Côte d'Ivoire: Système de protection sociale, les mutuelles de santé dénoncent les coûts exorbitants des prestations médicales dans les cliniques
Jean-Victor Ayité, directeur général du PASS
Les coûts très élevés des prestations médicales dans les centres hospitaliers surtout privés, constituent un véritable casse-tête pour les mutuelles de santé en Côte d’Ivoire. Réunis à Cocody (Abidjan) dans le cadre d’un atelier de renforcement de leurs capacités organisé par le Programme d’Appui aux Stratégies Sociales (PASS) avec le soutien du groupe Novartis sur deux jours (mercredi 27 et jeudi 28 octobre 2021), les dirigeants mutualistes n’ont pas manqué l’occasion de crier leur ras-le bol, face à cette réalité qu’ils vivent comme un boulet au pied. Ils ont par exemple, dénoncé le fait que dans les cliniques, outre les consultations coûteuses, certains médecins pour le traitement d’une maladie comme le paludisme, veuillent en plus de l’examen de la goutte épaisse (GE), y associer de façon systématique, celui de la fièvre typhoïde (Vidal et Félix).
Par ailleurs, ils décrient les prescriptions abusives par ceux-ci, de l’examen du scanner et de l’IRM là où une simple radiographie peut être utile. Autant de dérives qui, selon eux, n’aident guère à l’équilibre financier des mutuelles. Conférencier lors de cet atelier, Docteur Guillaume Magbi, médecin et expert en assurance, a reconnu ces dérives et abus qu’il considère comme « le nœud gordien » de la mutualité. Dans son exposé sur le thème : « La maitrise de la sinistralité », Docteur Guillaume Magbi a expliqué aux dirigeants mutualistes les stratégies à adopter pour contenir les dépenses et comment parvenir à équilibrer les charges de leurs mutuelles.
« Pour que les mutuelles puissent être équilibrées avec les ressources financières qu’elles ont, il faut qu’elles voient à un niveau de prestation étudiée, des établissements qui puissent répondre aux exigences des soins de premier niveau. Que les soins secondaires ou tertiaires puissent être traités dans les structures privées au réel prix », a-t-il indiqué.
Le conférencier plus loin dans ses explications, a fait savoir que la solution définitive qui devrait permettre aux mutuelles de santé d’équilibrer leurs charges, c’est de pouvoir se doter de centres hospitaliers.
« Il faut promouvoir les centres hospitaliers appartenant aux mutuelles elles-mêmes. Ces centres pourraient servir les mutualistes et la population, car en Côte d’Ivoire, très peu de gens ont une assurance privée », a-t-il préconisé.
Au nombre des autres mesures qui pourraient contribuer à stabiliser les dépenses des mutuelles sociales, le conférencier a recommandé entre autres, un guide de bonne conduite qui consistera « à ne pas participer à la fraude, utiliser la carte de santé à bon escient, sanctionner les malversations et leurs auteurs, déclarer les personnes qui y ont droit en tant que sociétaire de ces mutuelles de santé, ne pas usurper de ses titres pour soigner autrui et participer par l’exigence de la probité et de l’éthique à l’équilibre de la mutuelle ».
Cet atelier de renforcement des capacités a en outre, été une très belle opportunité qu’on saisie les dirigeants des mutuelles de la santé pour apprendre un certain nombre de concepts, mais également, des outils techniques qui leur permettront de mieux gérer leurs structures.
Pour Jean-Victor Ayité, directeur général du PASS, l’initiative de cet atelier arrive à point nommé, dans la mesure où il vient combler un déficit criant de formation constaté chez plusieurs dirigeants mutualistes.
« Nous voulons aider les mutuelles à devenir de véritables acteurs de protection sociale. Les gens arrivent à la mutualité sociale souvent par des voies syndicales, voir des associations, c'est-à-dire qu’il y a des élections qui ont lieu et ceux qui sont le plus aimés prennent la tête de la mutuelle. Mais quand ils arrivent à la tête de cette structure, ils ne savent pas trop ce qu’il y a à faire techniquement. Notre rôle c’est d’aider ces dirigeants, parce qu’ils vont avoir à manipuler des sommes et souvent ce sont des sommes importantes. Comment confier ces mutuelles à des personnes qui n’ont pas eu de formation auparavant ? Cet atelier a donc été organisé pour permettre aux dirigeants mutualistes, de bien s’outiller techniquement pour gérer leurs mutuelles », a-t-il expliqué.
Notons que le programme d’Appui aux Stratégies Sociales (PASS) est un pôle d’expertise en santé et protection sociale à but non lucratif qui est opérationnel depuis août 2019.
Wassimagnon
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