La Côte d'Ivoire après l’indépendance a fait de l'étude de prospective, l'un de ses outils de développement. Grâce à cette stratégie qui consiste à penser le développement sur plusieurs années à l'avance, le pays a connu deux décennies de croissance économique forte et de progrès social appelées « vingt glorieuses ». Ce succès économique repose sur la mise en œuvre de politiques éclairées par des plans quinquennaux de développement économique et socio-culturel, notamment ceux de 1976-1980 et 1981-1985 qui se sont fortement inspirés de la première Etude Nationale Prospective «Côte d’Ivoire 2000 » réalisée en 1973-1974.

Ces résultats probants qu’il a été convenu d’appeler « le miracle ivoirien » ont emmené la Côte d’Ivoire à faire de la réflexion prospective une culture politique au service du développement. Ainsi, malgré la crise économique et financière sans précédent des années 1980, deux autres Etudes Nationales Prospectives ont été réalisées. Ce sont « Côte d’Ivoire 2010 » en 1983-1984 et « Côte d’Ivoire 2025 » en 1993-1995. 

Dans la poursuite de cette tradition prospective, le Bureau National de la Prospective et de la Veille Stratégique (BNPVS), structure rattachée au Cabinet du Ministère du Plan et du Développement, a élaboré la quatrième Etude Nationale Prospective « Côte d’Ivoire 2040 » (ENP CI-2040). Ses missions sont de conduire les réflexions prospectives nécessaires à la détermination de la vision du pays, d’éclairer l’action publique dans le temps et dans l’espace, de renforcer les capacités nationales en matière de réflexions prospectives et de veille stratégique. 

Le BNPVS est aussi chargé d’appuyer les collectivités territoriales dans l’analyse prospective et l’élaboration de leurs outils de planification territoriale de long terme. A cet effet, le BNPVS dispose d’une Division de la Prospective Territoriale et Sectorielle au sein du Département des Etudes Prospectives. 

Cette fonction de la prospective territoriale a été institutionnalisée dans les collectivités territoriales avec la mise en place du manuel de procédures d’élaboration des Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement du Territoire (SRADT) dont la réalisation respecte rigoureusement la démarche de la prospective territoriale, la création, en 2013, d’une sous-direction de la Prospective et de la veille stratégique dans les Régions de Côte d’Ivoire, et l’obligation pour les Districts Autonomes, crées lors du Conseil des Ministres du 09 juin 2021, de conduire des études de prospective.  

Mais le problème, c'est que jusque-là, les cadres des collectivités territoriales, notamment les Directeurs de la Planification et du Suivi des Investissements Développement des Districts Autonomes, ne sont pas suffisamment outillés pour conduire des études de prospective. 

Face à cette situation, il était nécessaire de renforcer les compétences en prospective territoriale des cadres de la planification et du suivi des investissements des Districts Autonomes de Côte d’Ivoire, afin de leur permettre d’accomplir efficacement leurs missions. 

Un atelier de renforcement des capacités en prospective territoriale a donc été organisé, du 2 au 4 novembre 2023 à Yamoussoukro par le Bureau National de la Prospective et de la Veille Stratégique, à l’attention des Directeurs de la Planification et du Suivi des Investissements des quatorze (14) Districts Autonomes de Côte d’Ivoire. 

Au cours de cet atelier, il s'est agi pour ces cadres de la planification et du suivi des investissements des Districts Autonomes de Côte d’Ivoire, de s’approprier les concepts, méthodes et outils de la prospective territoriale ; développer la fonction de la prospective territoriale dans les Districts Autonomes pour éclairer la décision des Ministres, Gouverneurs et faciliter l’appropriation du Schéma Directeur d’Aménagement et de Développement du Territoire dont l’élaboration respecte la démarche de la prospective territoriale.

