Laurent Gbagbo 

« M. Laurent Gbagbo a beau être étonné, il demeure poursuivi devant la justice ivoirienne. Je ne veux pas faire plus de commentaires sur les propos de M. Laurent Gbagbo, qui a beaucoup de conflits à régler, y compris des conflits avec sa propre personne. », a déclaré le mercredi 20 octobre 2021, le porte-parole du Gouvernement, Amadou Coulibaly.

Cette sortie du Ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie intervient 24 heures après que l’ex-chef d’Etat ivoirien dans un entretien accordé à « France 24 », ait réfuté sa condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire dite de la casse de Banque Centrale des Etats de l’Afrique de ‘l’Ouest (BCEAO) en janvier 2018.

« Je n'ai jamais braqué une banque. La BCEAO a été braquée par pas mal de braqueurs, par des rebelles. Et c'est Gbagbo qu'on condamne à 20 ans ? On ne va pas me faire admettre ce qui est inadmissible. », a fait savoir Laurent Gbagbo lors de l’interview télévisée.

Mais la réponse du porte-parole du Gouvernement est perçue par les partisans de l’ancien président ivoirien, comme un « chantage » et une « intimidation » de la part des autorités ivoiriennes.

Ils en veulent pour preuve, la déclaration faite par Amadou Coulibaly le 07 avril 2021 soit 07 jours après l’acquittement définitif de l’ex-détenu de la prison de Scheveningen au Pays-Bas, lors d’un conseil des Ministres.

Ce dernier affirmait que l’état ne pouvait offrir des frais de transport à quelqu’un juste pour le mettre derrière les barreaux.

« A moins que vous pensiez que le chef de l’Etat soit particulièrement cynique, ça me parait gros d’offrir des frais de transport à quelqu’un juste parce qu’on a envie de le mettre derrière les barreaux », fin de citation.

Six mois après cette déclaration, le porte-parole du gouvernement rappelle que M. Gbagbo est toujours poursuivi devant la justice ivoirienne. 

Difficile alors de comprendre quand on sait que ce dernier a eu une rencontre qualifiée d’historique avec son successeur Alassane Ouattara en juillet dernier. Ladite rencontre et comme le relevait l’opinion doit aboutir à booster le processus de Réconciliation Nationale dont les deux personnalités en sont les maillons essentiels.

Alors s’il est vrai que Laurent Gbagbo a été condamné à 20 ans de prison et 329 milliards FCFA d’amende, dans l’affaire du « braquage » de l’Agence nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise postélectorale ivoirienne, il serait important que le porte-parole du Gouvernement explique à l’opinion pourquoi il demeure encore en Liberté ? A moins que, la poursuite engagée contre lui soit une épée de Damoclès liée à sa prise de parole sur les débats politiques à l’avenir. Ce qui serait difficile pour le président du Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), qui a affirmé dimanche dernier qu’il ferait la politique jusqu’à sa mort...

Il faut souligner que, plus de trois mois après son retour au pays, l’ex-chef d’Etat ivoirien n’a reçu officiellement aucune notification de la justice ivoirienne relative à sa condamnation.

Donatien Kautcha, Abidjan