Côte d'Ivoire
Les autorités ont empêché des
rassemblements pacifiques de se tenir. Des
centaines de manifestant·e·s ayant été
arrêtés dans le contexte de l’élection
présidentielle de 2020 ont été libérés et
des enquêtes ont été menées sur les
violences perpétrées à l’époque. Une
hausse de 8,8% du prix des produits de
première nécessité a mis à mal le droit à
l’alimentation. Des milliers de personnes
ont vu leurs maisons démolies sans se voir
proposer aucune solution de relogement.
L’État a pris des mesures pour stimuler la
campagne de vaccination contre le
COVID-19. L’Assemblée nationale a adopté
une loi visant à supprimer l’obligation pour
les victimes de violences fondées sur le
genre de présenter un certificat médical
pour pouvoir déposer une plainte.
CONTEXTE
Entre le 21 janvier et le 28 février, les
pouvoirs publics ont instauré l’état d’urgence
pour faire face à la pandémie de COVID-19.
Celui-ci a été renouvelé en mars jusqu’au
mois de juin, puis il a été prolongé en juillet
jusqu’au 30septembre.
Les élections législatives se sont tenues le
6mars, soit plus de quatre mois après
l’élection présidentielle lors de laquelle
Alassane Ouattara a été réélu pour un
troisième mandat. En juin, l’ancien Premier
ministre Guillaume Soro a été condamné par
contumace à la réclusion à perpétuité pour
atteinte à la sûreté nationale.
LIBERTÉ DE RÉUNION
Le 17 juin, date à laquelle l’ancien président
Laurent Gbagbo est retourné en Côte d’Ivoire
après que la CPI l’a acquitté des charges de
crimes contre l’humanité qui pesaient sur lui
(voir Droit à la vérité, à la justice et à des
réparations), la police a utilisé du gaz
lacrymogène pour disperser des groupes de
sympathisant·e·s tout au long de la journée.
Elle a empêché une manifestation
pacifique de se tenir le 21juillet, en fondant
sa décision en partie sur les problèmes de
santé publique et de sécurité liés à la
pandémie de COVID-19. La manifestation
était organisée par l’Initiative citoyenne contre
la cherté de la vie, mouvement dénonçant le
coût élevé de la vie.
ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS
ARBITRAIRES
En janvier, cinq femmes de l’opposition qui
avaient été arrêtées arbitrairement lors d’une
manifestation pacifique organisée en août
2020 contre la candidature du président
Alassane Ouattara ont été libérées sans
condition après plus de quatre mois de
détention.
En avril, Pulchérie Edith Gbalet, présidente
d’Alternative citoyenne ivoirienne,
organisation qui œuvrait en faveur de la
justice sociale, et ses trois collègues, Gédéon
Junior Gbaou, Aimé César Kouakou N’Goran
et Cyrille Djehi Bi, ont été libérés de la
maison d’arrêt et de correction d’Abidjan.
L’affaire mettant en cause Pulchérie Edith
Gbalet se poursuivait à la fin de l’année.
Celle-ci avait été arrêtée arbitrairement le
15 août 2020 par des hommes encagoulés
après avoir appelé à manifester
pacifiquement et elle avait été inculpée
d’« atteinte à l’ordre public, participation à un
mouvement insurrectionnel, atteinte à
l’autorité de l’État, destruction volontaire de
biens publics et provocation à un
attroupement ». Une centaine d’autres
personnes, également arrêtées lors des
manifestations de 2020, ont été libérées en
avril, à titre provisoire ou sous contrôle
judiciaire. Ces personnes avaient été
détenues dans des conditions déplorables et
leurs contacts avec leurs avocat·e·s avaient
été limités1.
Le 17 juin, des dizaines de
sympathisant·e·s de Laurent Gbagbo ont été
arrêtés arbitrairement pour troubles à l’ordre
public lorsqu’ils se sont rassemblés pour
accueillir l’ancien président à son retour dans
le pays. Ils ont été libérés par la suite.
En août, à la veille de la fête de
l’indépendance, le président Alassane
Ouattara a annoncé que 69 personnes
supplémentaires seraient remises en liberté
conditionnelle ou provisoire et il en a gracié
neuf autres qui s’étaient opposées à sa
candidature.