A l'ouverture de cet atelier, le chef du département des études prospectives du bureau national de la prospective nationale et de veille stratégique, le Professeur Kouassi Kouamé Sylvestre, est revenu sur l'importance de l'étude prospective qui a permis au pays de prendre de l'avance en matière de développement. " La Côte d’Ivoire a opté pour l’approche novatrice de prospective comme un instrument fondamental de gestion des stratégies et politiques de développement en vue d’anticiper les futurs possibles et provoquer les changements souhaités. Dans le cas contraire, le pays s’enlisera dans la gestion des urgences. Or, comme le dit Talleyrand « quand c’est urgent, c’est que c’est trop tard. Il est bon de rappeler que la Côte d’Ivoire a une longue culture de prospective qui s’est traduite par la réalisation de quatre Etudes Nationales Prospectives en l’espace de cinquante après la première conduite en 1973-1974", a-t-il expliqué.

Malgré cette rare expérience de réflexion prospective développée par les différentes équipes dirigeantes de la Côte d’Ivoire et le bel arrimage à la planification stratégique, la prospective restait un domaine peu connu, non seulement du grand public mais également des cadres de l’Administration, y compris ceux des collectivités territoriales. " En vue d’inverser cette tendance, le Bureau National de la Prospective et de la Veille Stratégique à conduit une série d’activités depuis quelques années. Il s’agit, entre autres, de la longue vulgarisation des résultats de l’Etude Nationale Prospective Côte d’Ivoire 2040 dans les Institutions de la République, les Ministères sectoriels, les Organisations du Secteur Privé et de la Société Civile et des Collectivités Territoriales ; le renforcement des capacités de plusieurs dizaines de cadres de l’administration publique en prospective stratégique ; l’organisation d’ateliers d’échanges sur des questions d’intérêt national comme les ODD et l’Agenda 2063 et sur le système éducatif; l’accompagnement technique des collectivités territoriales dans la réalisation de leurs études prospectives ; le lancement d’une étude prospective sur le système éducatif ivoirien et; la mise en place du Réseau Ivoirien des Praticiens et des Professionnels de la Prospective (RESIP)", a-t-il déclaré.

Il a de ce fait, traduit la reconnaissance du Bureau National de la Prospective et de la Veille Stratégique à la Ministre de l’Economie, du Plan et du Développement pour son appui institutionnel dans la conduite de toutes ces activités qui ont permis d’améliorer la visibilité de la prospective en Côte d’Ivoire.

Aux participants venus des 14 districts autonomes de Côte d'Ivoire, il a indiqué que " si la prospective stratégique a été fortement diffusée dans l’administration centrale, ce n’est pas encore le cas dans les collectivités territoriales. Or, les territoires sont le lieu d’excellence de la mise en œuvre des politiques publiques construites à l’échelle centrale. C’est pourquoi, le décalage entre l’administration centrale et les collectivités qui sont chargées de la planification spatiale peut conduire à des incohérences territoriales et donc à un territoire national au développement non harmonieux. D'où l'atelier organisé à leur endroit pour qu’ils soient mieux outillés pour accomplir leurs missions conformément aux instruction de Son Excellence Monsieur le Président de la République", a-t-il poursuivi. 

Il s'est dit convaincu que l'atelier permettra aux Directeurs de Planification et du Suivi des Investissements des Districts Autonomes, d’être plus efficaces dans l’exercice de leur fonction pour une Côte d’Ivoire plus prospère et plus conquérante.

Pour sa part, le directeur de cabinet adjoint de la ministre Kaba Nialé, a félicité l'ensemble des participants pour leur présence significative qui dit-il, est la marque de l'intérêt qu'ils accordent au développement de la fonction prospective dans nos territoires. " C'est un prérequis pour soutenir la transformation structurelle de l'économie ivoirienne, basée sur la vision prospective qui ambitionne de faire de la Côte d'Ivoire, une puissance industrielle, unie dans sa diversité culturelle, démocratique et ouverte sur le monde à l'horizon 2040. Il est également revenu sur la longue tradition prospective de la Côte d'Ivoire, renforcée ces dernières années avec des stratégies innovantes.

Le directeur de cabinet adjoint pour finir, a invité tous les Directeurs de la Planification et du Suivi des Investissements à adhérer au RESIP, afin de poursuivre le partage d'expériences en prospective stratégique et territoriale qui contribuera à faire de nos Districts Autonomes des acteurs-clés de la transformation structurelle de notre pays en une puissance industrielle à I'horizon 2040.

Wassimagnon