Côte d'Ivoire : Fistule obstétricale, 250 nouveaux cas enregistrés chaque année et une prise en charge chirurgicale annuelle de moins de 10%
Le monde entier célèbre ce 23 mai 2022, la journée commémorative de l’élimination de la fistule obstétricale instituée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 21 novembre 2012, il y a dix ans.
On estime en Côte d’Ivoire, à 0,7% la prévalence de la Fistule Obstétricale chez les femmes en âge de procréer soit 44 602 cas selon une étude (MICS, 2016).
Pierre Dimba N'Gou, ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle de Côte d’Ivoire à l’occasion de la JIFO 22 précise dans une déclaration de presse que malgré des efforts réalisés, on note encore une persistance de cette infirmité en Côte d’Ivoire avec environ 250 nouveaux cas enregistrés chaque année et une prise en charge chirurgicale annuelle de moins de 10%.
"Depuis 2012, le Gouvernement de Côte d'Ivoire a lancé, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers l’Agence Coréenne de Coopération Internationale (KOICA) et le Fonds des Nations Unies pour la Populations (UNFPA), le Projet d’appui à la prévention et la prise en charge des fistules obstétricales, dont la troisième phase est en cours. C’est environ 20 millions de dollars US qui ont permis, entre autres, de renforcer le plateau technique du système de santé, de renforcer les capacités des prestataires de santé, de traiter environ 3000 porteuses de fistules obstétricales, de réinsérer au plan socio-économique 1062 ex-porteuses de fistules obstétricales, de créer et rendre fonctionnels 09 centres de prévention et de prises en charge et de mobiliser la communauté autour des questions de lutte contre les fistules obstétricales", ajoute, le ministre de la Santé.
Pour atteindre l’objectif d’élimination de la fistule d’ici 2030, le thème de la journée internationale cette année est « Éliminer la fistule dès aujourd’hui : investir dans des soins de santé de qualité, autonomiser les communautés».
La fistule obstétricale est à la fois une question de santé publique et de droits humains : chacun a le droit de vivre dignement et en bonne santé. Selon une étude sur l’investissement sur la fistule obstétricale, 1 dollar investi dans la prévention permet d’économiser 3 dollars.
Pour Pierre Dimba N'Gou, il est donc temps d’en finir avec la fistule maintenant : c’est investir dans des soins de santé de qualité, autonomiser les communautés ! » par une synergie d’intervention de tous les acteurs et de tous les secteurs, une approche multisectorielle.
Notons que la fistule obstétricale est l’une des lésions les plus graves et les plus dangereuses susceptibles de survenir lors d’un accouchement. Les femmes qui en souffrent sont souvent condamnées à la dépression, à l’isolement social et à une aggravation de leur état de pauvreté. La fistule obstétricale est une grave blessure d’accouchement pour les femmes qui les subissent, généralement une cause de mortalité pour les enfants à naître (dans 90 % des cas, l’enfant est mort-né), et surtout c’est une lésion tout à fait traitable et largement évitable.
Elle est une perforation de la filière pelvigénitale causée par un travail prolongé ou obstrué. Si elle n’est pas traitée, elle peut provoquer des infections, des maladies voire l’infertilité. De plus, certaines femmes expérimentent des fuites d’urine et/ou de matières fécales, ce qui peut conduire leur mari à les quitter, leur communauté à les bannir et leurs opportunités d’emploi à disparaître. Elles peuvent aussi souffrir de troubles de la santé mentale.
Par ailleurs, lorsque les corps sont trop jeunes, ce qui est le cas avec les mariages d’enfants ou certaines grossesses non désirées, ils ne sont pas prêts pour la grossesse et l’accouchement et sont très vulnérables. Les femmes peuvent développer une fistule obstétricale si elles n’ont pas accès aux structures de santé et ne reçoivent pas les soins de qualité d’un personnel de santé qualifié comme une sage-femme ou un maïeuticien.
Toutefois, cette blessure peut être évitée par le biais des soins de santé reproductive, de l’accès à la contraception, de la présence de soignant(e)s qualifié(e)s au moment de l’accouchement, et des soins obstétricaux d’urgence.
Enfin dans les pays développés, cette blessure a pratiquement disparu mais ce n’est pas le cas dans les pays les plus pauvres qui ne disposent pas de soins de santé maternelle adaptés.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire