Cameroun : Senat, plusieurs milliards FCFA détournés dans la caisse de l'institution
Bernard Wongolo (Ph)
Forte odeur de détournements de fond au Sénat camerounais. Un audit piloté par le premier vice-président révèle un détournement de plusieurs milliards FCFA. Dans le viseur, Bernard Wongolo, 70 ans administrateur civil principal, secrétaire général adjoint du Sénat.
En l’absence de Michel Meva’a M’eboutou le SG titulaire du Senat, indisponible pour des raisons de santé, Wongolo natif de Yokadouma à l’Est du Cameroun, assurait l’intérim de la gestion administrative de l’institution. Ce dernier est accusé d’avoir détourné plusieurs milliards FCFA.
Un trou d’1 milliard FCFA a été constaté par la commission d’enquête parlementaire présidée par Aboubakary Abdoulaye lamido de Rey Bouba (Nord) et 1er vice-président du Senat.
Les enquêteurs n’ont pas trouvé les traces d’un autre milliard FCFA ce qui porte à 2 milliards FCFA, le montant total des fonds disparus.
Les bureaux de Wongolo et de l’agent comptable ont été scellés. Wongolo a été démis de ses fonctions et exclu du sénat. Des membres de son entourage ont été placés en garde à vue. Ceux-ci dénoncent une cabale.
Problème endémique
Au Cameroun, les détournements de fonds publics sont devenus un problème endémique, exacerbés par une gouvernance inefficace. Les fonds destinés au développement et aux services publics sont fréquemment siphonnés par des fonctionnaires et des responsables politiques corrompus. Ce phénomène persiste malgré les nombreuses déclarations publiques et les promesses de réformes.
Mal gouvernance
Principal vecteur de l’exacerbation des détournements de fonds publics, la mal gouvernance systémique qui se manifeste par la corruption omniprésente à tous les niveaux de l'administration publique. Les fonctionnaires utilisent leur position pour s’enrichir illégalement au détriment du bien public.
Par ailleurs, les procédures de gestion des finances publiques manquent de transparence, rendant difficile le suivi et le contrôle des dépenses publiques.
Les mécanismes de contrôle et de reddition de comptes sont souvent inopérants ou inexistants, permettant aux malversations de passer inaperçues ou d'être impunies.
Responsabilité et poursuites judiciaires
Malgré les discours officiels et les déclarations d'intention de lutter contre la corruption, les responsables de détournements de fonds publics sont rarement poursuivis en justice.
Influence politique
Les auteurs de détournements sont souvent des personnalités influentes protégées par leurs réseaux politiques et économiques. Le système judiciaire, souvent sous-financé et sujet à des pressions politiques, manque de l'indépendance nécessaire pour traiter efficacement les cas de corruption.
Enfin, les enquêtes sur les détournements de fonds sont souvent superficielles ou biaisées, ne menant que rarement à des inculpations ou à des condamnations.
Les autorités camerounaises ont, à plusieurs reprises, exprimé leur volonté de lutter contre la corruption et les détournements de fonds. Cependant, ces déclarations sont souvent perçues comme des opérations de communication sans réel suivi. Les campagnes anti-corruption lancées par le gouvernement manquent de cohérence et de continuité, ce qui réduit leur efficacité.
La lutte contre les détournements de fonds publics au Cameroun nécessite une volonté politique forte, des réformes institutionnelles profondes et une mobilisation citoyenne accrue. Sans ces éléments, les déclarations publiques et les bonnes intentions resteront insuffisantes pour endiguer ce fléau qui compromet le développement du pays et le bien-être de sa population.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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