Les présidents Biya et Mahamat Deby

Le Tchad a rappelé son ambassadeur en poste au Cameroun pour "consultation".

L'information a été rendue publique jeudi à travers un communiqué de la présidence de la République tchadienne, lu au journal du soir à la télévision à capitaux publics.

Au cœur de la colère du Tchad, la question de la prétendue acquisition des actifs d'ExxonMobil par la "nébuleuse" Savannah Energy.

Mépris et arrogance

N'djamena dénonce des "agissements inamicaux" et contraires aux intérêts du Tchad posés par les représentants du Cameroun dans les conseils d'administration de Cotco et Totco.

"Plusieurs lettres adressées aux autorités camerounaises sont restées "sans réponses", lit-on dans le communiqué de la présidence tchadienne.

De source introduite, koaci apprend que Savanah

Energy est à l'origine des tensions diplomatiques entre les deux pays voisins.

Les autorités tchadiennes dénoncent en filigrane "l'affairisme" des personnalités camerounaises

"il est à noter que dès l'entame des discussions au sujet de la venue de la société Savannah Energy au Tchad, il est apparu que derrière cette société gravitaient de nombreuses personnalités camerounaises et d'autres pays africains, qui n'ont cessé d'interférer auprès des officiels tchadiens", fait remarquer la présidence tchadienne qui dit défendre les intérêts du Tchad.

Une affaire de pétrole

Le pipeline Tchad - Cameroun est un business géré par trois groupements : Deux pays d'une part, le Cameroun et le Tchad. D'autre part, ExxonMobil.

Le géant pétrolier américain s'est écarté de l'exploitation du pipeline.

Ceux qui sont disposés à reprendre ses parts sociales sont ses associés que sont le Cameroun et le Tchad.

Le gouvernement tchadien est réticent à traiter avec une "nébuleuse" comme Savannah Energy et défend les intérêts du Tchad contrairement aux officiels camerounais qui n'hésitent pas à négocier au plus haut niveau de l'establishment.

D'où l'implication de Franck Emmanuel Biya. Le fils du chef d'État camerounais a fait le déplacement vers N'Djamena en jet privé en septembre 2022 avec, pour objectif, "plaider auprès du leader tchadien", la cause de Savannah Energy.

Deux mois plus tard, une délégation officielle conduite par le secrétaire général adjoint de la présidence de la République effectue, à son tour, le voyage pour N'Djamena.

Paul Elung Che tente de convaincre Mahamat Itno Deby et d'autres autorités de traiter avec Savannah Energy.

Malgré les réticences du Tchad, quelques personnalités camerounaises vont signer avec la "nébuleuse".

N'djamena dit avoir appris par "voie de presse, la signature d'un accord prévoyant la cession par une filiale de Savannah Energy PLC de 10% du capital social de Cameroon Oil Transportation Company S.A. (Cotco), en contradiction avec les conventions et les statuts de Cotco, à la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun", poursuit le communiqué.

Le rappel de l'ambassadeur du Tchad, une première dans les relations entre les deux pays, pourrait déboucher sur des tensions diplomatiques de grande ampleur si rien n'est fait dans les délais. Et, surtout, si la partie camerounaise persiste dans son arrogance.

L'establishment camerounais est plus enclin à exporter vers d'autres pays souverains, l'affairisme et l'enrichissement personnel qui le caractérisent.

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun

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