Togo : Législatives 2024, griefs de l'opposition contre la répartition des 113 sièges et la caution
Siège de la CENI à Lomé (ph)
Les dispositions énoncées pour la tenue et la participation des candidats aux prochaines élections 2024 au Togo surtout les législatives font retentir des partis de l’opposition qui mettent à jour leurs griefs.
Les partis de l’opposition togolaise tels que l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), le Comité d'Action pour le Renouveau (CAR), la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) se sont prononcés sur le chronogramme qui a été rendu public par le gouvernement mais surtout la répartition des 113 sièges à l’Assemblée nationale.
Répartition des 113 sièges décriée
Dans sa sortie en date du 10 février à Lomé, l’ANC de Jean-Pierre Fabre a fait état des dysfonctionnements délibérément orchestrés par le pouvoir « pour perpétuer sa tradition malsaine d’organisation d’élection truquées, sans aucune considération pour le peuple togolais souverain, sans aucun égard pour la Constitution et les lois de la République qui sont outrageusement foulées au pied ».
Tout en revenant sur les travers du dernier recensement électoral qui ne saurait constituer un fichier électoral fiable, l’ANC dit exprimer « son désaccord total avec ce nouveau découpage gouvernemental pour les élections législatives et rejette avec force tout découpage électoral établi en violation de la Constitution et du Code électoral en vigueur ».
Dans l’espoir qu’une correction soit apportée au processus électoral enclenché, le parti orange appelle au bon sens et à l’esprit républicain du gouvernement et de toute la classe politique togolaise afin d’œuvrer à un découpage électoral conforme à la Constitution et au Code Électoral, pour régler une bonne fois, le problème de l’inégalité du poids électoral ou du quotient de représentativité des députés à l’Assemblée nationale.
D’un parti à un autre, la branche officielle du CAR a exprimé le samedi 11 février dernier à Lomé son mécontentement face aux conditions d'organisation des élections législatives et régionales du 13 avril 2024 et regrette que le gouvernement ait ignoré les appels répétés de la classe politique à des discussions approfondies sur les modalités de ces élections, préférant avancer avec son agenda unitaire.
En dénonçant le chronogramme qui a été communiqué au peuple, le CAR a regretté que les préoccupations de l’opposition ne sont pas prises en compte par le gouvernement, notamment celles concernant le découpage électoral, la délimitation des préfectures, l'intégration des électeurs exclus lors du recensement, le renouvellement de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
Le parti de feu Me Agboyibor déplore la démarche unilatérale des autorités qui met en péril la cohésion sociale dans un contexte régional déjà instable.
Pour sa part la DMP, qui est un regroupement de partis politique, a déclaré dans une note rendue publique le 11 février 2024 à Lomé par la Conférence des présidents qu’« au sujet du découpage électoral, la DMP constate avec amertume que le régime continue de rester sourd aux appels unanimes à un découpage qui respecte l’égalité entre les togolais et justifie les injustices criards du nouveau découpage par des considérations qui sont loin d’être convaincantes.
Dans une analyse synoptique de la répartition des sièges des députés par préfecture, par région et par population, le parti ADDI a déduit que la préfecture de Blitta a 04 sièges de députés avec 163.272 habitants, alors que plusieurs préfectures comptant plus de 200.000 habitants se retrouvent avec 03 sièges.
L’ADDI a ajouté que la préfecture de Tône avec 338.775 habitants se retrouve aussi avec 04 sièges de députés ainsi que la préfecture de Zio avec 500.032 habitants se voit attribuer également 04 sièges.
Ce qui signifie selon ce parti que :
1 siège de député à Blitta = 40.818 hbts
1 siège de député à Tône = 84.693 hbts
1 siège de député à ZIO = 125.008 hbts
Griefs contre la caution
S’agissant de la fixation du montant de la caution à 500 000 F Cfa pour les élections législatives et 200 000 F Cfa pour les élections régionales, la DMP rappelle que lors des élections législatives de 2013, la caution demandée aux candidats était de 200 000 F Cfa et en 2018 elle a été fixée à 100 000 F Cfa.
Ce regroupement politique trouve que les montants décidés cette fois ci par le gouvernement témoignent de sa volonté d’exclure une grande partie des togolaises et des togolais incapables de réunir ce montant exorbitant dans le contexte de pauvreté dont le régime est responsable.
Pour sa part, l’ANC note, en tout état de cause, que c’est bien au mépris de la situation socio-économique des citoyens togolais que le pouvoir a fixé ce montant prohibitif du cautionnement pour les élections législatives qui passe de 200 000 F à 500 000 F Cfa soit une augmentation de 150%.
Comme objectif inavoué de la hausse des frais de la caution, l’Alliance a prétexté que « le but visé étant d’empêcher les togolais qui le souhaitent d’être candidat en réservant exclusivement ce droit à la minorité pilleuse clairement identifiée par le chef de l’Etat lui-même ».
Défis pour demain
Au regard du découpage électoral élaboré et de la caution qui a été fixée pour faire acte de candidature pour les législatives ou les régionales, l’opposition bien qu’amère ne semble pas parler d’une même voix quant à sa participation à ces élections à venir.
La DMP, après avoir trouvé que le régime cherche par tous les moyens à se perpétuer au pouvoir, a lancé un appel aux partis politiques qui « œuvrent pour l’alternance et le bien-être du peuple à boycotter une fois encore les prochaines élections et à leur ouvrir la voie pour des forfaitures politiques qu’ils envisagent contre le peuple ».
Cet appel ne semble pas être partagé par les autres partis de l’opposition qui n’entendent plus laisser un boulevard libre pour les députés du parti au pouvoir pour siéger seuls au parlement et légiférer au nom de tous les togolais.
C’est le cas de l’ANC, qui au-delà de son désir de prendre part au vote malgré les insuffisances, a plaidé pour qu’un délai conséquent soit accordé aux acteurs politiques pour le dépôt des dossiers de candidatures quitte à revoir la date des élections de manière consensuelle.
La participation aux prochaines élections est actée chez les Forces Démocratiques pour la République (FDR) de Me Dodji Apevon qui a estimé que « les inégalités sont renforcées dans certaines régions. Il croit nous empêcher d’aller aux élections en augmentant le taux de la caution. Cela ne nous empêcherait pas de compétir ».
Mensah,
Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria
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