Côte d'Ivoire : Non-respect des droits des travailleuses et travailleurs domestiques, Syndicats plaident pour la ratification de la Convention n°189 de l'OIT
Le Comité Intersyndical pour la Transition vers l’Economie Formelle en Côte d’Ivoire (CITEF-CI) mène à Abidjan une campagne de vulgarisation de la Convention (n° 189) de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les travailleuses et travailleurs domestiques.
Cette campagne est appuyée techniquement et financièrement par l’OIT à travers le Bureau pour les Activités pour les Travailleurs (ACTRAV). Elle donne l’occasion à la coordonnatrice du CITEF-CI et à la spécialiste des travailleurs domestiques de ce comité de passer au scanner les problèmes, défis et opportunités pour les travailleuses domestiques et de rappeler les droits que confère la Convention (n° 189) à cette catégorie de travailleurs.
Le constat est clair, les droits des travailleuses et travailleurs domestiques ne sont pas respectés par leurs patrons et plusieurs victimes ont eu recours à la justice.
Marceline Douai, coordonnatrice du Comité Intersyndical pour la Transition vers l’Economie Formelle en Côte d’Ivoire (CITEF-CI) estime que l'application de la Convention (n°189) est une clé pour le respect des droits des travailleuses et travailleurs domestiques
La Convention (n° 189) étend les droits fondamentaux du travail aux travailleurs domestiques dans le monde entier. Mais à l’épreuve des faits sur le terrain, la réalité est toute autre.
« Les droits des travailleuses domestiques ne sont pas respectés par beaucoup d’employeurs. Ce qui nous a souvent poussé à aller jusqu’au tribunal du travail. Au nombre des abus fréquents, il y a le non-paiement des salaires, des renvois abusifs. Les employeurs créent souvent des situations imaginaires pour ne pas les payer », regrette Marceline Douai Adopo, Coordonnatrice du CITEF-CI.
Elle affirme qu' «une travailleuse domestique a été renvoyée au motif qu’elle écoutait de la musique religieuse et une autre a été accusée d’avoir volée des bijoux d’une valeur de plusieurs millions de FCFA ». Selon la Coordonnatrice, pour ces deux affaires, le tribunal du travail a rétabli ces femmes dans leurs droits.
C'est pourquoi elle appelle au respect des droits des travailleuses et travailleurs domestiques par tous les employeurs.
La coordonnatrice du CITEF -CI dénonce le fait que des employeurs ne permettent pas à leurs travailleurs domestiques de bien se nourrir et les font dormir dans le balcon ou à la cuisine.
«Ce sont des êtres humains comme tout le monde, elles doivent être traitées avec respect et dignité en conséquence », a-t-elle ajouté.
Madame Adopo se bat également pour ne pas voir des enfants servir comme travailleuses ou travailleurs domestiques. Elle insiste que tous les travailleurs domestiques doivent avoir les mêmes droits que tous les autres travailleurs.
La convention (n° 189) de l’OIT, donne assez d’avantages, car elle souligne que la législation, la règlementation et l’élaboration de politiques publiques sur les travailleuses et travailleurs domestiques sont possibles si les mandants le veulent.
Ancienne travailleuse domestique, Sandrine Akafou est spécialiste des travailleuses et travailleurs domestiques au sein du Comité Intersyndical pour la Transition vers l’Economie Formelle en Côte d’Ivoire (CITEF-CI), confie qu'elle a fait ce travail par dépit.
«J’ai servi successivement comme cuisinière et garde-enfants pendant un peu plus de cinq ans. J’ai gardé de mauvais souvenirs de ce travail. Par exemple je retiens que les employeurs nous traitent comme des sous-Hommes. Moi, je préparais le repas de mes patrons et je n’avais pas droit d’y goûter. Je n’avais pas droit de manger le même repas que mes patrons. C’est lorsque les restes de repas conservés au congélateur sont sur le point de se décomposer qu’ils m’autorisent à les manger. Cela m’a choqué », se souvient Sandrine Akafou qui lutte aujourd’hui pour que cela change, qui rêvait de devenir institutrice.
La Convention (n°189) reconnaît beaucoup de droits aux travailleurs domestiques dans leur ensemble. Elle exhorte le gouvernement ivoirien à la ratifier car elle prévoit notamment la protection sociale, les congés maternité et annuels, le respect du salaire minimum en vigueur dans chaque pays, la liberté d'association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective, l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire, etc.
Le combat de madame Akafou est d'«amener les parlementaires à faire des lois qui protègent les travailleuses et travailleurs domestiques ».
Wassimagnon
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