Burkina Faso : Deuxième plus forte hausse des déplacements depuis le début des attaques jihadistes
Plus de 160.000 nouveaux déplacés ont été enregistrés en janvier au Burkina Faso, soit la deuxième plus forte hausse de ce nombre qui est passé à 1 741 655 personnes déplacées selon des ONG.
L'enregistrement, au mois de janvier, de plus de 160 000 nouveaux déplacés burkinabés, est un chiffre presque record.
Ce bond marque la deuxième plus forte augmentation mensuelle depuis le début de la crise humanitaire dans le pays il y a plus de trois ans, indiquent le Conseil norvégien pour les réfugiés, Action contre la faim, Médecins du Monde France et Oxfam.
"Faire circuler de gros chiffres lors de réunions de haut niveau ne signifie rien pour les personnes qui n'ont pas d'abri décent, d'eau potable, et qui ne peuvent pas nourrir leurs enfants avec trois repas par jour. Nous appelons les pays donateurs à tenir les promesses faites lors de la Conférence du Sahel central en octobre 2020", déclare Hassane Hamadou, directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés au Burkina Faso.
"La crise dans cette région ne devrait pas être abordée uniquement lorsque cela convient stratégiquement, ou lorsqu'un pays du Sahel est sous les feux de la rampe médiatique. La communauté internationale a le devoir de soulager les souffrances humaines, qu'elles nous touchent de près ou de loin.", a-t-il indiqué.
Depuis janvier 2019, la population déplacée au Burkina Faso a augmenté de 2 000 %, avec plus de 1,7 million de personnes désormais déracinées.
Plus de deux personnes sur trois sont des enfants. Alors qu'une part croissante de cette génération est élevée loin de chez elle et avec un accès limité aux écoles, le financement de l'éducation reste terriblement faible.
Le financement global de la réponse humanitaire est inférieur à la moitié de ce qui est nécessaire. Il est vital que la crise en Ukraine ne détourne pas les fonds et l'attention de la région du Sahel cette année, préviennent les signataires.
"Certains donateurs ont déjà indiqué qu'ils procéderaient à une réduction de 70% de notre financement pour soutenir les opérations en Ukraine. Nous sommes très inquiets que cela devienne une tendance, rendant l'accès aux soins de santé et aux autres services de base encore plus rare pour les personnes déplacées au Burkina Faso", déclare Safia Torche, directrice générale de Médecins du Monde au Burkina Faso.
"Le conflit en Ukraine est également susceptible d'avoir un impact sur la flambée des prix des céréales, aggravant une situation déjà mauvaise", soutient Grégoire Brou, directeur national d'Action Contre la Faim au Burkina Faso.
"On estime que 3 millions de personnes sont confrontées à l'insécurité alimentaire au Burkina Faso et ce nombre risque d'augmenter considérablement cette année pendant la période de soudure. L'heure est à la mobilisation de tous, pas au désengagement."
Dans le cadre de cette intensification des efforts, le gouvernement nouvellement nommé doit répondre au plus vite à l'urgence humanitaire dans le pays, et pas seulement aux dimensions militaires et sécuritaires de la crise.
"Nous espérons que la nomination de l'ancien secrétaire général de la Croix-Rouge burkinabé au poste de ministre des Affaires humanitaires marquera une coopération renouvelée et solide avec tous les partenaires humanitaires", ont conclu les quatre ONG internationales.
En rappel, au 31 janvier 2022, 1 741 655 personnes déplacées étaient enregistrées au Burkina Faso selon le conseil national pour le secours d'urgence (CONASUR).
Boa, Ouagadougou
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