Côte d'Ivoire : Procès de l'attentat de Grand-Bassam, le procureur Richard Adou requiert la prison à vie pour les quatre accusés et exige un mandat d'arrêt international contre Kounta Dalla
Mercredi au procès de l'attentat de Grand Bassam au Tribunal d'Abidjan (ph KOACI)
La prison à vie. Telle est la peine que le procureur de la république Richard Adou a requis, ce mercredi 21 décembre 2022, contre Kounta Dalla et toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans l'attaque terroriste perpétrée contre la ville de Grand-Bassam, le 13 mars 2016. C'était lors de l'acte 7 du procès dudit attentat qui a fait 19 morts et 33 blessés.
Cette peine demandée par le procureur concerne aussi les quatre accusés qui comparaissent à la barre du tribunal criminel d'Abidjan, depuis le 30 novembre 2022, dans le cadre du même procès.
Le procureur, dans un réquisitoire particulièrement long et construit dans un objectif démonstratif et pédagogique, a reconstitué le puzzle du dossier de l'attentat de Grand-Bassam. Il est revenu sur les faits qui ont traumatisé et même coûté la vie à 19 Ivoiriens (dont trois éléments des forces spéciales) et blessés 33 autres, dans l'optique d'aboutir à une peine qui soit exemplaire et dissuasive.
«Si les personnes matérielles, c'est-à-dire, les trois terroristes sur la station balnéaire de Grand-Bassam ont été réduits au silence, il n'en demeure pas moins que Kounta Dalla, Hamza Mohamed, Alou Doumbia, Diko Midy, Ibrahim Ould Mohamed et autres, ont été les organisateurs et les planificateurs du projet. Ils n'ont certes pas appuyé sur la gâchette, mais ce sont eux les têtes pensantes de l'attentat. De ce fait, nous les déclarons coupables », a-t-il indiqué.
S'agissant des quatre prévenus qui comparaissent devant le tribunal criminel d'Abidjan-Plateau, Richard Adou les a tous déclarés coupables, non sans revenir sur les faits qui incriminent chacun.
« Malgré leurs visages d'anges, ils ont aidé, assisté Kounta Dalla et compagnie, en leur offrant gîte et couvert et en participant à la planification de l'attaque », a-t-il fait savoir.
Il a poursuivi ses démonstrations en rappelant le rôle joué par chacun des quatre dans la planification et l'exécution du projet funeste.
«Kounta Sidy Mohamed, pendant qu'il était à Boundiali pour prendre une deuxième femme, a accepté d'héberger Kounta Dalla sous son toit, malgré la configuration exiguë de sa maison, selon lui. Il a accepté d'héberger un parfait inconnu et le dimanche 13 mars 2016, jour de l'attaque, Kounta Dalla était chez lui où ils ont pris du thé et le déjeuner ensemble entre 12h et 14h. Mais en réalité, ils étaient ensemble à cette heure, mais pas à son domicile, puisque selon les témoignages à cette heure, les terroristes avaient déjà été conduits à la plage par leurs soins. Au vu de ce qui précède, nous le déclarons coupable de ce qui lui est reproché ».
Pour ce qui concerne Cissé Ag Mohamed, le procureur a déclaré ceci : " Il a servi de chauffeur à Kounta Dalla, alors que celui-ci avait déjà son chauffeur. Il l'a accompagné le 17 mars 2016, c'est-à-dire le jour d'après l'attaque à l'aéroport. Kounta Dalla lui a confié son véhicule Toyota V8 et plusieurs de ces affaires à savoir 6 matelas, des ventilateurs et des bouteilles de gaz butane. Par ailleurs, il a été établi que Cissé Ag Mohamed et Kounta Dalla viennent du même village au Mali. Cissé Mohamed avait connaissance du projet et donc il convient de le déclarer coupable », a-t-il mentionné.
S'agissant de Cissé Antao Ag Mohamed, le procureur a dit : « il a nié connaître Kounta Dalla et pourtant, il s'est rendu à Bassam avec Kounta Dalla et ses coaccusés et soutient avoir nagé avec eux. Il a rencontré trois fois Kounta Dalla. Une fois à Treichville, une deuxième fois à Koumassi et une troisième fois à Bassam. Il convient de le déclarer coupable des faits qui lui sont reprochés ».
Concernant Barry Hassan, le procureur a relevé que « tantôt, il dit être Ivoirien, tantôt Burkinabè. Il a été très proche de Bakaye et Hamza Mohamed, eux-mêmes proches de Kounta Dalla. Il s'est montré intéressé par des trafics illicites de billets noirs. Il a célébré la fête de Tabaski au domicile d'Hamza Mohamed et les photographies mettent en évidence leurs relations plus que fraternelles. Au vu de ce qui précède, il est déclaré coupable des faits mis à sa charge », s'est justifié, le procureur Richard Adou.
Ainsi, ces quatre accusés ont été reconnus coupables par le procureur pour avoir participé en qualité d'auteur à la phase préparatoire de l'attaque.
Adou Richard a en outre exigé du tribunal, qu'un Mandat d'arrêt international soit émis contre Kounta Dalla et compagnie, vu qu'ils ne résident pas sur le territoire ivoirien.
L'autre moment fort de ce procès, a été la plaidoirie de l'avocat de la partie civile. Pour lui, les auteurs de l'attentat de Grand-Bassam ne sont rien d'autres que des criminels. Il a par conséquent, demandé au président du tribunal criminel de faire une stricte application de la loi pénale sur ces personnes.
« Ces gens étaient venus chercher des galons, parce que lorsqu'ils vont en mission et réussissent leur opération, ils reçoivent des promotions dans leurs organisations. Monsieur le président, retirez-leur ces galons, faites les subir la rigueur de la loi », a-t-il révélé.
L'avocat, lui-même musulman, s'est offusqué du fait que des gens aient pu tuer au nom de l'islam alors que la religion musulmane prône la tolérance, la miséricorde et surtout la liberté de la foi. Il l'a étayé à la lumière de plusieurs sourates et a pour finir, réclamé au nom des personnes qui se sont constituées partie civile composée essentiellement de ressortissants français, le franc symbolique à titre de réparation.
Les avocats de la défense, quant à eux, feront leur plaidoirie ce jeudi, même s'ils estiment ne pas être en possession de plusieurs éléments importants pour bien défendre leurs clients.
Wassimagnon
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