Cameroun : Décès de Bernard Njonga, grand défenseur du monde agricole, figure de la société civile et leader politique
L’ingénieur agronome, activiste, militant agricole et leader politique Bernard Njonga quitte la scène à 66 ans.
Il est décédé dans la nuit du dimanche 21 février 2021 à Amiens en France, des suites de maladie a-t-on appris.
La presse l’avait baptisé le « José Bové Camerounais », pour son combat contre l’introduction des OGM dans l’agriculture au Cameroun et pour l’amélioration des conditions de vie des paysans.
Défenseur du monde agricole
Le natif de Bangoua à l’ouest du pays, il passera toute sa jeunesse à Bameka à une quinzaine de km de Bafoussam.
Il réussira la même année, le concours du Cuss, célèbre école de formation des médecins), de l’aéronautique civile d’Alger mais choisira l’Ensa, Ecole nationale supérieur agronomique.
Bernard Njonga démissionne de la fonction publique deux années après son intégration. En mars 1988, il crée le Service d’appui aux initiatives locales de développement (SAILD). En novembre de la même année, il fonde le périodique « la Voix du paysan », le journal de l’entrepreneur rural.
En 1999, Bernard Njonga constate que l’importation du poulet congelé est un facteur d’anéantissement du petit éleveur du monde rural.
« Cette importation détruisait la filière locale », avouera –t-il plus tard.
En 2003, il crée une nouvelle structure, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC).
Cette nouvelle association dont il est le président, a pour objectif de mobiliser les bonnes volontés pour lutter contre l’importation du poulet congelé, véritable manne pour les importateurs.
De 2003 à 2006, il s’oppose aux pouvoirs publics, et aux importateurs. Bernard Njonga sent sa vie menacée. Il s’entoure de trois gardes du corps.
En mars 2006, après une longue bataille et mobilisation inédite, les pouvoirs publics reculent. Bernard Njonga obtient gain de cause. Le ministre des pêches et des industries animales interdit l’importation du poulet congelé de l’Union Européenne.
C’est une des victoires les plus marquantes de ce défenseur du monde rural. Même si une dizaine d’année plus tard, le poulet congelé refait surface au Cameroun conséquence d’une épizootie qui s’était déclarée en 2016.
L’impact des actions de cet activiste sur les familles est patent
.
Engagement politique
Le 24 janvier 2018, il présente à la presse son parti politique dénommé « Croire au Cameroun » (CRAC).
Il s’appuie sur l’agriculture. C’est son cheval de bataille.
« Le Cameroun peut décoller en cinq ans grâce à l’agriculture », déclarait d’ailleurs Bernard Njonga qui déplorait le manque de financements des petits agriculteurs.
Il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2018 avant de se rétracter. Il estime que le climat politique ne tourne pas dans le sens du développement et que son parti politique n’est pas suffisamment mature.
En 2020, il décide de participer aux élections législatives et municipales. Il présente quelques candidatures dans le littoral, l’Extrême-Nord et l’Ouest.
Le président du Crac dit vouloir commencer par la base, avec les paysans.
En février 2020, en pleine campagne électorale, le candidat Bernard Njonga ne bat pas campagne. Il est évacué une première fois vers la France.
La campagne du parti bat de l’aile. Cette fois, il n’a pas pu s’en sortir pour cette deuxième évacuation.
Il quitte la scène sans avoir réalisé son projet politique.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire