvisionner. Et c’est ce qui s’est passé il y a six mois avec l’Inde qui a décidé de ne plus exporter son riz. On a vu ce que cela a créé comme problèmes à nos nations. Nous sommes tous en situation de risque vu que nos populations consomment majoritairement du riz. C’est donc un challenge pour tous les pays d’arriver à l’autosuffisance en riz, pour garantir la souveraineté alimentaire », a expliqué Yacouba Dembélé.
Poursuivant, l’expert agronome a indiqué que pour être autosuffisant, il y a un certain nombre de préalables que tout pays qui aspire à cet idéal doit remplir. « Il y a cinq éléments majeurs qui entrent en ligne de compte. S’il y a un seul qui manque, tout le processus s’arrête. Le premier élément, c’est la maitrise de l’eau. Cet aspect est important, car il permet de ne pas dépendre de la pluie. Il faut avoir des superficies importantes en maitrise de l’eau, c’est-à-dire avoir des superficies irriguées qui peuvent permettre de produire du riz deux fois dans l’année. En outre, il faut avoir des semences de qualité et en quantité. Ensuite, il faut des usines pour décortiquer le paddy produit par les paysans. A cela s’ajoute le système de distribution pour que ceux qui veulent le riz local puissent être approvisionnés sur l’ensemble du territoire. Enfin, il faut que les paysans à travers des systèmes de crédits agricoles, puissent avoir les intrants pour produire, c’est-à-dire, les engrais, les herbicides, le système de mécanisation pour avoir de grands rendements. Ce sont les fondamentaux et aucun des pays africains n’arrive encore à remplir ces fondamentaux », a-t-il poursuivi.
S’agissant du cas spécifique de la Côte d’Ivoire, le D.G de l’Aderiz a passé en revue les difficultés qui empêchent la Côte d’Ivoire depuis lors, de tendre vers l’autosuffisance en riz. « Sur le plan de l’aménagement pour la maitrise de l’eau, nous avons un potentiel d’environ 300.000 hectares. Toutefois, nous n’avons que 55.000 hectares irrigués, c’est-à-dire, les baffons sur lesquels on peut produire du riz à deux cycles. Le reste, c’est sur les plateaux, c’est-à-dire le riz pluvial qui nécessite donc de la pluie. Ensuite, nous n’avions qu’un seul centre de production de semence qui se trouve à Yamoussoukro. La troisième chose, c’était au niveau des usines qui n’étaient pas assez performantes pour mettre à la disposition des populations du riz local de qualité. Enfin, les producteurs avaient des problèmes pour avoir les engrais et les herbicides », a déroulé l’invité du CICG.
Selon lui, cette situation depuis quelques années, s’est nettement améliorée grâce à des programmes successifs mis en place par l’Etat de Côte d’Ivoire depuis 2012. « Aujourd’hui, pour un potentiel de 300.000 hectares, nous sommes sur le point d’aménager environ 100.000 hectares. Ensuite, au niveau de la semence, nous sommes passés d’un centre à sept centres de productions de semences à travers la Côte d’Ivoire, avec quatre laboratoires de certification. De plus pour la transformation, l’Etat a pu acquérir environ 63 usines d’une capacité de 10.000 tonnes par an ; puis de 25.000 tonnes par an. Nous avons un programme de 30 usines à construire, nous avons achevé la construction de 20, avec l’appui du secteur privé. Aussi, nous avons pu acquérir près de 3 milliards d’engins pour la mécanisation et des jeunes gens ont été formés pour la prestation de service avec ces engins. Cela, nous a permis de passer de 4% de mécanisation à 18% de mécanisation. Là où nous buttons c’est le financement », a-t-il détaillé.
Ces avancées d’après le conférencier, a permis à la Côte d’Ivoire de produire en 2023, 1,300.000 tonnes de riz pour un besoin qui se chiffre à environ 2,100.000 tonnes, soit un gap de 800.000 tonnes à couvrir. « En principe, les importations devraient se limiter à 800.000 voire 900.000 tonnes, mais elles se situent entre 1,300.000 tonnes et 1,500.000 tonnes, pour la simple raison que les importateurs n’obéissent pas à une consigne d’importation par rapport à un déficit. Ils travaillent en fonction de leur politique commerciale » ; a-t-il révélé.
A en croire le D.G de l’Aderiz, le riz produit par la Côte d’Ivoire, varie entre 400 et 650 Fcfa le Kg et il est d’une très bonne qualité. Aussi, pour que la Côte d’Ivoire soit autosuffisante en riz conformément aux conditions fondamentales à remplir, comme énoncées plus haut, il lui faut au moins 450 milliards de fcfa. Selon Yacouba Dembélé, la Côte d’Ivoire en ce moment produit 55% de ses besoins en riz. « L’Etat va continuer à faire des efforts pour que les années à venir, notre pays soit autosuffisant en riz, car le riz importé n’est pas forcement de bonne qualité », a-t-il promis.
Wassimagnon
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