Cameroun : Crise anglophone, jeu trouble des nigérians et de la France, ce que dit le cardinal Christian Tumi
Cardinal Christian Tumi (ph)
Christian Tumi, tout premier cardinal camerounais a été interviewé par la télévision nationale. Au cours de l’entretien, le prélat enlevé par les séparatistes anglophones en novembre 2020, a fait des révélations fracassantes sur ce qu’il a appris durant ses 24 heures de captivité.
Sur les ondes de la Télévision à capitaux publics, Christian Tumi fait savoir que la majorité des combattants séparatistes ne sont pas des camerounais, «l’un des enfants m’a dit que la majorité des combattants sont des nigérians et très peu des camerounais », a déclaré le prélat proche de l’opposition.
Selon le cardinal camerounais quelques-uns des combattants séparatistes, « ne savent pas pourquoi ils sont encore en brousse » et ont peur d’en sortir par crainte d’être tués par l’armée.
Il indique par ailleurs que la guerre tend vers sa fin, « mais cette guerre s’achemine vers la fin.»
Dans une tribune publiée en 2017, le célèbre écrivain camerounais et homme politique Enoh Meyomesse, avait accusé des nigérians de vouloir « diviser » le Cameroun.
« Notre voisinage avec le Nigeria, ne cessera pas de sitôt de constituer pour nous, Camerounais, une grande source d’ennuis. Ceux-ci, dès le référendum de 1961, ont vu le jour, et nous en avons encore pour longtemps », écrit-il dans sa tribune.
Quid de la France ?
Ce que taisent les sécessionnistes et leurs défenseurs, c’est « la présence de très nombreux Nigérians dans les villes de l’actuelle région du Sud-ouest, tout comme les villages, avant le référendum de 1961 et qui ont, au même titre qu’au Cameroun Septentrional, voté à celui-ci.»
Pour Enoh Meyomesse, les biafrais du Nigeria ont toujours cherché à faire de l’actuelle région du Sud-ouest, « leur base arrière. »
« Le président Ahidjo s’y est totalement opposé, et l’armée camerounaise a subi de très lourdes pertes en vies humaines dans ce refus, les sécessionnistes biafrais étant équipés entre autre par la France, pendant que notre armée ne disposait encore que de vieilles pétoires issues des stocks français de la deuxième guerre mondiale. Paris soutenant la sécession biafraise, en même temps dominant le Cameroun, et Ahidjo étant son obligé, il ne nous était guère possible de nous équiper ni en France, ni ailleurs. »
Mais la guerre du Biafra, n’a pas fait que causer des pertes humaines. « Ils sont devenus camerounais et ont inondé ce qui était le Cameroun occidental » poursuit Enoh Meyomesse.
Ces nigérians ayant fui leur pays mais accueilli « amicalement » au Cameroun, en sont à leur troisième génération.
Pour le célèbre écrivain camerounais, l’écrasante majorité des sécessionnistes sont des « camerounais de papiers, mais nigérians dans le cœur.»
« Ils n’éprouvent aucune sympathie pour le pouvoir de Yaoundé, ni pour les autorités camerounaises », écrit-il.
L’écrivain et homme politique estime qu’il y a deux types d’anglophones.
D’une part des Camerounais, d’autre part des Nigérians possédant des cartes d’identités camerounaises, bénéficiant de la citoyenneté camerounaise, mais « détestant » et « méprisant » profondément le Cameroun, au point où ils n’hésitent guère un seul instant à en brûler le drapeau, celui-ci ne revêtant aucune signification pour eux.
De nombreux autres intellectuels camerounais estiment que la crise anglophone a ses causes bien lointaines et trouve ses fondements dans l’histoire du référendum du 11 février 1961 qui a eu lieu au Cameroun britannique. Il s’agissait de déterminer si l'ancienne colonie britannique devait intégrer le Cameroun ou le Nigeria.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-
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