Côte d'Ivoire : Présentation du 12ᵉ rapport de la Banque mondiale, Adama Coulibaly appelle le secteur privé à « une responsabilité numérique »
Le lancement du 12ᵉ rapport de la Banque mondiale sur la situation économique en Côte d'Ivoire intitulé "Tirer profit de l'économie numérique pour une croissance résiliente" a eu lieu cet après-midi en présence d'Adama Coulibaly, ministre de l'Economie et des finances et certains membres du Gouvernement ivoirien au cours d'une cérémonie à Abidjan.
Adama Coulibaly a salué, la qualité du rapport ainsi que la pertinence des recommandations formulées. Il a néanmoins partagé quelques commentaires et rappelé brièvement quelques priorités de développement du digital dans le pays.
Le rapport note à juste titre l’économie numérique comme levier d’amélioration de la productivité. Tous s'accordent, en effet, à reconnaître que la transformation digitale contribuera à accélérer la dynamique économique mondiale au cours de la prochaine décennie et même au-delà. Cette transformation inclut, notamment, les innovations en matière de connectivité 5G, d’intelligence artificielle, de cryptomonnaies, de blockchains, pour ne citer que celles-là. À titre illustratif, il ressort d’études récentes (McKinsey et autres) qu’un accès plus rapide à la 5G dans les secteurs du transport, la santé, l’industrie et le commerce de détail permettrait d’accroitre le PIB mondial de 1200 à 2000 milliards de dollars d’ici à 2030.
Toutefois, le ministre de l'Économie et des finances estime que tirer avantage de cette transformation numérique nécessite que les pays soient suffisamment préparés, notamment en matière de gestion de la cybercriminalité, de vulgarisation des TICs, de savoir-faire, de Recherche et développement et d’accès aux financements.
Selon lui, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement, les pays les moins préparés sont en Afrique Subsaharienne et plus généralement les pays en développement.
Adama Coulibaly est revenu sur certains points du rapport qui paraissent essentiels pour accélérer les retombées économiques du digital.
«Tout d’abord, il ressort de l’expérience des économies avancées et marchés émergents que la vulgarisation des TICs a fortement contribué à accroitre la productivité, car elle a entrainé un changement des modèles économiques, impacté les chaînes de valeurs et accéléré le transfert de valeur ajoutée dans le secteur industriel. Conscient des enjeux importants que véhicule le développement de l’économie numérique pour notre pays, le Gouvernement l’a inscrit comme une des priorités de sa stratégie de développement. L’enjeu pour la Côte d’Ivoire est donc de pérenniser les acquis et de promouvoir une transformation numérique efficace et inclusive. Le Gouvernement envisage d’accroitre le taux d’accès à Internet haut débit pour les ménages et très haut débit pour les entreprises, et de rendre disponibles les services en ligne, en encourageant les investissements dans les infrastructures, afin d'améliorer la couverture dans les zones rurales et isolées, et en adoptant des réformes pro-concurrentielles dans les secteurs des télécommunications afin de faire baisser les prix », a-t-il mentionné.
Le second point qui lui parait crucial est l’accès aux financements. Selon lui, la plupart des pays en développement ont augmenté leurs dépenses de Recherche et Développement, mais celles-ci sont encore relativement faibles. L’Union africaine, par exemple, a fixé un objectif de 1% du PIB, mais en moyenne les pays d’Afrique subsaharienne en sont encore à 0,38%.
«Le Gouvernement entend œuvrer à réduire les contraintes financières qui entravent le développement de l’infrastructure numérique, en remédiant aux défaillances du marché dans le financement des jeunes entreprises innovantes. Dans ce cadre, il compte promouvoir les mécanismes de financement innovants, notamment les financements participatifs et les fonds d’innovation et de technologie. (Appel à l’appui des partenaires) », a-t-il promis.
Le troisième point est relatif à la gestion des risques, notamment la cybercriminalité, qui est classée aujourd’hui comme le troisième plus grand fléau économique dans le monde, derrière la corruption et le trafic de stupéfiants.
Selon l’étude réalisée en 2020 par McAfee et le Centre américain pour les Etudes Internationales et Stratégiques (CSIS), la cybercriminalité coûterait à l’économie mondiale plus de 1000 milliards de dollar par an. Ainsi, développer l’économie numérique requiert la mise en place de mécanismes de gestion des externalités de la cybercriminalité.
Dans ce cadre, les économies avancées ont réalisé des progrès en matière de prévention, de législation, de répression et de poursuites. En Côte d’Ivoire, afin de contenir ce fléau, le Gouvernement a mis en place sa Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité, qui a permis à ce jour de traiter en moyenne 50% des cas signalés d’infractions cybercriminelles.
Le ministre de l'Economie et des finances estime que le secteur privé a un rôle crucial à jouer dans cette quête de développement de l’infrastructure numérique et en appelle donc à ce qu’il qualifierait de « responsabilité digitale » des entreprises pour, tout d’abord œuvrer à l’accroissement et la facilitation de l’accès des populations aux services de télécommunications, mais également veiller à une utilisation éthique des nouvelles technologies.
«L’expérience de l’Inde est parlante à cet effet, où les coûts pratiqués par certaines entreprises sont les plus faibles au monde. Quant à l’utilisation éthique des nouvelles technologies, nous exhortons les entreprises à trouver le juste équilibre pour préserver les relations de travail », a conclu, Adama Coulibaly.
Wassimagnon
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