Côte d'Ivoire: Retrait du Burkina-Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, les activités du Port Autonome d'Abidjan chutent de 6%
Le Centre d'Etude Prospective (CEP), une initiative dédiée à la promotion des politiques de développement durable en Afrique, a organisé, vendredi 12 avril 2024 dans un hôtel à Abidjan-Plateau, la cinquième édition du "Club Prospective CEP". Ce rendez-vous qui se veut un espace privilégié de rencontres professionnelles, de dialogues politiques et d'échanges constructifs sur divers sujets d'actualité et de tendances futures, a eu pour thème " Retrait du Mali du Burkina-Faso et du Niger de la CEDEAO: quelles conséquences politiques, économiques et humanitaires pour les Etats de l'AES et de la CEDEAO ?".
L'événement qui a vu la présence du ministre Sidi Tiémoko Touré, PCA du CEP, de la représentante résidente de la CEDEAO en Côte d'Ivoire, Fanta Cissé, de la représente de l'UA, et de plusieurs partis politiques du pays, a été l'occasion pour les panelistes, en l'occurrence Dr Sylvain N'guessan, expert en géopolitique et directeur de l'institut de stratégie d'Abidjan et le Professeur Lambert Ngaladjo Bamba, expert économiste, d'expliquer à l'assistance, les enjeux du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO.
L'honneur est revenu au Dr Sylvain N'guessan d'exposer sur le sous-thème 1 qui tablait sur " les enjeux géopolitiques, économiques et sécuritaires du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO pour les Etats de l'AES et de la CEDEAO ". L'expert en géopolitique s'est montré très peu emballé par l'initiative des trois pays de l'AES, car selon lui, la Russie et la Chine, deux pays du BRCS sur lesquels veulent s'appuyer désormais l'AES, ont des approches différentes en termes de leadership. " La question qui se pose, c'est le type de leadership qui va conduire cette initiative. Car, là où la Russie a tendance à mettre au devant le hard power, la Chine elle y va avec le soft power. Quel sera le leadership qui va prévaloir alors dans l'AES ?", s'est-il interrogé.
Pour lui, le même problème de leadership risque de se poser au sein de l'AES elle-même,, puisqu'entre Ouagadougou, Bamako et Niamey, la question du leadership n'est pas encore élucidée selon lui. " Est-ce qu'on va aller jusqu'à la suppression interne des frontières quand on sait que les échanges entre les trois pays sont assez limités ? Ces trois pays produisent sensiblement la même chose, et donc il est difficile d'imaginer un repli sur eux en terme de géopolitique et d'essayer de survivre avec. Ce sont autant de questions qu'on se pose si on y ajoute la question sécuritaire", a expliqué le paneliste.
Il a fait savoir que sur le plan sécuritaire, les enjeux au niveau de ces trois pays sont différents. " Le Burkina-Faso c'est 274000 km2, le Mali c'est environ 1.243.000 km2 et le Niger 1. 267.000 km2. Du coup , les enjeux sécuritaires ne sont pas les mêmes", a-t-il indiqué.
Sur le plan économique, il a estimé qu'il y a une nouvelle cartographie commerciale qui se met en place avec Lomé qui est devenu le port privilégié de l'AES. " Le port de Lomé doit 90% de ses transactions à l'AES, dont 80% pour le Burkina Faso, 3% pour le Mali et environ 7% pour le Niger. Le port d'Abidjan a donc été délaissé en témoigne les chiffres avancés par le DG du port qui parlent d'une chute de 6% dans les transactions avec les pays de l'AES. A côté de cela il y a le lobbying de Rabat de Tripoli, de Nouakchott et de Conakry envers ces pays sahéliens pour faire perdre le marché de ces pays à la Côte d'Ivoire" a-t-il poursuivi.
Dr Sylvain N'guessan a également abordé les enjeux énergétiques de ce retrait qui, pense-t-il aura des incidences sur beaucoup de projets dans la région. " Le Nigeria fournissait 70% de l'électricité au Niger, cela fait un manque à gagner pour ce pays. Il y a le projet du Corridor Dakar-Lagos, le projet ferroviaire et les grandes routes transafricaines qui sont des projets de la CEDEAO. Dès lors que ces pays sortent de la CEDEAO, la faisabilité de ces projets devient problématique sur ces territoires", a élucidé le paneliste.