DROIT À LA VÉRITÉ, À LA JUSTICE ET À
DES RÉPARATIONS
En janvier, les autorités ont commencé à se
rendre sur le terrain pour enquêter sur les
violences commises entre août et novembre
2020 dans le contexte des élections. Le
procureur de la République a présenté en
décembre le rapport final de l’Unité spéciale
d’enquête qui indiquait que 273 personnes
étaient soupçonnées d’avoir commis des
infractions. Parmi ces personnes,
233 avaient déjà été arrêtées. La plupart
d’entre elles ont été libérées à titre provisoire
ou placées sous contrôle judiciaire, tandis
que 11 autres étaient toujours maintenues en
détention provisoire à la fin de l’année.
En mars, la CPI a acquitté Laurent Gbagbo
et Charles Blé Goudé, ancien ministre de la
Jeunesse, de toutes les charges de crimes
contre l’humanité qui pesaient sur eux. Ces
deux hommes étaient jugés pour des crimes
qui auraient été commis dans le contexte des
violences postélectorales de 2010-2011. En
juillet, la CPI a levé le mandat d’arrêt qui
avait été décerné à l’encontre de l’épouse de
l’ancien président, Simone Gbagbo, pour des
charges de crimes contre l’humanité,
lesquels auraient été perpétrés à la même
période.
Le 15 avril, un tribunal d’Abidjan a déclaré
l’ancien chef de milice Amadé Ouérémi
coupable de crimes contre l’humanité pour
des actes commis dans le contexte des
violences postélectorales de 2011.
DROIT À LA SANTÉ
Les autorités ont commencé leur programme
de vaccination contre le COVID-19 en mars.
Face au faible taux de vaccination, elles ont
lancé une campagne de sensibilisation et, en
juillet, elles ont créé 12 unités mobiles à
Abidjan pour faciliter l’accès aux vaccins. Le
8 septembre, l’État a annoncé qu’il
autoriserait l’association de différents vaccins
afin d’accroître le taux de vaccination, car ses
stocks du vaccin AstraZeneca étaient
épuisés. Toujours en septembre, il a
également annoncé une campagne
d’accélération des vaccinations dans la
région du Grand Abidjan pour les personnes
les plus à risque, notamment les plus de
60 ans, les personnes ayant des problèmes
de santé préexistants, les professionnel·le·s
de la santé, les membres des forces de
défense et de sécurité, et les enseignant·e·s.
En décembre, le gouvernement a lancé une
nouvelle campagne de vaccination de dix
jours à Abidjan dans le contexte de
l’émergence du variant Omicron.
DROIT À L’ALIMENTATION
En juillet, des Ivoiriennes et des Ivoiriens ont
dénoncé, sur les réseaux sociaux, le coût
élevé de la vie et la hausse des prix des
produits de première nécessité, y compris de
la nourriture, qui causaient des difficultés
considérables à une grande partie de la
population. L’Institut national de la statistique
a signalé que le prix des aliments et des
boissons non alcoolisées avait augmenté de
8,8 % entre août 2020 et août 2021. Le
Premier ministre s’est entretenu avec
plusieurs acteurs de la filière
d’approvisionnement en biens de
consommation afin de trouver une solution
pour endiguer la hausse des prix et a
annoncé que les activités du Conseil national
de lutte contre la vie chère seraient
renforcées afin de contrôler les prix du
marché.
DROITS EN MATIÈRE DE LOGEMENT
En octobre, les logements de milliers de
personnes ont été détruits sur ordre de la
municipalité de Yopougon dans le quartier de
Banco Nord Extension 2, dans la banlieue
d’Abidjan. Aucune solution de relogement n’a
été proposée aux victimes. Ces démolitions
ont eu lieu quelques jours après que les
habitant·e·s ont engagé des procédures
judiciaires pour empêcher leur expulsion. Le
gouvernement avait réinstallé ces personnes
dans ce quartier il y a plus d’une trentaine
d’années.
VIOLENCES SEXUELLES OU FONDÉES
SUR LE GENRE
En octobre, la Commission des affaires
générales et institutionnelles de l’Assemblée
nationale a adopté à l’unanimité une loi
disposant que les victimes de violences
sexuelles ou fondées sur le genre n’avaient
pas besoin de produire un certificat médical
comme preuve lorsqu’elles déposaient une
plainte. Aux termes de ce texte, si la police
ou le parquet demandait une telle preuve, la
victime n’avait pas à supporter le coût
prohibitif d’un certificat médical, qui
empêchait auparavant les victimes de
réclamer justice.
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