Cameroun : Le mouvement #JeveuxmaCNI pour dénoncer le clair-obscur dans l'établissement de la Carte nationale d'identité
Le nombre de camerounais sans Carte nationale d’identité (CNI) ne cesse d’augmenter au fil des jours. Les délais de délivrance de la CNI sont devenus anormalement longs. Des milliers de camerounais l’attendent parfois pendant deux ou trois ans. Pourtant la validité du précieux document est de 10 ans.
Arnold A. Kenfack 35 ans est très remonté. Le récépissé de sa CNI vient d’être prorogé pour la quatrième fois.
Il rêvait de faire des affaires avec ses partenaires à Dubaï. Mais son rêve a été « complètement brisé » faute de CNI.
« J’ai supplié, j’ai pleuré, j’ai même donné de l’argent à un officier de police, mais depuis 2018 je n’ai pas encore pu obtenir ma CNI », explique Kenfack.
Au commissariat du 8e arrondissement de Yaoundé, des dizaines de camerounais rencontrés ce mardi 5 janvier 2021 renouvellent leurs titres d’identité provisoire (récépissés). Certains les renouvellent pour la troisième fois.
Pourtant, selon le décret présidentiel n°2016/375 du 04 août 2016, fixant les caractéristiques, les modalités d'établissement et de délivrance de la CNI, la validité d'un titre d'identité provisoire est de trois mois, éventuellement « renouvelable une seule fois ».
Ce titre (récépissé) ne devrait plus faire foi de « présomption d'identité » 6 mois après indique l’alinéa 2 du texte présidentiel.
Le mouvement enflamme la toile
Le mouvement #JeveuxmaCNI en anglais #IWantMyIDC, a été lancé par des camerounais sans papiers dans leur pays.
«6 janvier 2018-6 janvier 2021, 3 ans jour pour jour que je traîne un vieux récépissé en lieu et place de ma CNI, coincée dans les méandres d'un système de fabrication obscur et surtout incompétent », s’insurge un internaute.
Des milliers de camerounais ont changé leur profil avec le hastag #JeveuxmaCNI.
Faute du précieux document, certains camerounais qui attendent leur CNI, depuis deux ou trois ans, ne peuvent plus se déplacer à l’intérieur de leur propre pays.
Une situation qui arrange la police visiblement. Sur internet, les victimes dénoncent les arnaques dont elles sont victimes dans les commissariats et postes de contrôles de police sur les grands axes routiers.
Pour tenter d’expliquer les retards dans la délivrance de la CNI informatisée, les responsables du système de sécurisation de la nationalité camerounaise (Senac), évoquent la double nationalité, les empreintes digitales, ou la qualité des photos.
«Nous avons des problèmes de double nationalité, c’est-à-dire que quelqu’un qui prend l’acte de naissance d’un membre de sa famille pour se faire une pièce d’identité qui lui permet de passer des examens. Nous avons également des problèmes d’empreintes digitales qui très souvent ne sont pas bien apposées ou encore des photos qui sont floues », expliquait à Cameroon Tribune un responsable du Senac.
Les autorités camerounaises font savoir que la longue attente des CNI est causée par les enquêtes, les vérifications des souches d’actes de naissance et les recherches dans un pays où les faux actes d’Etat-civil ont pignon sur rue.
Au commissariat du 8e arrondissement de Yaoundé, les responsables indiquent que des milliers de CNI sont déjà fabriquées. Ils invitent les camerounais à passer les retirer.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-
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