Côte d'Ivoire : Yamoussoukro, quand les élèves côtoient chaque jour la mort dans les véhicules de transport en se rendant à l'école
Des véhicules transportant des élèves à Yakro (Ph KOACI)
Les véhicules de transports en commun des élèves dans la capitale politique ivoirienne se présentent comme de véritables tombeaux ambulants. Dans ce reportage, koaci.com vous présente les carences de ces autocars et la vulnérabilité régulière de ses occupants. Les responsabilités aussi.
Tôt ce mercredi 1er Mars 2023, l’équipe de reportage de koaci.com à Yamoussoukro a parcouru plusieurs arrêts d’embarquement d’élèves dans la capitale politique ivoirienne. Il est 07 h 10. Nous sommes au quartier Morofè précisément au carrefour Banny. Ici, plusieurs élèves y sont postés en compagnie de leurs parents et attendent l’accostage de leur car de transport.
Quelques instants plus tard, le fardier très attendu accoste à la joie inconsciente de ces tout petit. C’est un véhicule immatriculé 3217FN01 de 18 places couleur bleu marine visiblement désuet et amoché. Les pneus avachis, des sièges abîmés avec des phares arrières presque inexistants. Les portières et les rétroviseurs, quant eux, laissent à désirer. Les vitres aussi.
C’est bien dans ce stout mobile que la petite Noura et ses amies vont embarquer sous les regards miteux de leurs accompagnateurs.
Les risques auxquels ces apprenants sont chaque jour exposés sont perceptibles et pertinents. A Yamoussoukro, les élèves du préscolaire côtoient chaque jour la mort en se rendant dans leurs établissements respectifs à bord de ces véhicules de transport en commun très délabrés.
À Assabou, quartier originaire de Yamoussoukro, notre équipe a également fait le même constat sur plusieurs autres lieux. A l’arrêt de cet autre minicar localement appelé Gbaka, c’est un gamin d’à peine 13 ans qui attire notre attention. Comme dans une scène, cet adolescent était dans le rôle d’un coxer. Vertu d’un teeshirt beaucoup troué et d’un pantalon du même ordre, il frappait du point la portière du véhicule appelant les élèves à monter. Le chauffeur, lui, assis sur son siège, entre les doigts, une mèche de cigarette, il semble manifestement inspiré avec une music manding en fond sonore.
Dans ces minicars, le surnombre des passagers est chose presque autorisée. Du moins, c’est ce que l’on puisse dire au regard de l’imperturbable sérénité de ces conducteurs qui exercent leur funeste activité aux yeux et à la barbe des agents de contrôle. Ces enfants sont superposés les uns sur les autres contre les pare-brise.
De l’avis des parents
« Nous n’avons pas de grands moyens pour emprunter des taxis pour nos enfants. Certes nous ne sommes pas souvent très tranquilles en faisant monter nos enfants dans ces cars. Parce que ces cars sont beaucoup fatigués et présentent assez de risques. Ils tombent bien souvent en panne et nous sommes dans l’obligation d’aller chercher nos enfants a indiqué Kouamé Christelle, génitrice de la petite Noura.
Comme cette mère, une accompagnatrice renchérie. « Les cars ne nous rassurent pas. Mais on va faire comment ? Les écoles sont beaucoup éloignées de nos domiciles. C’est le seul moyen par lequel nos enfants peuvent se rendre dans leurs établissements. Souvent les chauffeurs nous appellent pour venir chercher nos enfants au motif que leur car est en panne » a –elle souligné.
Aux dires des chauffeurs
Pour ces conducteurs au volant de ces véhicules, l’état des véhicules et le surnombre des enfants, n’est pas de leur fait « moi je suis en règle. J’ai mon permis. Et mon travail ici, est d’embarquer les élèves et les conduire à l’école. L’état du véhicule et le surnombre c’est l’affaire des patrons. Moi je reçois une liste d’enfants que je dois transporter. Et c’est bien ce que je fais. Le reste c’est plus à mon niveau » s’est justifié Konaté Adamo.
De la responsabilité des responsables d’établissement
Le silence doublé de mépris de certains responsables d’établissements justifie bien leur complicité. Du moins si l’on s’en tient à leur dédain. Certains chefs d’établissement que nous avons rencontré ont préféré faire l’économie du deal.
A la direction de la mission catholique, l’une des responsables que nous avons rencontré, nous rapporte que le directeur dit ne pas être disposé à parler de ce sujet actuellement.
Du système de contrôle
Du côté de la Police, si le même constat de risque est établi, l’on nous renseigne également que des dispositions sont en cours pour notifier le retrait immédiat de ces véhicules à haut risque.
A Yamoussoukro quand bien que le pire n’est pas encore enregistré, force est de souligner la pertinence du danger auxquels ces apprenant sont régulièrement exposé en se rendant à l’école.
Donatien Kautcha, Abidjan et la correspondance de KOACI à Yamoussoukro
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