Côte d'Ivoire : Journée mondiale de la liberté de la presse, des Journalistes dénoncent une accumulation d'arriérés de salaire
Lundi à Abidjan (ph KOACI)
À l'instar de plusieurs pays du monde, la Côte d'Ivoire célèbre ce 03 mai, la 28ᵉ journée mondiale de la Liberté de la Presse. La cérémonie officielle marquant les festivités de cette année a lieu à Cocody au stade de la haute fréquence de la RTI.
Sam Wakouboué, porte-parole des Organisations professionnelles des médias, porte-parole de l'Intersyndicale du Secteur des Médias en Côte d'Ivoire a à l'occasion dépeint la situation des journalistes ivoiriens et des entreprises de presses privées.
Après avoir rappelé que le pays a gagné deux points dans le dernier classement de Reporter Sans Frontière (RSF) en se classant à la 66ème place sur 180 pays, Sam Wakouboué a indiqué qu'au niveau de l'écosystème des médias, ces derniers mois ont été marqués par certaines actions positives posées par les pouvoirs publics ivoiriens.
Il a cité entre autres, l'application effective de la suppression des peines privatives de liberté pour les délits de presse (aucun journaliste n'est emprisonné en Côte d'Ivoire), le financement de la construction de la salle de conférence de la Maison de la Presse d'Abidjan (MPA), l'effectivité de la libéralisation de l'espace audiovisuelle avec l'octroi de licences de diffusion à plusieurs chaines de télévision, la prise en compte des médias en ligne par la loi du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse, la subvention accordée aux entreprises de presse à l'effet de supporter les conséquences néfastes de la pandémie du Covid19.
Selon lui, ces acquis sont la face visible de l'iceberg de la situation de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire. La réalité est beaucoup plus préoccupante, car, la liberté de la presse reste toujours en danger en Côte d'Ivoire.
«En effet, alors que la peine privative de liberté est consacrée désormais, les journalistes sont cependant encore interpelés et déférés devant le Procureur de la République, après plusieurs heures d'interrogatoire à la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale, dans des conditions déplorables. Ainsi, Gbané Yacouba et Barthélemie Téhin du quotidien Le Temps, Cissé Sindou et Marc Dossa de Générations Nouvelles ont subi un interrogatoire de plusieurs heures, avant d'être déférés devant le Parquet. Il faut mentionner également, le cas révoltant du Journaliste Claude Dassé, Secrétaire général de l'UNJCI, chargé des affaires syndicales. Ce journaliste a été objet de violences préméditées de la part du sieur Koné Kassoum, alias La Machine, agent d'encadrement à la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA). La liste est loin d'être exhaustive. Il nous faut mentionner aussi que le 3 novembre 2020, des policiers ont arrêté Yao Alex Hallane Clément au domicile du président du PDCI, Henri Konan Bédié, un journaliste de la chaîne de télévision privée PDCI 24. Ils l'ont battu et détenu durant des heures, avant d'être relâché suite à la pression du président de l'UNJCI. Par ailleurs, le 9 novembre 2020, des policiers en civil ont arrêté Stéphane Beti, un reporter de l'Agence de Presse Panafricaine, une agence de presse privée basée au Cameroun, alors qu'il faisait un reportage sur les manifestations à Yopougon, dans la banlieue d'Abidjan. Ils l'ont battu, puis conduit au poste de police. Après l'intervention des dirigeants du SYNAPP-CI, de l'UNJCI et l'Association de la presse étrangère en Côte d'Ivoire (APECI), la police l'a libéré vers 17h 00 sans retenir de charges et donc, sans que ce journaliste sache ce pourquoi, il a été arrêté et subi tous ces sévices », a-t-il expliqué.
Face à ces exemples, il estime que le chemin est encore long pour que les journalistes exercent leur métier en Côte d'Ivoire dans des conditions de sécurité requises. A ces préoccupations, il a annoncé que les entreprises des médias en général évoluent dans un contexte particulièrement difficile.
C'est pourquoi, il s'est félicité du thème de cette édition, « L'information comme bien public », car l'UNESCO entend ainsi mettre un accent particulier sur trois impératifs. À savoir, les mesures pour assurer la viabilité économique des entreprises des médias, les mécanismes pour assurer la transparence des sociétés internet, le renforcement des capacités en matière d'éducation aux médias et à l'information.
Le thème de cette année sous-entend par ailleurs que le journaliste doit donner une information fiable et de qualité. Dans cette veine, l'État a créé la Commission d'accès à l'Information d'Intérêt public et aux Documents Publics (Caidp), une Autorité administrative indépendante pour rendre facile l'accès à des documents publics.
Cependant, comme l'a indiqué, Sam Wakouboué, dans les administrations et les sociétés publiques, les responsables continuent encore de brandir le prétexte de la confidentialité des documents.
« Si l'on considère le premier impératif de l'UNESCO, à savoir « des mesures pour assurer la viabilité économique des entreprises des médias », beaucoup d'efforts restent à faire par la Côte d'Ivoire dans la quête de liberté de la presse, puisqu'aucune entreprise de notre secteur d'activité n'est aujourd'hui économiquement viable. Toutes ou presque, se meurent. Ce qui entraine par ricochet, une accumulation d'arriérés de salaire pour la plupart de nos confrères », a expliqué, le porte-parole.
Il a soumis des doléances au ministre de la Communication, des médias et de la Francophonie et l'a prié d'œuvrer pour leur satisfaction.
Il s'agit de la réinstauration de la subvention à l'impression. En effet, depuis trois ans, le Fonds de Soutien et de Développement de la Presse (FSDP) ne donne plus aux entreprises de presse cette subvention, la prise du décret transformant le Fsdp en fonds de soutien aux médias qui prendra en compte, tous les secteurs de la presse et des médias en rendant éligibles les entreprises de presse numérique et les radios, l'octroi aux médias dans leur l'ensemble, de 0,1% du budget de l'Etat pour leur fonctionnement et la signature du décret d'application relative à la nouvelle loi sur la presse afin de permettre la prise en compte effective des médias en ligne par le FSDP pour leur subvention.
Il a enfin plaidé auprès du ministre pour que ces doléances soient traitées avec diligence pour ne pas que les entreprises des médias meurent
« Connaissant bien notre secteur d'activité, notre foi en vous est grande. Nous sommes convaincus que nos doléances seront traitées avec diligence. Il y va de la survie des entreprises des médias, voire du métier de journaliste, en Côte d'Ivoire », a-t-il conclu.
Enfin et pour information, votre média KOACI, légalement constitué depuis sa mise en ligne depuis 2008 et à jour de toutes ses obligations salariales et fiscales, n'a, lui, jamais reçu quelconque aide de l'Etat, même s'il contribue à l'existence de la Côte d'Ivoire sur internet.
Wassimagnon
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