Côte d'Ivoire : Konaté Imrana, SG de la Confédération des Syndicats du Secteur Pétrolier Offshore et Onshore : « Voici nos principales préoccupations que nous transmettons aux autorités »
Konaté Imrana, SG de la COSYSPOO (Ph KOACI)
Face à leurs différentes préoccupations, la Confédération des Syndicats du Secteur Pétrolier Offshore et Onshore (COSYSPOO) a transmis des demandes d’audiences aux Ministres des Mines, du pétrole et de l’énergie et celui de l’emploi et de la protection sociale, sans suite à ce jour.
Dans un entretien accordé à KOACI.COM, le Secrétaire Général de la COSYSPOO, Konaté Imrana, relance les autorités afin de se pencher sur les différentes préoccupations qui minent leur secteur, tout en espérant avoir une oreille attentive de leur part.
Ci-dessous l’intégralité de l’Interview...
KOACI.COM : M. Konaté, pouvez-nous faire l’historique de votre syndicat COSYSPOO ?
La COSYSPOO n’est pas qu’un syndicat, c’est la confédération des syndicats du secteur pétrolier offshore et onshore. C’est-à-dire un ensemble de syndicats regroupés par fédération. On peut l’appeler aussi centrale à l’instar de l’UGTCI, la FESACI et HUMANISME pour ne parler que de celles-là. Sauf qu’elle ne représente que le secteur pétrolier et gazier. Elle est d’ailleurs la seule confédération du secteur pétrolier et gazier. À l’origine, il y avait le SISPOO, le syndicat ivoirien du secteur pétrolier offshore et onshore, dont les objectifs principaux étaient la fin du travail précaire, le recrutement des Ivoiriens, la formation des Ivoiriens, l’ivoirisation des postes et la rédaction d’une convention collective spécifique au secteur.
KOACI.COM : Quel était le but de la mise en place de cette Confédération dans ce secteur ?
Dans l’objectif d’une meilleure représentation du secteur pétrolier et gazier en ce qui concerne l’amont, c'est-à-dire la recherche et la production, dans les instances de dialogue social qui sont : la Commission Consultative du Travail, le Conseil National du Dialogue Social, le Comité Technique Consultatif pour L’Étude des Questions Intéressant la Santé et la Sécurité au Travail.
KOACI.COM : Quelles ont été les démarches entreprises par la COSYPOO pour réaliser ses objectifs ?
L’organisation administrative pour une reconnaissance par les autorités en premier lieu. Ensuite, poursuivre les négociations partout où cela est nécessaire. Toute chose que le SISPOO faisait déjà, mais à un niveau moins élevé. Notre objectif n’est pas encore atteint, car malgré notre qualité de confédération (centrale) nous ne sommes représentés dans aucune des instances de dialogue social.
KOACI.COM : Vous avez approché les entreprises pour faire cesser la précarisation, quelle a été leurs réponses ?
Nous avons approché les entreprises à travers les inspections du travail et des lois sociales. Dans l’ensemble, les inspections ont réaffirmé nos positions, car conformes aux textes légaux. Les réponses au départ des entreprises n’ont pas été positives. C’est malheureusement cette attitude qui a entrainé le premier préavis de grève et ensuite la grève d’avertissement pour attirer l’attention de l’Etat.
KOACI.COM : l’Etat de Côte d’Ivoire s’est saisi du dossier après votre grève, qu’est-ce que cela donne à ce jour puisque les entreprises n’étaient en règle avec les textes en vigueur ?
Pratiquement toutes les entreprises concernées se sont mises à jour. À l’exception d’une ou deux. Il appartient plutôt à l’Etat de faire respecter les lois. Nous, organisations syndicales, ne pouvons qu’attirer l’attention des autorités sur tel ou tel aspect des textes qui ne seraient pas respectés. À soutenir le travailleur (notre syndiqué) dans l’exercice de ses droits, faire des propositions dans le sens de l’amélioration des conditions de travail, de la prise en considération des aspirations des travailleurs en matière de formation et de plan de carrière.
KOACI.COM : Vous avez signé un Protocole d’accord, a-t-il été appliqué ?
Pas dans son entièreté.
Pourquoi ?
Le protocole prévoyait la mise en place de textes légaux et réglementaires et en matière de droit du travail et d’une convention spécifique au secteur de l’amont pétrolier. Pour l’instant, en dehors de la loi relative au contenu local qui représente les textes légaux, le décret d’application n’a pas encore été adopté et la convention collective du secteur de l’amont pétrolier est toujours à l’état de projet.
KOACI.COM : Que dit la Convention spécifique du Secteur Pétrolier ?
Comme je viens de vous le révéler, la convention est encore à l’état de projet, il est donc difficile de parler de son contenu. Par contre, de l’esprit qui a présidé à sa rédaction, il faut retenir que la convention collective interprofessionnelle en vigueur date de 1977, ne s’adaptait pas au secteur pétrolier et gazier selon certains employeurs. Avant elle, il y a eu une convention du secteur pétrolier datant de 1971 à une époque où il n’y avait pas de main d’œuvre qualifiée dans le secteur. Elle était et est toujours source de conflit. C’est pour cette raison que le SISPOO avait inscrit en priorité dans ses revendications, la rédaction d’une nouvelle convention.
KOACI.COM : Vos principales revendications sont la signature de la Convention et le Recrutement des Ivoiriens au sein des entreprises du Secteur Pétrolier, un appel a lancé aux Autorités ?
L’appel ici est pour l’adoption du décret d’application de la loi relative au contenu local, l’organisation d’un atelier pour l'adoption de la convention entre les employeurs et les organisations syndicales du secteur de l’amont pétrolier.
KOACI.COM : Et si votre dernier appel n’est pas attendu par l’Etat, quel sera la démarche à suivre ?
Nous avons foi que notre appel sera entendu. Après l’élaboration de la loi relative au contenu local dans les activités pétrolières et gazières et sa promulgation par le président de la république, un bon bout du chemin a été parcouru. Nous sommes en contact quasi permanent avec la direction générale des hydrocarbures qui est la cellule technique du ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie. Le décret à notre avis doit être prêt. Il doit au stade de sa pré-adoption. Le séminaire ou l’atelier pour l’adoption de la convention aurait dû être organisé il y a au moins cinq (5) ans. Nous allons le leur rappeler.
KOACI.COM : Votre dernier mot...
L’actuel ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie et celui de l’emploi et de la protection sociale ont été les destinataires, de demandes d’audience restées, jusqu’à présent sans suite. Nous avons même envoyé des relances à nos demandes sans suite pour le moment. Nous ne désespérons cependant pas d’être reçus par ces serviteurs de l’Etat. Nous nous rapprochons davantage de la direction générale des hydrocarbures qui demeure la cheville ouvrière des importants changements dans le secteur de l’amont pétrolier.
Nous voulons aussi vous remercier pour l’occasion que vous nous offrez pour nous exprimer et ainsi informer l’opinion nationale de notre existence et surtout de notre rôle dans le développement du capital humain dans le secteur de l’amont pétrolier. Le SISPOO a été créé en mars 2014, la COSYSPOO elle n'existe que depuis avril 2018, malgré la relative inexpérience de notre organisation, nous avons obtenu la fin de la précarité, le recrutement et la formation des travailleurs nationaux à travers la loi relative au contenu local. La convention collective du secteur pétrolier est déjà élaborée, nous n'attendons que son adoption. Nous avons encore du chemin à parcourir. Nous voudrions aussi remercier nos adhérents pour leur soutien. Nous croyons en eux comme nous espérons qu’ils croient en nous.
Interview réalisée à Abidjan par Donatien Kautcha
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