Burkina Faso : Fermeture du journal L'événement, des patrons de presse denoncent une cabale
La une du dernier numéro du journal L'événement
La Société des éditeurs de la presse privée (SEP) du Burkina Faso a dénoncé la fermeture du journal d'investigation l'Événement, qui s'apparente selon elle à une tentative de musèlement.
« C’est avec une immense désolation que la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) a appris ce vendredi 02 juin 2023, la mise sous scellé des locaux du journal L’Évènement par les services des impôts » lit-on dans le communiqué de la SEP.
Selon la SEP, cette décision triste et regrettable de procéder à la fermeture pure et simple des locaux de ce bimensuel d’investigation se justifierait par le fait que le journal n’est pas à jour de ses impôts.
« Si on peut comprendre la volonté des services des impôts de faire leur travail de collecte de fonds, il est difficile de ne pas faire le lien entre le travail de ce journal « d’investigation et sa fermeture manu militari par les impôts », estiment les patrons de presse.
« Jamais, le journal n’a refusé de faire face à ses obligations fiscales. Bien au contraire. Cette décision est d’autant plus incompréhensible qu’elle intervient à un moment où les responsables du journal étaient en discussion avec les impôts en vue d’éponger progressivement ses dettes », ont ils expliqué.
« Nous ne sommes pas fiers de le dire, mais nous sommes bien placés pour le savoir, la réalité économique des entreprises de presse est telle que nombreuses d’entre elles cumulent très souvent des dettes fiscales, mais elles ont toujours trouvé dans le dialogue avec le fisc les moyens de pouvoir les éponger », poursuit le Sep.
L’Événement, à qui plusieurs services publics doivent plusieurs années d’abonnements et autres services impayés, n’a pas jugé utile de suspendre leur abonnement. Même la Présidence du Faso traine des factures impayées de L’Événement, selon ma SEP.
« Sans vouloir encourager l’incivisme fiscal, la mise sous scellé d’un journal pour raison de fiscalité est non seulement une mauvaise solution à un problème réel, mais constitue une entrave à la liberté de la presse », estime la SEP qui souligne que « cela est d’autant vrai que de telles décisions arrivent très fréquemment en guise de représailles lorsque le travail d’un média s’avère dérangeant ».
Et de poursuivre : « On peut s’interroger sur le gain ou l’opportunité d’une telle décision qui frappe un média dans un contexte particulièrement difficile pour la plupart des entreprises qui font face avec abnégation et dignité à plusieurs années de crise économique, doublée de la crise sécuritaire et humanitaire ».
« N’y a-t-il pas là, une volonté de discréditer et faire taire un journal qui depuis plusieurs mois est dans le collimateur des puissants du moment à cause de ses écrits pourtant professionnellement irréprochable ? » à interrogé la SEP qui a lancé un appel à la direction générale des impôts de maintenir son esprit de collaboration et de compréhension qui a toujours prévalu dans ses rapports avec les entreprises de presse afin que celles-ci se mettent progressivement à jour de leurs obligations sans être obligées de mettre la clé sous le paillasson.
Boa, Ouagadougou
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