La mosquée de Togonieré objet du conflit (ph KOACI)

En ce début d'année 2023, année électorale, la cohésion sociale est mise à mal dans le canton Palaka de Ferkessedougou, précisément dans le village de Togonieré. Le torchon brûle au sein de la communauté musulmane de la sous préfecture de Togonieré depuis plusieurs semaines, rapporte à KOACI une source sur place.

La conséquence de ce conflit, est qu'on a frôlé un affrontement entre des habitants de cette localité et les forces de l'ordre dans la soirée du jeudi 16 février 2023. Pour ce faire, un détachement de la gendarmerie nationale, a pris position dans le village afin de parer à tout dérapage. Ce qui n'est pas du goût de certains habitants du village. 

Selon une source qui a requis l'anonymat, le conflit est parti d'une question d'imamat dans le village. « Le jeune Imam Traoré Abdoulaye, a voulu se faire introniser coûte que coûte, malgré le refus de l'ensemble de la communauté musulmane de Togonieré et les réticences de la section départementale du conseil supérieur des imams et des affaires islamiques de Ferkessedougou.» affirme cette source.

Elle ajoute que face à l'opposition de la plupart des fidèles musulmans de la localité, Traoré Abdoulaye a activé tous ses réseaux d'amis politiques, afin de faire pression sur des guides religieux qui ont fini par l'introniser. Ce qui, jusqu'à ce jour, n'aurait jamais été accepté par la majorité des membres de la communauté musulmane de Togonieré.

Koné Y, un habitant de la sous-préfecture, fait savoir qu' « après son intronisation forcée par des guides religieux venus de Ferké et Kong, Traoré Abdoulaye s'est retrouvé à prier presque seul dans la mosquée. Quelques jours plus tard, des fidèles sont venus fermer la mosquée et bloquer les clés. Convoqués ce jeudi 16 février 2023 par le chef du village, les fidèles y sont allés s'expliquer. C'est pendant que se tenait cette réunion de crise, qu'un détachement de la gendarmerie a été aperçu, accompagné d'un ferronnier, prendre position devant la mosquée et tenter de casser les cadenas de la mosquée. Tout cela en présence de Traoré Abdoulaye et quelques membres de sa famille.»

Par ailleurs, un proche de l'imam Traoré, réfute en bloc toutes ces accusations. « Ils ne veulent pas de l'imam, parce qu'ils estiment que Traoré Abdoulaye n'est pas Palaka (ethnie de Togonieré Ndlr) comme eux. Pourtant, c'est son père qui a enseigné la plupart des enfants du village à l'islam. Et lui-même, a fait de bonnes études islamiques. Il a été intronisé par les plus grands dignitaires religieux musulmans de la région récemment. Malgré tout ça, nos frères refusent d'entendre raison. Maintenant on se demande ce qu'ils veulent vraiment.» déplore-t-il.

Le conflit dure maintenant plus de 6 mois et empoisonne la vie des populations de cette petite sous-préfecture. Malgré toutes les tentatives de règlement du conflit par le corps préfectoral, la chefferie traditionnelle et le Cosim départemental de Ferkessedougou, les choses ne semblent pas rentrer dans l'ordre. Plusieurs voix se lèvent aujourd'hui, pour demander l'implication personnelle du ministre d'État ministre de la Défense, président du conseil régional du Tchologo, Tené Birahima Ouattara dans le règlement dudit conflit. « Nous voulons que le ministre s'imprégne de la réalité des faits car Traoré Abdoulaye et ses amis ont trop intoxiqué l'opinion.» 

estime un sexagénaire du village.

« Il y a trop de mensonges distillés depuis bien longtemps. Il est temps que le ministre de la défense soit vraiment informé avant que le pire ne se produise.» plaide Ouattara M, une fidèle musulmane de ladite mosquée.

Notons que Togonieré fait partie du canton Palaka dans le département de Ferkessedougou qui compte plus de 35 villages. Traoré Abdoulaye rappelons-le, a été intronisé imam central du village le vendredi 27 janvier 2023 devant un parterre de personnalités politiques, religieuses et traditionnelles.

T.K.Emile, Bouaké

tkemile@koaci.com