Côte d'Ivoire : Dépistage des maladies chroniques lancé par la MUGEFCI, un médecin membre de la mutuelle émet des réserves sur l'opération
Korotoumou Koné épouse Coulibaly
Korotoumou Koné épouse Coulibaly, médecin endocrinologue et diabétologue, est membre de la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l'Etat (MUGEFCI). Candidate déclarée à la présidence de cette mutuelle il y a deux ans, elle n'a malheureusement pas pu aller au bout de son rêve, en raison des difficultés qu'elle a éprouvées à constituer des dossiers aux normes comme recommandé par les textes.
Depuis lors, elle ne s'est plus prononcé sur la MUGEFCI. Ce mutisme, elle l'a brisé, récemment lors d'une rencontre avec la presse à Abidjan, et cela a moment où la MUGEFCI a lancé une opération de dépistage des maladies chroniques en faveur de ses adhérents.
"Je suis heureuse de constater que l’équipe dirigeante de la mutuelle s’est appropriée honteusement d’un pan de notre projet de campagne à savoir la prévention des maladies chroniques. J’espère que la mise en œuvre sera comme nous l’avons souhaité à la conception. Nous attendons de voir, car pour l’instant nous n’avons pas d’information claire, ni sur le mode de financement ni sur le mode opératoire. Ce n’est qu’après avoir eu des informations sur ces détails que nous pourrions valablement donner une opinion. Cependant nous avons des inquiétudes", a-t-elle laissé entendre.
Sur le système de prévention dans lequel la MUGEFCI a décidé de lancer en dépit des difficultés liées à cette opération, Korotoumou Koné a estimé que "si la maladie nécessite des soins curatifs, cela n’exclut pas toujours de faire de la prévention, mais cela devra être très mesuré. Je vous explique, la prévention des maladies chroniques est importante mais pas une urgence médicale. La mise en œuvre demande une certaine maîtrise du concept, car le dépistage se fait surtout chez les personnes à risque. C’est un projet coûteux, je ne vous dirai pas mes sources de financements au niveau de l’ONG, mais dans le cas de la mutuelle, je suis curieuse de savoir comment cette activité sera financé", a-t-elle déclaré.
Sur le coût de la campagne de prévention estimé à 90.000 fcfa par individu dépisté, la présidente de l'ONG Performance et Bien-être, s'est posé une et mille questions sur le système de financement de cette initiative qui coûte extrêmement cher. " Cela dépend du contenu qu’on veut donner à la prévention. Quelles sont les pathologies qui seront prises en compte ? Avec quels moyens ? Autant d’éléments dont la prise en compte nous permettra d’établir un budget approprié. On nous parle de 90.000 FCFA par personne, cela fait véritablement un lourd budget pour la mutuelle. C'est pour cela que nous nous inquiétons en même temps que nous nous posons des questions", a-t-elle dit manifestement très pessimiste quant à la réussite du projet. Par ailleurs, Korotoumou Koné épouse Coulibaly se demande bien si "ce sont les fonds de la mutuelle prévus pour les soins curatifs qui seront utilisés à cette fin, sachant que la prévention ne rentre pas dans le domaine d’action de la mutuelle. Autant de questions que nous mutualistes devons-nous posés ? On espère que les organes de régulations veilleront à ce que les textes soient respectés", a-t-elle poursuivi.
Elle pense cependant que "si le projet est bien exécuté et qu’il n’est pas fait au détriment des soins curatifs qui demeurent les plus importants, nous serons honorés et nous lancerons à travers nos réseaux de communication des appels aux mutualistes pour qu’ils s’approprient cette opportunité. Lorsque qu'on lui pose la question de savoir comment elle comptait s'y prendre pour réaliser ce même projet de prévention qui etait bien inscrit dans son programme de campagne, elle préfère botter en touche pour ne pas selon elle, "déballer tout le processus de financement de notre projet ; pour l’instant nous pensons que ce n’est pas encore le moment d’en parler". Pour elle, étant entendu que les préoccupations des mutualistes lors de l'enquête menée par son équipe avant la campagne électorale portaient à plus de 70% sur les soins curatifs, il est nécessaire que la MUGEFCI table plus sur cet aspect. Car dit-elle, se lancer dans une campagne de dépistage des maladies chroniques sans avoir au préalable travaillé sur le projet, on a de fortes chances de passer à côté du plus important. Sur la Couverture Maladie Universelle (CMU) instituée par le chef de l'État Alassane Ouattara et son gouvernement, Korotoumou Koné a fait savoir que "la CMU est une bonne initiative, de nombreux efforts sont faits en vue de l’améliorer. En tant que endocrinologue et diabétologue, la prise en compte des maladies chroniques dans le panier de la CMU a été un grand soulagement pour nos patients".
Korotoumou Koné a profité de ses échanges avec les médias pour lancer cette information aux mutualistes. " Nous avons une activité en vue avant la fin d’année à Abidjan. Nous profitons de l’occasion pour demander à tous les mutualistes et tous les fonctionnaires de se joindre à nous, afin de faire de cette activité une réussite totale", a-t-elle invité.
Avant de prendre congé de la presse, la présidente de l'ONG Performance et Bien-être a tenu à lancer cet appel à l'ensemble des mutualistes membres de la MUGEFCI. "Nous voulons encore vous dire merci pour cet échange, et ce temps que vous m’accordez et qui me permettent de m’adresser à l’ensemble des mutualistes. La vie de la mutuelle nous tient très à cœur, et nous pouvons dire aux mutualistes que nous nous tenons disponible à leurs côtés pour mener le vrai combat : le combat du bien-être des mutualistes, partout où leurs intérêts seront en cause nous serons là avec eux, pour les défendre", a-t-elle conclu.
Wassimagnon
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