Côte d'Ivoire : Financement du PND 2021-2025, le PPA-CI condamne la boulimie d'endettement et se prononce sur les dégâts des orages
Justin Koné Katinan, porte-parole du Parti des Peuples Africains -Côte d’Ivoire (PPA-CI) était ce jeudi 23 juin 2022 face à la presse à Cocody-Anono dans le cadre de la « Tribune du PPA-CI », comme sur place constaté par KOACI.
Au cours de cet exercice institué pour se tenir chaque deux semaines, l’ancien ministre du budget de Laurent Gbagbo a passé en revue des sujets relatifs à la table ronde sur le financement du PND 2021-2025, la question des éboulements et les inondations ayant entrainé des pertes en vie humaine et la fin du statut d’exilé aux ivoiriens vivant en exil.
Sur le premier sujet touchant à la question de la table ronde sur le financement du PND 2021-2025 au cours de laquelle le gouvernement ivoirien a réuni des bailleurs de fonds à Abidjan à l’effet de mobiliser les ressources pour le financement du PND 2021-2025 avec comme montant nécessaire au financement de ce programme s’élévant à 59.000 milliards de Francs CFA.
Pour ce programme exclusivement dédié aux investissements dans les 11 thématiques sectorielles dégagées par le gouvernement, le Parti de Gbagbo par la voix de son porte-parole estime que le mode et la hauteur du financement prennent à défaut les prévisions du stock de la dette tel que projeté par le gouvernement.
Pour Katinan, tout dans ce plan repose sur la dette et que la quasi-totalité des rubriques de financement de ce programme fait appel à un emprunt massif. Analysons ensemble chacune des rubriques de financement.
Le PPA-CI affirme que tout le programme du gouvernement repose exclusivement sur l’endettement et que dans ces conditions, les projections des encours de la dette du gouvernement de 2024, estimée à 22.478,5 sont intenables.
« Le gouvernement fait sciemment de fausses projections de l’encours de la dette juste pour respecter, en théorie, les ratios en la matière. C’est d’ailleurs pour la même raison que le gouvernement exclut du stock de la dette, les dettes gérées dans le cadre du C2D français et le PCD espagnol qui obéissent plus ou moins aux mêmes règles. En effet, ces deux mécanismes d’allègement de la dette, dans le cadre du programme PPTE, n’opèrent pas une annulation automatique de la dette. Le débiteur doit d’abord s’acquitter de sa dette avant que celle-ci ne soit reconvertie par la suite en projets de financement. En 2021, l’intégration des ressources C2D a représenté 124,2 milliards. Dans ces conditions, le gouvernement a tort d’exclure le C2D de ses engagements. En incluant la dette traitée dans le cadre du C2D et PCD, l’encours global devrait être de 21.005,2 milliards au 31 décembre 2021 (54,7% du PIB) et non 20.250,1 (52,7%) comme l’annoncent les chiffres officiels. Ce stock est déjà impressionnant eu égard aux capacités de mobilisations des recettes fiscales malgré les efforts déployés par les administrations financières de l’Etat. Mais le gouvernement, adepte de la politique de l’autruche, feint de ne point voir le danger qui est plus que latent. Incapable d’offrir d’autre alternative du développement, il est devenu addictif à l’endettement massif quitte à compromettre plusieurs générations futures. Dans la manifestation de son addiction à la dette, il applaudit les simples annonces d’emprunts même quand celles-ci restent invraisemblables. En effet, comment peut-on prendre au sérieux des annonces d’engagements financiers qui ne se rapportent pas à des projets structurels identifiés en avance. », a martelé le natif d’Arikokaha.
En conséquence, le Parti de Gbagbo a condamné la boulimie d’endettement du gouvernement ivoirien. Il projette en attendant une analyse approfondie de la dette afin d’en dégager des solutions sectorielles de demander à ses députés d’introduire auprès de l’assemblée nationale qu’une requête à l’effet d’entendre le ministre de l’économie et des finances sur la dette ivoirienne parce que le volume de l’endettement compromet dangereusement le président et l’avenir de notre nation.
