Les dix crises de déplacement de populations les plus négligées dans le monde ont été toutes recensées en Afrique, avec en tête de liste des pays comme la RD Congo, le Burkina Faso, le Cameroun, le Soudan du Sud, le Tchad, le Mali, le Soudan, le Nigeria, le Burundi et l'Éthiopie, selon un rapport de l'ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publié ce mercredi. 

Cette liste des crises de déplacement négligées est basée sur trois critères : le manque de financement, le manque d'attention médiatique et le manque d'initiatives politiques et diplomatiques internationales. 

Selon le classement peu reluisant, la RDC arrive en tête, suivie par le Burkina Faso, le Cameroun et le Sud-Soudan. 

"Le fait que les crises les plus négligées au monde se situent toutes en Afrique témoigne de l'échec chronique des décideurs, des bailleurs de fonds et des médias à traiter les conflits et la souffrance humaine sur ce continent", a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, en lançant le rapport. 

"Avec la guerre omniprésente en Ukraine, je crains que la souffrance africaine ne soit encore plus reléguée dans l'ombre.", a-t-il dit. 

"La RDC est devenue un exemple type de négligence. C'est l'une des pires crises humanitaires de ce siècle, et pourtant ceux qui, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Afrique, ont le pouvoir de créer le changement ferment les yeux sur les vagues d'attaques brutales et ciblées contre les civils qui brisent les communautés."

Le nord-est de la RDC est en proie à des tensions et des conflits intercommunautaires, avec une augmentation spectaculaire des attaques contre les camps de déplacés depuis novembre 2021.

 5,5 millions de personnes sont désormais déplacées dans le pays et l'insécurité alimentaire a atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré, un tiers de la population souffrant de la faim.

Au Burkina Faso, malgré un pic important de personnes fuyant leur foyer en 2021, cette crise de déplacement a reçu une couverture médiatique nettement inférieure, sur l'ensemble de l'année, à celle que la guerre en Ukraine a reçue en moyenne chaque jour pendant les trois premiers mois du conflit, estime NRC. 

"La guerre en Ukraine a démontré l'immense fossé entre ce qui est possible lorsque la communauté internationale se mobilise pour une crise et la réalité quotidienne de millions de personnes qui souffrent en silence au sein de ces crises sur le continent africain que le monde a choisi d'ignorer", a déclaré Egeland.

"Ce n'est pas seulement injuste - ce parti pris a également un coût énorme. Des vies qui auraient pu être sauvées sont perdues. On laisse les conflits se transformer en crises prolongées et dévaster les espoirs de générations de personnes pour un meilleur avenir.", a-t-il ajouté. 

Les niveaux de faim sont en hausse dans la plupart des pays figurant sur la liste des crises négligées. La situation déjà grave en matière de sécurité alimentaire a été aggravée par la hausse des prix du blé et du carburant causée par la guerre en Ukraine.

"La rapidité avec laquelle les Nations unies, l'Union européenne et d'autres partenaires internationaux ont réagi à la guerre en Ukraine devrait inspirer la même urgence à trouver des solutions et aider les crises les plus négligées de notre siècle", a conclu M. Egeland. 

Boa, Ouagadougou