Côte d'Ivoire : Destruction d'habitations à Yopougon, Bictogo en colère contre Bacongo : « Je refuse que tout engin rentre dans ma commune sans mon autorisation »
Bictogo ce lundi à Yopougon
Le District autonome d'Abidjan a détruit, le samedi 27 janvier 2024, des maisons dans quatre quartiers de la commune de Yopougon alors que le maire de cette commune, Adama Bictogo était en mission à Bruxelles en Belgique. Il s'agit des quartiers Judé, HKB, Pays-Bas et de la Citée Eden. Cette action du District d'Abidjan n'est pas du tout du goût du premier magistrat de cette commune qui l'a fait savoir ce jour au cours d'une rencontre qu'il a eue avec les populations des quartiers impactés par ce déguerpissement.
Face aux populations au groupe scolaire Gesco, Adama Bictogo n'a pas caché sa colère. Il a même annoncé la prise d'un arrêté municipal en vue de réquisitionner les Gendarmes, les policiers et les policiers municipaux pour empêcher les engins du District d'Abidjan de rentrer dans sa commune. Adama Bictogo a également commis l'un des adjoints au maire à l'effet de saisir le Conseil d'Etat pour que le District dédommage les victimes ayant des ACD.
"Chers parents de Yopougon, ça fait une semaine, j'étais au Congo Kinshasa pour l'investiture du président de ce pays. Après, j'étais au parlement européen pour rencontrer le président du parlement européen. Je suis rentré samedi nuit. Et le dimanche j'ai reçu l'information de ce qui est arrivé le samedi. Le Gouverneur a essayé de me joindre samedi. Je n'ai pas réagi, parce que je ne savais pas pourquoi il voulait me voir. J'ai appelé le premier adjoint au maire, j'ai appelé les différents responsables de la mairie pour en savoir plus. Quand ils m'ont donné l'information, je leur ai dit que je ne lui parlerai pas tant que je n'aurai pas échangé avec vous. Quelqu'un a dit que le Gouverneur ne peut pas poser de tels actes tant que je ne suis pas informé. Je ne fonctionne pas comme ça. On me connait ici en Côte d'Ivoire. Quand c'est blanc, je dis c'est blanc. Rien ne m'impressionne, rien ne me fait peur. J'ai appelé, le Commandant de Brigade de la Gendarmerie qui relève du ministère d'Etat, ministère de la Défense. Mais en ce qui concerne Yopougon, je n'accepterai pas que les gendarmes et les policiers de Yopougon soient associés à toutes destructions sans que le maire ne soit informé. Quelque soit la compétence du Gouverneur, il ne peut pas venir dans la commune de Yopougon pour détruire les maisons alors que moi même je ne suis pas là. Avant de commencer à Siporex, j'ai reçu tous les commerçants trois fois. J'ai échangé avec eux. Ils m'ont dit qu'après les fêtes, ils vont libérer les voies ça c'est normal. Au moment où je vous parle, je viens de finir une réunion pour la construction de quatre grands marchés modernes à Yopougon. Niangon, Lubafric, Nouveau quartier, Port-Bouët 2. Pour construire ces marchés, ce n'est pas avec l'argent du gouvernement. Ce sont des gens qui ont confiance en moi qui ont décidé de nous accompagner. Quand des gens décident de nous faire confiance, de nous accompagner, on ne peut pas venir détruire moralement les gens. Au delà de la maison, c'est moralement qu'on détruit les populations. J'irai rencontrer le Gouverneur pour lui dire que je refuse que tout engin rentre à Yopougon sans mon autorisation.
Je vais prendre un arrêté dès cet instant. Je vais réquisitionner la Gendarmerie, la police et la police municipale à l'effet de protéger tous les quartiers concernés par le déguerpissement. Maintenant de ce qui relève des maisons déjà touchées, ceux qui ont les ACD, je commet maître Dago, l'un des adjoints au maire de saisir le Conseil d'Etat pour que le District au regard des ACD dédommage ceux dont les maisons ont été détruites. Ceux qui n'ont pas d'ACD, nous allons les enregistrer. Je demande à toutes les familles et toutes les maisons concernées par cette situation de rester calmes. Je vais commettre une équipe dés cet instant qui va rester pour enregistrer les victimes. Ceux qui ont les problèmes de logements, nous allons leur apporter un appui. Même si la mairie ne peut pas accompagner ceux qui sont dehors maintenant, moi Bictogo Adama, je vais vous accompagner. Je n'accepterai pas. On ne peut pas venir comme ça détruire des familles. On aurait dû vous faire asseoir, et discuter avec vous.
S'il y a des nouveaux quartiers qui doivent être faits il faut qu'on vous recase quelque part. Ou bien nous ne savons pas qu'on a besoin de belles maisons à Yopougon. Le développement humain ne se fait pas par la destruction des maisons. Je ne suis pas venu à Yopougon pour casser. Je suis venu à Yopougon pour rassembler et nous sommes une famille. Et quand vous regardez comment nous sommes, j'ai demandé qu'au delà de nos chapelles politiques, on est d'abord Ivoiriens. Au delà de nos ethnies nous sommes des Ivoiriens. Les Eléphants jouent cette nuit. Est-ce que c'est le moment de venir détruire. Chacun de nous prie pour que nous gagnons.On tue moralement des gens. Je ne sais pas combien de familles sont touchées. Mais soyez rassurés, les locataires seront connus pour qu'on puisse tout de suite les enregistrer.
