Côte d'Ivoire : N'Douci, redoutant le « sida du bananier », des planteurs attirent l'attention des autorités sur des risques de disparition de la plantation banane dessert de Kanga-Nianzé
Le collectif des planteurs de Kanga-Nianzé ce jeudi à N'Douci (ph KOACI)
L’Etat dans le cadre du projet pilote de la réinsertion des planteurs villageois de Kanga-Nianzé, une localité de la sous-préfecture de N’Douci a mis en place une coopérative spécialisée dans la filière banane dessert.
Ces planteurs sont encadrés et assistés techniquement par la Société d'étude et de développement de la Culture Bananière (SCB). Si ce projet pilote qui a été lancé en 2018 connaît un succès, ce sont six (06) autres localités de la Côte d’Ivoire qui vont bénéficier de cette initiative.
Sauf que les 10 membres de la société coopérative Scoops-Banasud qui sont installés sur 200 hectares de plantations aménagées avec leurs réseaux de drainage, d’irrigation, d’haubanage, de pistes de circulation, une station de conditionnement, une station de pompage, des magasins de stockage, plusieurs engins agricoles et des infrastructures sociales, infirmerie et sur lesquelles des logements pour les planteurs, ouvriers et leurs familles, sont en conflit avec la responsable d’un hôtel installé sur l’espace.
L’affaire qui pend devant la justice ivoirienne oppose la SCB et la responsable d’un hôtel installé sur les 200 hectares du projet.
Cinq (05) ans après l’entrée en production des premiers plants, ces planteurs estiment que le projet se déroule bien avec des rendements de l’ordre de 45 t/ha à 50 t/ha bon an mal an et une production cumulée de mai 2018 à fin 2022 de près de 41 000 tonnes.
Ce jeudi 8 juin 2023, le collectif de ces planteurs a attiré l’attention des autorités ivoiriennes, sur une menace, et non des moindres.
Au cours d’une conférence de presse tenue à Kanga-Nianzé, Félix Kouakou Kouakou, porte-parole des planeurs, a fait savoir qu’un litige oppose les oppose à un réceptif hôtelier dénommé Le Refuge du Bandama.
Il a expliqué que la SCB qui est chargée de la mise en œuvre du projet dont ils sont les bénéficiaires finaux reproche à l’hôtel de s’être installé illégalement sur une partie des terres dédiées au projet et louées par elle aux villages de Kanga Nianzé et Nianda.
S’il est vrai que les deux parties se retrouvent en procès devant les tribunaux, ces planteurs ont attiré l’attention du Gouvernement sur le risque de Fusariose TR4 des bananiers (sida du bananier, Ndlr), une maladie très grave n’ayant aucun traitement curatif à ce jour, serait l’une des principales justifications de la position adoptée par la SCB dans ce démêlé juridique.
La présence de ce réceptif hôtelier sur le site du projet fait courir, selon les planteurs un risque de Fusariose.
« Nous ne pouvons en aucun cas rester bras croisés face à la menace de la Fusariose TR4, forme dont est sensible la variété Cavendish que nous cultivons. Il est important de préciser que la banane plantain, fortement consommée en Côte d’Ivoire est également en risque. C’est pourquoi, nous voudrions une implication forte de toutes les parties prenantes au projet pour éloigner de nous le spectre de cette menace potentielle réelle qu’est la Fusariose TR4. Nous pensons qu’il est du devoir de toutes les parties prenantes au projet d’œuvrer pour sa parfaite réussite et sa pérennité, car un tel succès pourrait encourager les autorités de l’Etat de Côte d’Ivoire à dupliquer l’expérience ailleurs sur le territoire national et pour d’autres spéculations agricoles. », a déclaré Félix Kouakou Kouakou.
Rappelons, que c’est le non-respect par les propriétaires du complexe hôtelier, le couple ivoiro-belge M. et Mme Lootvoet, qui ont conduit le Directeur général de l'entreprise fruitière, monsieur Malezieux Dominique d'origine française, à résilier le protocole d'accord accordant à l'hôtel un accès plus direct. La voie secondaire conduisant directement au complexe a donc été fermée et rouverte après une décision judiciaire.
Les propriétaires de ce réceptif hôtelier avaient avancé la thèse ethnocentrique, voire raciale en faisant savoir qu’une entreprise française refuserait l'accès à un hôtel appartenant à une Ivoirienne à N'douci, cela en dépit de décisions de justice intervenues pourtant en sa faveur.
Le responsable de la SCB quant à lui soutient que plus que 99 % des 7 000 employés sont des Ivoiriens et ressortissants de la CEDEAO.
Jean Chrésus, Abidjan
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