Côte d'Ivoire : Plafonnement du prix du thon par le Gouvernement, des acteurs du secteur dénoncent «une grave erreur » et annoncent une probable pénurie
Zasso et Mamadou Touré ce mercredi à Cocody (Ph KOACI)
Le mercredi 22 décembre 2021, en Conseil des ministres, le gouvernement ivoirien a décidé de plafonner le prix du poisson thon (poisson garba Ndlr).
Le prix du kilogramme du thon a été plafonné à 400 FCFA. C'est la décision qui a été annoncée par le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’insertion professionnelle et du Service Civique, Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement. Cette décision a été prise conformément à l’ordonnance n°2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la concurrence qui vise à préserver le pouvoir d’achat du consommateur final, encadre les prix à tous les stades de la chaîne de distribution du « poisson garba ». Un plafonnement allant des armateurs, aux mareyeurs jusqu’aux détaillants.
Ce mercredi 29 décembre 2021, deux acteurs de secteur du thon ont décidé de donner de la voix.
Mamadou Touré, mareyeur au port autonome d’Abidjan et Patrick Zasso, ont pointé du doigt cette décision unilatérale du gouvernement.
Ils estiment que cette décision du gouvernement ivoirien devrait être prise à la suite d'une consultation avec tous les acteurs de la filière du poisson thon.
Lors d'une conférence de presse, ce mercredi 29 décembre 2021, à Cocody, comme sur place constaté par KOACI, Patrick Zasso, et Mamadou Touré se sont donnés à des démonstrations pour lever un coin de voile sur ce que les mareyeurs perdent avec ce plafonnement du prix du kilogramme hors taxes du thon à 400 FCFA.
Ils ont révélé que la Côte d'Ivoire bien qu'étant le premier port thonier, ne dispose pas de son propre bateau (thonier).
En ce qui le concerne, Patrick Zasso, au nom des opérateurs économiques, a fait un plaidoyer pour que les frais de douane soient revus à la baisse.
« Les opérateurs m’ont dit que les frais de douanes et du port restent trop chers, voire impossibles. Le thon à lui seul a trois types de dédouanements.
Trop de fausses taxes circulent au port. Un véritable casse-tête pour ces opérateurs qui font vivre le port», a-t-il ajouté à la suite de Mamadou Touré, mareyeur.
Unanimement, les deux conférenciers ont estimé que « le plafonnement du prix du thon à 400 FCFA sans associer les acteurs de ce secteur à cette décision est une grave erreur ».
Ils ont ainsi invité le gouvernement à revoir sa décision, car « il ne s’agit pas de prendre des décisions, mais de plutôt faire en sorte que celles-ci soient respectées par tout le monde».
Enfin, parlant au nom des mareyeurs, Mamadou Touré a fait savoir que si le plafonnement reste inchangé, la Côte d'Ivoire observera les prochains jours une pénurie de thon. Toute chose qui est une menace pour la consommation du "garba".
« Pour faire bouger un thonier ou un bateau, il faut dépenser au moins 300 millions de francs CFA. Supposons que l’armateur accepte de nous vendre à 400 francs le kilogramme. Pour sortir le poisson du port, le kilogramme nous revient au minimum à 650 francs CFA. Alors d’où sort le plafonnement des prix ? Qui supporte la perte ? Comment l’État, va-t-il compenser ? Ou bien l’État a-t-il déjà compensé avec les amateurs ? A-t-il tenu compte de nos pertes ?», a martelé Mamadou Touré pour terminer.
Jean Chrésus, Abidjan
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