Avant que vous partiez, les dispositions seront prises pour qu'au cours de la journée d'aujourd'hui, des solutions soient trouvées. Je vais aller prendre l'arrêté pour réquisitionner la Gendarmerie, la police et la police municipale et gare à ceux qui viendront avec leurs engins ici.
Pendant qu'on vous recense je vais laisser 5 millions de FCFA. Mais sachez que toutes les familles qui sont dehors seront prises en compte. Donnez nous jusqu'à la fin de la semaine aucune famille ne sera dehors. Chers parents s'il faut venir dormir dehors avec vous ici, je vais le faire. On a dit de libérer les accotements. On a pas dit de venir détruire les quartiers d'abord. Avant de détruire les quartiers, il faut dire où les populations vont aller vivre. Vous êtes à la retraite. Chers parents je considère que vous avez raison, le District ne pouvait pas arriver ici sans que nous ne soyons pas informés. Mais malheureusement pour moi, je n'étais pas en Côte d'Ivoire et je n'étais pas informé.
J'aurais empêché les machines de rentrer dans la commune. Soyez rassurés. On est ensemble. On acceptera plus jamais. Ça ce n'est plus votre combat. C'est mon combat", a déclaré Adama Bictogo.
La réaction des porte-paroles des quartiers dont des maisons ont été détruites.
Quartier Judé raconte:
"Effectivement monsieur maire le samedi, mon épouse m'informe que les gens sont en train de casser des habitations dans le quartier. Je rencontre l'un des responsables pour en savoir plus. Je lui ai dit qu'ils ne peuvent pas venir casser les habitations comme si ce sont des souris qui y vivaient. Alors il me répond qu'il n'a pas affaire à moi. Je lui montre la lettre d'approbation du quartier l'arrêté N° 150109 qui a été signé par Mamadou Sanogo. Le quartier a été approuvé. Tout le quartier Gesco est approuvé. Il me dit d'aller voir Mamadou Sanogo qui a signé l'arrêté qu'il n'avait pas le droit de le faire. Je lui ai demandé si Mamadou Sanogo n' était pas un ministre de la République. Il m'a répondu que je ne vais pas lui apprendre son travail. Les maisons détruites ont des ACD. Il m'a dit d'aller remettre les ACD à ceux qui nous les remis.
Ils ont refusé d'entendre raison. Aujourd'hui les populations ont vidé le quartier. Les écoles sont détruites pendant que le gouvernement demande que les enfants partent à l'école. Monsieur le maire vous étiez hors d'Abidjan. Vous venez d'arriver. Nous allons faire comment. Où irons nous. Il aurait fallu qu'on vienne nous rencontrer avant de casser nos maisons.
Dites nous aujourd'hui ce que nous allons faire. Si nous allons déménager nous allons le faire".
Quartier Pays-Bas.
"Monsieur le maire, présentement où nous sommes, est-ce que ceux qui sont sous les bâches peuvent chercher du travail? Malheureusement, on détruit leurs maisons de retraite. Les destructions ne peuvent pas se faire dans votre commune sans que vous ne soyez au courant. Comme vous êtes là, si c'est vous qui avez permis au district de détruire nos maisons, dite le nous. C'est malheureux que ce soit arrivé. Nos enfants ne vont plus à l'école. Pour casser la maison de quelqu'un il faut l'informer au préalable".
Quartier HKB,
"Nous n'avons pas été avertis et c'est depuis deux semaines que les démolitions ont démarré. On pourrait accepter qu'on ouvre les côtés des autoroutes. Mais quand on détruit le bien de quelqu'un, ce n'est pas bon.
Nous avons nos arrêtés de construction définitif (ACD). Aujourd'hui, nous avons espoir parce que, quand Bictogo dit, il fait.
On a espoir parce que notre maire est avec nous. Nous aurons la solution à notre problème".
Quartier Citée Eden
"C'est avec une joie au cœur que nous constatons que vous êtes avec nous pour nous soutenir. Depuis hier, le district autonome a entrepris une opération barbare et cruelle de démolition de nos maisons. Nous avons un syndicat et nous n'avons reçu aucune correspondance. Aucune sommation, avec mépris et haine, les villas 46 à 50 ont été détruites avec leur contenu, électroménagers et meubles. La plupart des copropriétaires qui sont dans les villas 52 à 70 ont démonté leurs maisons, en enlevant les portes et les fenêtres et ont cherché un nouveau site. Nous syndicat demandons le dédommagement des victimes et réparation, exigeons l'arrêt immédiat de cette opération inhumaine de destruction, le recensement et le relogement immédiat des victimes et propriétaires".
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire