Burkina Faso : L'ancien ministre Alpha Barry alerte sur le « risque d'une vraie guerre civile »
L'ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry a dans une tribune appelé à faire "attention au risque d’une vraie guerre civile" après la diffusion d'audios appelant l’extermination d’autres communautés dans le Sud-Ouest du pays, qu'il juge "inquiétant pour notre cohésion nationale et notre vivre-ensemble".
« Les derniers appels à l’extermination des Peuls dans la région du sud-ouest de notre pays, le Burkina Faso à travers des audios nous oblige à parler », a d'emblée écrit Alpha Barry, rappelant que « la prise de parole sur les questions communautaires n’est jamais aisée. Mais il est des moments où se taire devient coupable ».
En effet, a-t-il poursuivi, « ce que nous entendons à travers certains audios qui circulent est plus qu’inquiétant pour des populations peuls innocentes installées dans cette région ».
« C'est aussi inquiétant pour notre cohésion nationale et notre vivre-ensemble. Curieusement, certains appels sont lancés par des immigrés. Ces derniers trouvent-ils acceptable que si un Burkinabè au Canada ou aux États-Unis commet un crime, canadiens et américains doivent exterminer tous les Burkinabè vivant dans ces pays ? Je crois que non ! », a-t-il illustré.
Alpha Barry estime Alors qu'il s'agit d'une « grosse erreur que de penser qu’il faut aller s’en prendre à des innocents. Parce que partout où les gens ont pensé que c’était la solution, ils ont plutôt plongé leur région et leurs villages dans des drames ».
Selon lui, « il nous faut conjuguer nos efforts pour ne pas créer des facteurs aggravants de la crise. C’est aux autorités, aux intellectuels que nous sommes et aussi aux fils de la région de faire comprendre, que ce soit au Mali ou ailleurs au Burkina, s’en prendre aux populations peules ne fait qu’aggraver la situation ».
« Une fois qu’on aura exterminé les populations peules (Dieu nous en garde et je touche du bois) dans leur campement, comment ça va se terminer ? Ceux qui auront commis ces forfaits, auront-ils la paix après ! Je ne crois pas parce que partout où on a choisi cette solution, les conséquences ont été plus graves », a estimé l'ancien chef de la diplomatie du président Roch Marc Christian Kaboré.
« Si la majorité des terroristes sont peuls, plus de 90% des peuls ne sont pas terroristes. Donc, il faut en tenir compte dans la gestion de la crise que nos pays traversent. Mieux, il faut comprendre plutôt que la majorité des peuls sont victimes du terrorisme, pour ne pas dire que les peuls sont les premières victimes du terrorisme », a-t-il indiqué.
Pour lui, « Il faut donc avoir une certaine lucidité dans l’approche, sinon on va plonger la région du sud-ouest comme d’autres régions de notre pays où on a choisi la stigmatisation, les représailles et les exactions comme solution ».
« Aujourd’hui, il revient donc aux autorités politiques, au fils des régions concernées, intellectuels et coutumiers et à tous les leaders d’aller sur le terrain, de rencontrer les populations, de mener des actions fortes pour prôner la cohésion et le vivre-ensemble qui sont le ciment de notre nation. Sinon le risque d’une vraie guerre civile n’est pas loin. On doit être convaincu que ça n’arrive pas qu’aux autres », a prévenu M. Barry.
Boa, Ouagadougou
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