Côte d'Ivoire : Suite au décès d'un enseignant-chercheur à l'Université de Man, révélations d'un syndicat sur le cas de 11 de ses collègues
L'Université de Man
Le décès du Dr Kouakou Koffi Amoulaye, Matricule : 400 867 D, Maître-assistant, Enseignant-Chercheur à l’Université Polytechnique de Man (U-Man) continue de susciter des réactions.
Et c’est encore le Mouvement syndical pour la Recherche et l’Enseignement Supérieur de Côte d’Ivoire (MORES-CI), syndicat caractérisé qui tente d’apporter plus de clarifications sur cette affaire après sa précédente déclaration relayée par notre Rédaction.
Le MORES-CI dit avoir entrepris plusieurs démarches (Présidence de l’U-Man, les 11 Enseignants-Chercheurs de l’U-Man concernés par ces mesures, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS)) en vue de mieux cerner la crise qui prévaut au sein de la communauté universitaire de l’U-Man.
De ces investigations, il ressortirait les faits ci-dessous : Pour le fonctionnement de l’U-Man, son Conseil de gestion aurait adopté un système de contrôle de présence du personnel administratif et enseignant. Initialement, ce contrôle se faisait à travers un pointage dans un cahier.
« Le cahier ayant montré ses limites dans la pratique, le Conseil de gestion aurait opté pour un dispositif biométrique à l’entrée de chaque bâtiment dans lequel se déroulent des activités de U-Man. Chaque Enseignant-Chercheur ou chaque Administratif appartenant au personnel de l’U-Man marque au quotidien sa présence sur les espaces dédiés à l’U-Man. L’analyse des présences se fait par le Conseil de gestion à la fin de chaque semestre. Ainsi, à la fin du premier semestre de l’année académique 2022-2023, il est apparu que douze (12) Enseignants-Chercheurs totalisaient des heures d’absence variant entre 30 et 57 jours, y compris Dr KOUAKOU Amoulaye (57 jours). Face à cette situation, le Conseil de gestion aurait autorisé le Président de l’U-Man à adresser des demandes d’explication aux concernés. Les réponses des demandes d’explication ont été analysées au Conseil de gestion du jeudi 12 juillet 2023. Des douze réponses des demandes d’explication, cinq (5), y compris celle de Dr KOUAKOU Amoulaye, ont été trouvées non convaincantes. En conséquence, le Conseil de gestion, à travers le Président de l’U-Man, a décidé de suspendre leurs salaires et de les mettre à la disposition du MESRS », relève le document de clarification.
Selon le syndicat le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) , le professeur, Adama Diawara, informé, a suggéré la mise en place d’un cadre plus souple de règlement de la situation, qui tiendrait compte de l’atmosphère paisible dans les Universités, Grandes Écoles et Centre de Recherche. Malheureusement, c’est pendant le processus de mise en place du cadre de règlement par le MESRS que le collègue, Dr Kouakou Koffi Amoulaye, est décédé dans la nuit du vendredi 1 er au samedi 2 décembre 2023.
« La mesure de suspension de salaires des concernés n’a pas été effective », révèle la note contrairement aux allégations avancées par certains medias sur cette affaire qui secoue le monde universitaire.
Au regard de ces faits, le MORES-CI salue la mémoire du Collègue Dr Kouakou Koffi Amoulaye.
Le MORES-CI soutient les 11 autres Collègues qui vivraient en ce moment des situations de déséquilibre psychologique du fait de l'administration de l’U-Man.
Le MORES-CI, en tant que syndicat de l’Enseignement Supérieur, se propose de faire les observations suivantes :
L’U-Man est une Université. A ce titre, elle se doit d’appliquer les principes des franchises universitaires. Le pointage biométrique est une pratique infantilisante pour les Collègues de l’U-Man.
Il conforte la présidence de l’U-Man dans la posture que les Enseignants-Chercheurs ne sont pas suffisamment matures pour se conformer aux emplois du temps établis par leurs Écoles ou Départements respectifs d’une part, pour encadrer les étudiants dont ils ont la charge suivant des calendriers consensuels d’autre part.
Ainsi, le MORES-CI est en droit de penser qu’au-delà des salaires qui leur sont régulièrement payés, les Enseignants-Chercheurs et Chercheurs de l’U-Man subiraient des traitements susceptibles d’affecter leurs états physiques et psychologiques.
« Depuis plus sept (7) d’existence, l’U-Man ne s’est pas donnée de Conseil de discipline, l’un des organes essentiels dans une institution à caractère pédagogique. Toutes les décisions, qu’elles soient administratives, financières, pédagogiques ou disciplinaires, sont du seul ressort du Conseil de gestion », relève-t-on.
De ces observations, le MORES-CI recommande : L’amélioration de la gouvernance à l’U-Man pour le bien-être des Enseignants-Chercheurs et des Chercheurs ; La suppression du mode de contrôle par le pointage biométrique à l’U-Man ; L’approfondissement des circonstances ayant occasionné le décès de Dr Kouakou Koffi Amoulaye ; L’abrogation des mesures de suspension de salaires et de mise à la disposition du MESRS concernant les 11 autres Enseignants-Chercheurs de l’U-Man.
« Nous soutenons le Ministère pour les deux Enseignants-Chercheurs qui souhaiteraient changer d’Institution universitaire », conclut-on.
Donatien Kautcha, Abidjan
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