L'émotion ! Oui l'émotion! il y en a eu ce vendredi, 24 mai à l'hémicycle, lors de la cérémonie d'hommage des députés à feu Henri Konan Bédié, celui là même qui a dirigé cette institution pendant douze années, avant de devenir le président de la Côte d'Ivoire en 1993. 

Comme une seule et unique entité, les députés ivoiriens, tous vêtus de noir, ont salué la mémoire d'un "grand homme d'État", Henri Konan Bédié, ex parlementaire et ex-président de l'Assemblée nationale. Ils étaient tous là pour dire leurs adieux au "président" de cette institution de décembre 1981 à décembre 1993, cet après-midi du 24 mai 2024 sur le parvis de l'hémicycle. 

Par tour de parole, les groupes parlementaires et de façon unanime ont rappelé les qualités d'un humaniste homme d'État dont les actions ne sauraient rester sous silence.

"Le président Henri Konan Bédié est un patriote, un nationaliste. Il a conduit les parlementaires dans l'union, la discipline et le travail. C'était un homme d'action. Sous sa gouvernance, les parlementaires formaient une équipe solidaire dont la nation était fière. C'était un démocrate!, j'ai eu l'honneur d'être la collègue du président Henri Konan Bédié pendant 13 ans. Je souhaite qu'on retienne de lui un homme de paix, un homme de devoir, surtout un bâtisseur. J'invite les députés à être des agents de développement comme, il nous a toujours enseignés durant sa mandature à l'ANCI", a témoigné Assana Sangaré, ex-député et ex vice-présidente de l'Assemblée Nationale sous la présidence du défunt.

Pour le groupe parlementaire PPA-CI de Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire perd ainsi un "homme d'envergure exceptionnelle". 

"Nous députés de la législature 2021-2025 sommes réunis dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale non pas pour examiner un texte de loi mais plutôt pour pleurer un législateur, pour rendre hommage à un grand homme d'État, un homme d'une envergure exceptionnelle. Notre pays est en deuil depuis le 1er août 2023. Un baobab de la Côte d'Ivoire est tombé. Le président Henri Konan Bédié nous a quittés", regrette Hubert Oulaye, président du groupe parlementaire PPA-CI qui se saisit de cette tribune pour un hommage appuyé au disparu.

"Le groupe parlementaire PPA du président Laurent Gbagbo voudrait saisir l'occasion de la présente cérémonie d'hommage pour saluer, avec déférence, la mémoire de l'illustre disparu et rendre un hommage appuyé à ce grand serviteur de l'État. Cet homme qui a combattu le bon combat et qui nous quitte à jamais. 

Pour le PPA-CI, trois moments forts des relations à retenir entre son leader Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié dans l'animation de la vie politique au cours des 30 dernières années. 

"En 1990, le président Laurent Gbagbo et 8 de ses camarades faisaient leur entrée pour la première fois à l'Assemblée Nationale, élus sous la bannière du front populaire ivoirien. A 9 députés, il leur était impossible de se constituer un groupe parlementaire. En effet, à cette époque, les dispositions du règlement de l'Assemblée Nationale imposaient de réunir au minimum 10 députés pour former un groupe parlementaire. Le président Henri Konan Bédié, alors président de l'Assemblée Nationale autorisera la révision du règlement pour ramener ce nombre à 8, afin de permettre au front populaire ivoirien d'avoir son groupe parlementaire", relève Hubert Oulaye le sens élevé de démocrate qu'a le disparu. 

Sous la présidence du président Bédié, souligne Hubert Oulaye, des discussions ont débouché sur des acquis indéniables pour l'avancée de la démocratie en Côte d'Ivoire. Le vote à 18 ans, les urnes transparentes, les procès verbaux multiples, l'égalité des candidats en terme de temps de passage à la télévision mais surtout la visite effectuée par le couple Bédié à Bruxelles lors de la détention de Laurent Gbagbo à la CPI sont là les moments forts des relations entre les deux hommes et qui ont marqué l'entourage de Laurent Gbagbo. 

Reprenant la citation de l'illustre disparu, le président de l'Assemblée Nationale, Adama Bictogo invite ses collègues à la prière pour le repos de son âme.

"Je voudrais alors rester réserver. Comme il le dit souvent, les grandes douleurs sont muettes et ma douleur est tellement forte que celle des Ivoiriens, de l'institution que le mutisme aujourd'hui a toute sa place.

Ma douleur est tellement forte que je suis sans voix. Il n'y a que les prières qui pourront accompagner le président Bédié. J'invite donc l'ensemble des députés à prier pour le repos de son âme", a simplement exhorté le président du parlement ivoirien, invitant les élus a salué le disparu par des applaudissements nourris pour lui dire adieux.

Au nom de la famille, Roger Koizan remerciant le parlement ivoirien pour cet homme rendu à son beau-frère, fait remarquer que le président du PDCI-RDA, au regard de ce qu'il a été pour la République.

"À cet instant précis, il me plaît de penser à l'homme politique cubain, fondateur de parti de la révolution de Cuba qui disait et je cite : "la mort est une victoire. Quand on a bien vécu, le cercueil est un char de triomphe". A ce stade de mon propos, je voudrais dire haut et fort que le président Henri Konan Bédié a bien vécu et ce cercueil qui est là, qui se tient sous nos yeux est un char de triomphe", a-t-il conclu.

Wassimagnon