Sur le plan humanitaire, l'expert en géopolitique dit ne pas se faire de souci pour les réfugiés Burkinabé du nord-est de la Côte d'Ivoire vu l'hospitalité légendaire de ce pays. " Ce serait vraiment catastrophique de voir ces réfugiés du jour au lendemain être priés de rentrer chez eux, alors qu'ils ont fuit la guerre dans leur pays", estime-t-il.
Dr Sylvain N'guessan s'est dit convaincu que ce que gagne l'AES dans sa décision de se retirer de la CEDEAO , c'est sa mise à l'abri de l'institution sous-régionale pour avoir une transition sans pression. " La stratégie, c'est de se mettre à l'abri de la pression de la CEDEAO. Pour preuve, le Mali vient de finir sa période de transition depuis le 20 mars dernier, mais il y a aucun calendrier pour les élections. D'ailleurs, les manifestations politiques viennent d'être interdites. La CEDEAO ne peut plus intervenir, c'est une affaire interne", a-t-il dit. Pour lui, il est évident que la CEDEAO ne gagne rien dans ce retrait des pays de l'AES.
Sur le sous-thème 2 à savoir " les défis et perspectives économiques pour la Côte d'Ivoire sans le Mali, le Burkina-Faso et le Niger dans l'espace CEDEAO,", Professeur Lambert Ngaladjo Bamba est parti de ce que représente ces trois pays en terme de superficie dans l'espace CEDEAO. Il ressort de ses informations que ces trois pays font 54% de la superficie de la CEDEAO. En termes de populations, en 2022, ils étaient à 71, 5 millions d'habitants. Ce qui représente 16, 9% de la population.
Sur la richesse économique par rapport à l'ensemble de la CEDEAO, les trois pays de l'AES pèsent à peine 7%. " En Côte d'Ivoire, le citoyen moyen en 2022 a créé comme richesse, a peu près 4500 fcfa par jour. Au Burkina-Faso le citoyen moyen en 2022 a créé comme richesse par jour 1400 fcfa. Il en est de même pour le Mali. Mais pour le citoyen moyen au Niger, c'est 925 fcfa. L'écart comme on le voit par rapport aux pays de l'AES est important. Par ailleurs, ces trois économies sont fortement dépendantes de l'extérieur, puisque le Burkina c'est 55% de richesse liée au commerce international, le Mali 50.2% et le Niger 27%. De fait s'ils se ferment à l'extérieur ils vont tuer leur économie", expliqué l'économiste.
Ces trois pays a reconnu le paneliste, sur la base des données économiques, représentent un marché important, pour la Côte d'Ivoire, tout comme ce pays est aussi essentiel pour leurs différents marchés économiques . " Dans tous les cas notre économie a les moyens d'y faire face. Elle a des capacités de résilience. Tout compte fait, il y a de l'espoir que la sagesse puisse gagner tout le monde et que nous puissions rester en famille, car on est interdépendants", a conclu le Professeur Lambert Ngaladjo Bamba.
Le ministre Sidi Touré s'est dit très satisfait de l'engouement suscité autour de ce thème et a indiqué que le Club Prospective du CEP " est désormais un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui sont engagés dans la réflexion prospective".
Partenaire privilégié du CEP, la Fondation Friedrich Naumann était présente à cette cinquième édition du Club Prospective CEP à travers son chef de Bureau, Magloire N'Déhi.
Wassimagnon
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Du n'importe quoi !.. ce ne sont pas les transactions aux Port Autonome d'Abidjan qui ont chuté de 6% mais les transactions de ces 2 pays Mali, Burkina et Niger qui, comme l'a communiqué la direction de Communication du PAA, que 8,5% des transactions totales du PAA !. Dan le même temps, les activités liées au transactions internes en Côte d'Ivoire ont progressé de 8% !.. Autrement dit, ces 3 pays Mali, Burkina et Niger ne représentent rien pour le PAA !..
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