Par ailleurs, le PPA-CI a exigé que le bilan du dernier PND (2018-2021) soit établi afin d’en vérifier l’impact en termes d’amélioration de la vie des ivoiriens.
« Parce qu’il est incompréhensible que la paupérisation de la population s’aggrave malgré ses programmes, du reste, de développement très coûteux pour le peuple », a clamé Justin Koné Katinan.
Concernant les éboulements et inondations ayant entraîné des pertes en vie humaine, le PPA-CI fait remarquer que la récurrence de ces inondations meurtrières procède de causes d’ordre structurel.
Le Parti de Gbagbo déplore le fait qu’au lieu des solutions structurelles, le gouvernement donne à ces catastrophes des réponses d’ordre conjoncturel qui s’avèrent inefficace malgré leurs coûts exorbitants pour les contribuables ivoiriens et expliquent également, en partie l’endettement massif du pays.
« Cette cause est l’engorgement de la ville d’Abidjan du fait de sa surpopulation. Les résultats du dernier RGPH confirment la thèse de notre parti. En effet, sur une population globale du pays estimée à 28 millions d’habitants, le district d’Abidjan seul compte plus de 6 millions d’habitants. L’une des facettes de cette problématique est la crise de logement décent. Selon plusieurs études sérieuses, le déficit de logement à Abidjan est de l’ordre de 12 000 par an. Il s’agit ici de logements avec un minimum de commodités. L’estimation concerne les personnes qui ont les moyens d’occuper ces logements s’ils existaient. Mais une très forte partie de la population vit dans les bidonvilles, appelés également habitats spontanés », a analysé le porte-parole du PPA-CI.
Pour lui, l’urbanisation incontrôlée de la ville d’Abidjan ne pose pas des problèmes d’ordre social aux seules populations d’Abidjan.
« Ces efforts budgétaires, en termes d’investissements, se font au détriment des populations des autres parties du pays, notamment celle des zones rurales. Il suffit de quitter Abidjan pour constater la disparité frappante et évidente qui se dégage entre cette ville et les autres parties du pays, y compris celles situées dans la ceinture la plus immédiate. Comme un serpent de mer qui se mord la queue, plus l’on investit à Abidjan plus elle attire des populations. Le gouvernement, perdu dans le tourbillon de sa propre politique d’urbanisation d’Abidjan, pour tenir le rythme, est obligé d’offrir des infrastructures de basse qualité qui s’écroulent ou se détériorent à la première averse. » a déclaré le candidat annoncé aux élections locales pour le compte du Parti de Gbagbo à Port-Bouët.
Koné Katinan a terminé son grand oral sur la question de la fin du statut des réfugiés des ivoiriens. Il a, d’entrée de jeu souligné que le PPA-CI se range du côté de ces réfugiés qui retournent dans un état de précarité sociale sévère.
Enfin, le vice-président du PPA-CI a fait savoir que son Parti a porté les préoccupations des réfugiés au gouvernement dans le cadre du dialogue politique.
« Le gouvernement avait suggéré que l’ensemble du dispositif de l’Etat relatif à l’insertion socio-professionnelle des jeunes soit porté à la connaissance de notre parti afin qu’il le diffuse auprès des réfugiés. Jusqu’à ce jour, rien n’a été fait dans le sens de ce qui avait été promis. Dans ces conditions, comment ne pas douter de la bonne foi du gouvernement quant à sa volonté de faciliter le retour de ses citoyens vivant en exil. Au lieu d’opérer par la sensibilisation avec des propositions concrètes, le gouvernement et le HCR ont opté pour le passage en force. L’ONU et le gouvernement ivoirien veulent sauver les apparences d’une Côte d’Ivoire pacifiée qui ne justifie plus l’exil des citoyens. Mais la réalité est là et le drame de GUEYA ci-dessus rappelé est la preuve de cette réalité qui ne peut se cacher. », a martelé Koné Katinan pour terminer.
Jean Chrésus, Abidjan
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