Commerce ivoirien rasé pour laisser place à un super marché chinois, ici ce dimanche à Marcory (ph KOACI)

Certains parlent déjà d'invasion, d'autre d'expansion, une chose est sûre, la forte croissance de présence humaine chinoise n'échappe pas à l'œil observateur ivoirien.

Au-delà des ventes de voitures chinoises en croissance, s'ils sont de plus de plus, plus de 40 000 selon certaines estimations de sources proches du ministère de l'Intérieur, ils n'hésitent désormais plus à s'affirmer en faisant parler leur puissance économique.

De nombreux commerces hier tenus par des Ivoiriens, maquis, restaurants, boutiques, sont rasés ou réaménagés pour laisser place à des commerces chinois, comme mesuré à Marcory, Treichville ou Adjamé principalement. Des tentatives d'implantations sont également en cours du côté de Bouaké et de San Pedro nous signale-t-on.

"Ils sont arrivés vers le propriétaire et ont payé cash et ont négocié au centime près", explique un témoin de la vente d'un commerce ivoirien de Marcory passé sous contrôle chinois.

Depuis fin 2011, les Chinois entrent généralement soit clandestinement via le port de San Pédro où ils sont parfois déversés nuitamment sur la côte, soit à travers des géants chinois implantés, du type, CSCEC (China State Construction Engineering Corporation), maitre d'œuvre du pont de Yopougon.

Cette immigration clandestine sert de main d'œuvre locale, en effet, les Chinois ne font travailler que des Chinois. Une stratégie pour accroitre leur présence.

En mai 2019, nous émettions l'hypothèse d'une dynamique politique d'expansion, voire de néo-colonisation qui se heurte à celle de la communauté libanaise qui, elle, trouve en Côte d'Ivoire une terre d'opportunité et de domination, au regard de la misère grandissante chez elle. Néanmoins, ce qui est vendu par les Libanais provient essentiellement de Chine ou d'Asie du sud-est.

La volonté chinoise de renforcer sa présence et son influence en Côte d'Ivoire est néanmoins clairement assumée du côté des autorités de Pékin, comme nous le confirment clairement des sources proches des milieux diplomatiques. D'autres sources mentionnent même l'ambition d'arracher des mastodontes, en guise d'exemple, la concession du port autonome d'Abidjan, pour l'heure dans les mains des européens (Groupe Bolloré, ndlr).

Un grignotage du gâteau ivoirien qui se fait sans bruit et via la diversion, parfois médiatique à travers les dynamiques chinoises qui, elles aussi, pénètrent les réseaux d'influence, principalement par la technologie ou des agents dissimulés mués en "influenceurs".

Amy Touré