Côte d'Ivoire : Au nom de la réconciliation, la CISL-Dignité appelle à la libération des militaires incarcérés à la suite de la crise post-électorale de 2010
La Côte d'Ivoire à l'instar de tous les pays du monde entier, a célébré, lundi 1er mai, la fête du travail. Cette célébration est l'occasion pour les organisations syndicales en charge de la défense des droits des travailleurs, de faire connaître aux autorités gouvernantes, les aspirations et propositions de leurs mandants, dans l'optique de l'amélioration de leurs conditions de travail et de vie.
Comme ce fut le cas l'an dernier, c'est le premier ministre Patrick Achi, chef du gouvernement, qui était face aux centrales syndicales pour recueillir leurs doléances et revendications, ce lundi 1er mai 2023.
Au nombre des centrales syndicales qui se sont succédé au crachoir, l'on note l'intervention de la CISL-DIGNITE, dirigée par Elle Boga Dago. Cette organisation syndicale sur certains points de ses revendications, notamment la cherté de la vie, n'a pas eu besoin de fioriture, pour exprimer au premier ministre Patrick Achi, représentant le chef de l'État Alassane Ouattara, son ressenti.
" Monsieur le premier ministre, les récents débats sur les coûts élevés de la téléphonie mobile et de l'internet ont fini par convaincre la population que c'est le gouvernement en réalité qui est à l'origine de la cherté de la vie", a lâché Élie Boga Dago.
Le porte-parole de la CISL-DIGNITE, a dépeint la situation critique que vivent les Ivoiriens du fait de la cherté de la vie qui a atteint un seuil sans précédent. Pour lui, cette cherté ne touche plus seulement à la vie, mais aussi à la mort, car les frais dans les pompes funèbres sont intenables. Il a en outre, caricaturé le calvaire des femmes principalement qui, une fois dans les marchés, sont obligées de faire le tour des étales à la recherche de marchandises à moindre coût et qui finalement, sont contraintes de retourner à leurs domiciles avec des sachets quasiment vides.
Le non respect du Smig par certains employeurs dans les entreprises, est l'un des sujets sur lequel s'est appesanti, Élie Boga Dago. Selon ses dires, cette situation est devenue une habitude chez ces employeurs, " car le gouvernement n'a pas encore trouvé nécessaire de régler la question des inspecteurs du travail, qui sont les animateurs du seul mécanisme de contrôle et de veille dans le monde du travail".
La CISL-DIGNITE recommande donc à l'État " d'équiper les services d'inspection du travail en moyens de locomotion pour les missions de contrôle dans les entreprises. Elle demande ensuite à l'État" d'accorder aux inspecteurs du travail, les primes et indemnités prévues par l'OIT et le code du travail, car c'est un droit pour eux".
Sur le problème des travailleurs et travailleuses domestiques en Côte d'Ivoire, la CISL-DIGNITE, s'est réjouie du fait que son appel lancé au gouvernement ait été saisi au bond par le système des nations unies basé dans le pays. En effet, à l'en croire, " quelques mois après cette fête du 1er mai, les agents dudit système, ainsi que ceux des ambassades accréditées dans notre pays, se sont résolus à déclarer leurs personnels domestiques à la CNPS".
" La CISL-DIGNITE remercie tous les agents du système des nations unies et des ambassades pour avoir massivement pris l'initiative de déclarer leurs personnels domestiques à la CNPS ", a-t-il dit.
Il n'a tout de même pas manqué de rappeler à ceux-ci, leur tendance à brandir leur immunité diplomatique à chaque fois que survient un conflit de travail entre eux et leurs domestiques, dans le seul but de ne pas comparaître ni devant l'inspection du travail, ni devant le tribunal du travail. Or, les contrats de travail échappent au principe de l'immunité diplomatique selon l'article 11 paragraphe 1 de la convention des Nations unies sur l'immunité juridictionnelle.
Dans la même veine, la CISL-DIGNITE, exhorte le gouvernement à trouver le mécanisme, afin que les autorités, les présidents d'institutions, les ministres, les députés, les sénateurs, etc,. déclarent leurs travailleurs domestiques à la CNPS. Pour ce qui concerne les domestiques en service chez des préfets et sous-préfets, la CISL-DIGNITE par la voix de Élie Boga Dago, a déploré le fait qu'il soit prélevé sur leur salaire, un montant au titre de la CGRAE, bien que n'étant pas fonctionnaires. Elle a décrié aussi la ponction sur le même salaire d'un montant au titre de la caisse de retraite CNPS et regretté que la part patronale ne soit pas payé sur leur salaire.
" La CISL-DIGNITE recommande au gouvernement d'inscrire la déclaration à la CNPS des personnels domestiques de toutes les autorités de la république, comme condition préalable à leur nomination ; de faire en sorte que la déclaration à la CNPS de son personnel domestique soit une des conditions préalables à la présentation de candidature aux différents postes électifs", a-t-elle exigé.
La CISL-DIGNITE recommande, en outre, que " l'État ne prélève plus sur le salaire des personnels domestiques en service dans les résidences des préfets et sous-préfets, le moindre centime au titre de la retraite CGRAE, car ils ne sont pas des fonctionnaires. Elle demande à l'Etat de restituer à ces pauvres travailleurs domestiques, toutes les sommes d'argent prélevées ainsi indûment sur leur salaire. La CISL-DIGNITE intime à l'État de payer sa part patronale à la CNPS pour la sécurité sociale des travailleurs domestiques qu'il emploie. Elle fait également recommandation à l'État de Côte d'Ivoire de ratifier la Convention n° 189 de l'OIT sur le travail domestique et d'en faire une large promotion, comme il le fait si bien concernant la déclaration d'impôts "
Sur les allocations familiales, la centrale syndicale dirigée par Élie Boga Dago, a remercié le chef de l'État Alassane Ouattara, pour avoir " fait un geste magnanime". Elle l'a félicité d'avoir décidé de faire passer l'allocation familiale de 2500 fcfa par enfant à 7500 fcfa. Tout comme la prime de transport qui est passée de 7000 fcfa à 20.000 fcfa.". Toutefois, la CISL-DIGNITE encourage l'Etat à faire des efforts pour la prime de transport en la revoyant un tout petit peu à la hausse, au regard des 30.000 f payés aux travailleurs du privé. Elle recommande aussi à la CNPS de relever le taux de cette allocation familiale pour suivre l'exemple de l'Etat.
S'agissant du patrimoine immobilier de la CNPS passé sous la coupole de l'État dans des villes comme Korogho, Man et Bondoukou, la CISL-DIGNITE a exigé qu'il soit rétrocédé à la CNPS.
Élie Boga Dago et ses camarades de la CISL-DIGNITE, ont profité de l'occasion pour en appeler une fois de plus à la libération des militaires incarcérés à la suite de la crise postélectorale de 2010 au nom de la réconciliation et conformément à l'ordonnance de l'amnistie portant libération des prisonniers politiques prise en 2008.
Ce syndicat a fait cas aussi du calvaire que vivent dix-neuf commissaires et officiers de la police nationale et leurs familles. Leur pension de retraite est celle de grades inférieurs auxquels ils étaient avant de devenir commissaires et officiers par voie de concours.
Wassimagnon
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