Côte d'Ivoire : Des femmes appellent à la sanction de tous les partis politiques et institutions qui sont réfractaires à la loi de 2019
Francine Aka-Anghui et Agnès Monnet vendredi à Abidjan
Faible représentativité des femmes dans les assemblées élues, des organisations féminines appellent à des mesures coercitives contre les réfractaires à la loi de 2019
En Côte d'Ivoire, l'état des lieux de la représentativité des femmes dans les assemblées élues et aux postes de décision, est alarmant. Au Sénat, sur un effectif de 66 membres, seulement 17 sont des femmes (8 élues et 9 nommées) soit 19% de femmes. À l'Assemblée Nationale, sur 255 députés, nous ne retrouvons que 29 femmes pour un taux de 17% de représentativité. Aux municipales, à l'issue des dernières élections, seulement 16 femmes ont été élues sur les 201 maires que compte le pays. Dans les conseils régionaux, une seule femme a pu se faire élire sur les 31 régions.
Ce constat est aussi saisissant au niveau des postes de responsabilité ou de décision. En effet, le pays ne compte qu'une seule femme présidente d'institution, en l'occurrence la grande Chancelière, le professeur Henriette Dagri Diabaté. Même le gouvernement actuel ne totalise, en son sein, que 7 femmes sur la trentaine de membres.
C'est donc un secret de polichinelle que d'affirmer que les femmes en Côte d'Ivoire, sont largement sous-représentées dans les assemblées élues et aux postes de décision.
Cette situation, bien évidemment, n'est pas faite pour plaire aux organisations de défense des droits des femmes, notamment l'Association des Femmes Juristes de Côte d'Ivoire (AFJCI) et Woman Caucus For Lobbying, qui ont décidé d'emboucher la trompette de la dénonciation.
Face à la presse ce vendredi 10 mars 2023, au siège de l'AFJCI au Plateau, les leaders de ces deux organisations, en l'occurrence Maître Francine Aka-Anghui présidente de l'AFJCI et Docteure Agnès Monnet, présidente de Woman Caucus For Lobbying section Côte d'Ivoire, ont toutes deux dépeint le tableau très peu reluisant de la représentativité des femmes dans les assemblées élues.
" En Côte d'Ivoire, alors que nous avons des femmes engagées, compétentes et dynamiques dans tous les domaines d'activités et de compétence, elles sont encore sous-représentées dans les assemblées élues et les instances de décision. Les chiffres au niveau des différentes institutions en termes de représentativité des femmes parlent d'eux-mêmes. Ils ne sont pas du tout reluisants et donc il est important que nous nous arrêtions sur cette situation", a déclaré d'entrée, maître Francine Aka-Anghui, actuelle présidente de l'AFJCI ( la 9e présidente depuis la création de l'association en 1984).
Pour elle, les femmes juristes s'intéressent à cette question, parce qu'il existe une loi en Côte d'Ivoire qui a été adoptée en 2019 et qui favorise la représentativité des femmes dans les assemblées élues.
" La loi numéro 2019-870 du 14 octobre 2019 favorisant la représentation des femmes dans les assemblées élues, en son article 3, exige aux partis politiques, de mettre au moins 30% des femmes sur leurs listes de candidatures. Malheureusement, lors des dernières élections, aucun parti politique n'a respecté cette exigence légale. Nous voulons attirer l'attention des gouvernants et les structures en charge des élections pour qu'ils appliquent cette loi", a-t-elle ajouté.
Maître Francine Aka-Anghui, a dans le même temps, exhorté les femmes à tuer en elles, ce qu'elle a appelé le syndrome de l'imposteur.
" Les femmes très souvent ont le syndrome de l'imposteur qui consiste à remettre en cause sa compétence et sa capacité à tenir un poste de responsabilité. Cela est essentiellement dû aux pesanteurs socio-culturelles. Il faut qu'elles arrivent à tuer cela en elles", a-t-elle relevé.
La présidente de l'AFJCI, a également fait comprendre aux femmes, que la journée internationale de la femme, est une occasion pour elles de marquer un temps d'arrêt et s'asseoir pour faire le bilan de ce qu'elles ont gagné en matière de leurs droits et de leur autonomisation.
Pour sa part, Dr Agnès Monnet, présidente de l'association Women Caucus For Lobbying, créée en 2019 au Rwanda, a indiqué qu'il est temps que les autorités passent à la sanction de tous les partis politiques et institutions qui sont réfractaires à cette loi de 2019. " Quand on prend une loi et qu'il n'y a pas de mesures coercitives, cela n'est pas productif. Les textes seuls ne suffisent pas, il faut des mesures d'accompagnement et l'une des mesures d'accompagnement, c'est la sanction", a-t-elle recommandé.
La maire de la commune d'Agou, par ailleurs, Vice-présidente de l'Union des Villes et Communes de Côte d'Ivoire ( UVICOCI), a également décrié un manque de volonté politique de la part des autorités ivoiriennes sur la question. " Au Sénat, nous sommes autour de 20% de représentativité des femmes, parce que le chef de l'État a pris sur lui de nommer des femmes au nombre des 33 citoyens nommés. Mais là encore, ce ne sont que 9 femmes nommées, alors que le chef de l'État pouvait en nommer davantage. C'est aussi cela la volonté politique. Au CESEC, c'est autour de 25% de femmes, mais là également ce sont des nominations", a-t-elle poursuivi.
À l'instar du Rwanda et du Sénégal qui ont des taux de représentativité des femmes autour de 45%, Agnès Monnet, a plaidé, afin que la volonté politique dans ce domaine soit une réalité en Côte d'Ivoire. " Si cela a été possible au Rwanda et au Sénégal, cela est aussi possible en Côte d'Ivoire", a-t-elle lancé.
Notons que cette conférence de presse s'inscrivait dans la continuité de la journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars dernier.
Wassimagnon
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-Chez les humains, le DROIT est une arme. -Il est même l’arme de la civilisation. Machiavel ne disait-il pas qu’il y a deux manières de combattre, l’une par les lois, l’autre par la force : la première sorte est propre aux hommes, la seconde est propre aux bêtes" -Lorsque les sociétés qui se disent "civilisées" essayent de rééquilibrer les rapports sociaux par la loi, ..., c'est pour éviter le DROIT DU PLUS FORT. Ainsi, en faisant en sorte que les femmes ne subissent la "loi de la jungle", on suppose qu'elles peuvent agir AUTREMENT et rendre moins conflictuelles les relations sociales. -Je me souviens avoir écrit la semaine passée dans l'affaire Damana Pickass, que la JUGE EUNICE ENOKOU,…, contredisait ceux qui pensent que le "sexe faible" peut contribuer à la pacification des rapports sociaux. -Lutter pour que l'injustice à l'égard des femmes disparaisse, ..., est un combat noble. Mais le bon sens voudrait que ces dernières soient plus sensibles à toutes formes d'injustice. -A observer les Anne OULOTO, les Kandia CAMARA, etc,...,on peut légitimement se poser des questions...
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