Côte d'Ivoire : La France fait Véronique Tadjo, Commandeur des Arts et des lettres
Tadjo et Belliard ce lundi soir à Abidjan
Véronique Tadjo, écrivaine franco-ivoirienne a été faite Commandeur des Arts et des lettres par la ministre française de la culture. Jean-Christophe Belliard, Ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, lui a remis son insigne dans la soirée d'hier à l'occasion d'une cérémonie organisée à la Résidence de France à Abidjan.
L'écrivaine née à Pars d'une mère française et d'un père ivoirien, a reçu son insigne et son diplôme en présence de sa famille de ses amis et de ses connaissances qui ont fait le déplacement, comme constaté sur place par KOACI, convié pour l'occasion.
Cette distinction traduit d'évidence, la volonté de la France de rendre hommage au travail, à l'écriture, aux combats de Véronique Tadjo, a expliqué le diplomate français.
«Votre œuvre est universelle dans le sens où elle touche aux grandes interrogations de notre temps. Je l'ai senti en lisant votre consacré au génocide rwandais. Vous y parlez du Rwanda bien sûr, vous avez cherché à comprendre comment l'innommable a pu se produire. Et j'ai trouvé la phrase suivante. « J'ai peur quand j'entends parler chez moi, d'appartenance et de non-appartenance ».
Quand j'ai lu le livre, je ne savais pas que vous alliez recevoir les arts et lettres. Mais j'avais noté sur un papier en distant que ça en est fort. Et bien sûr, il s'agit là de la Côte d'Ivoire, mais cela pourrait concerner tant d'autres situations politiques à commencer par la France ».
Il a avoué qu'il a mentionné l'universalité des livres de Véronique Tadjo destinés aux enfants, sur Senghor, sur cette grande dame qui est Graça Machel, sur l'environnement qui touche à ces sujets majeurs, universels.
«J'ai à ce sujet en tête une conversation que j'ai eu un jour avec Nuruddine Farah, nous parlions de littérature africaine, j'ai interrogé Nuruddine sur la littérature de l'Afrique francophone et sans hésiter, elle vous a mentionné, c'était à Cape Town. Une autre fois, c'était avec Breten Bart et il vous a aussi mentionné. Peut-être que vos allées à venues y ont contribué, c'est bien ce regard d'autres africains, un Somalien, un Sud-Africain sur un écrivain ivoirien », a ajouté, Jean-Christophe Belliard.
Autre indice de l'universalité, l'Ambassadeur a affirmé que le dernier livre de l'écrivaine ivoirienne en compagnie des hommes a abordé avec un temps d'avance les grandes pandémies en l'espace Ebola et leurs conséquences pour l'humanité. Selon lui, Véronique a eu du fait quand on sait ce qui se passe actuellement.
«C'est le propre des grands écrivains que de dire les choses avant les autres et de tenter de les expliciter. Enfin je vous l'indique j'ai été bouleversé par votre livre loin de mon père. Il m'a rappelé cette lithographie de Breten Bretenbark où l'on voit l'homme blanc avec un masque africain saluant un homme noir avec un masque blanc. Cela représente Breten Bark, les rendez-vous manqués de l'Afrique du Sud postapartheid. Dans le cadre de loin de mon père, il y a de manière crescendo presque traumatique, la découverte par une jeune femme métisse, de la véritable personnalité de la véritable vie de son père », a mentionné, Jean-Christophe Belliard.
Il avoue avoir été bouleversé pour deux raisons, d'une part, il s'est mis dans la peau de ses enfants métis qui peut-être un jour vivraient la même chose. D'autre part parce que l'écrivaine à la gentillesse de nouvelles fortes de sa maison non loin d'ici. Et c'est là où cette histoire a eu lieu où pu avoir lieu.
«Je suis sans doute trop personnel et trop émotif et je crois que remettre le Palm académique à un écrivain n'est pas la même chose que la légion d'honneur à un homme d'affaires ou à un officier général. C'est comme ça que je ressens », a conclu, l'Ambassadeur de France en Côte d'Ivoire.
Le nouveau Commandeur des Arts et des lettres distingué par la France a exprimé sa gratitude à la ministre française de la culture.
«Je suis extrêmement émue et alors je voudrais vous dire que je suis très honorée aussi et vous remerciez énormément, Excellence, Jean-Christophe Belliard et remercier la ministre de la Culture qui a bien voulu me distinguer et je voudrais dire bonjour à monsieur Bono que j'ai déjà rencontrer au Niger, à tous mes amis qui sont venus et aux membres de ma famille et à tous ceux qui ont bien voulu bien faire le déplacement, un grand merci », a déclaré, Véronique Tadjo.
Elle s'est interrogée sur ce que la littérature et les arts peuvent faire en cette période de crise profonde au niveau collectif, personnel, environnemental et sanitaire.
«Je dirais d'abord pas grande chose, si l'on ne leur accorde pas la place qu'ils méritent dans la société. La littérature et les arts sont impliqués dans l'épanouissement de la nation et la recherche d'un meilleur avenir. C'est à travers la lecture, la littérature que les lecteurs se découvrent eux-mêmes », a répondu, Véronique Tadjo.
Pour elle, la littérature est aussi le reflet de la société, c'est comme un miroir qu'on montre à la société, et voilà ses réalités, ses défauts, ses qualités tous ces différents points de vue. C'est ce que la littérature essaie de faire.
«Je pense qu'elle permet de mieux comprendre qui nous sommes et c'est pourquoi, les écrivains sont de grands lecteurs, parce que eux-mêmes cherchent des réponses à leurs questions », a-t-elle insisté.
Si les arts doivent s'attacher au beau en premier, il leur arrive aussi, c'est connu de dénoncer les travers de la société et des individus qui la peuple.
L'écrivaine estime que c'est dans ce sens qu'elle est dérangeante, c'est dans ce sens que les arts d'une manière générale, la littérature sont dérangeants et souvent on trouve qu'un écrivain, une écrivaine, c'est quelqu'un qui empêche de tourner en rond, mais heureusement on sait que cet art est fait pour centrer dans l'époque.
«Il est difficile de nous reprocher de parler d'une époque si elle est bouleversante, si elle a besoin de réponse, et si nous recherchons ces réponses. Ce que je veux dire c'est un grand merci encore. Parce que ce que nous cherchons, nous ne mettons pas de cloisonnement entre les écrivains et les artistes », a soutenu, Véronique Tadjo.
Enfin pour elle, il y a certaines briques et une fusion entre la littérature et les arts, et encourage tous ceux qui luttent pour mettre fin à ces crises multiformes que nous connaissons mondialement et à des niveaux différents.
«Et tous ces gens-là on voudrait les accompagner et on voudrait être reconnu comme un facteur de changement aussi. Regarder écrire, communiquer. Merci à vous pour la reconnaissance que vous faites à la littérature et les arts et pour l'honneur que vous m'accordez », a conclu, Véronique Tadjo.
Wassimagnon
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"Ces pacotilles " de décorations sont-elles accompagnées d'enveloppe ??>>>
La France récompense les siens. Merci.
Par contre la France se tait quand un des siens, Patrick Achi, apparait en chantre de l'évasion fiscale. Deux poids, deux mesures.
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