Cameroun : Élections régionales, le nouveau grand bluff de Paul Biya
Prévue par la loi constitutionnelle de janvier 1996, l’élection des conseillers régionaux s’est tenue dimanche 6 décembre 2020. Soit 24 ans plus tard. Le scrutin était réservé aux grands électeurs (conseillers municipaux et chefs traditionnels). Dans les 58 départements que compte le Cameroun, 24 000 conseillers municipaux et chefs traditionnels se sont rendus aux urnes pour élire les 900 premiers conseillers régionaux de l’histoire du Cameroun. Soit, 90 dans chacune des 10 régions.
La proclamation officielle des résultats est prévue le mardi 8 décembre 2020.
Décentralisation
Le régime présente l’élection des conseillers régionaux comme la dernière étape de la décentralisation.
Selon Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), le scrutin s’est déroulé sans fausse note.
« Aucun incident majeur susceptible d’entacher le bon déroulement de ces élections ou leur crédibilité n’a été signalé par les autorités administratives et les forces de l’ordre », a déclaré dimanche soir le Minat (équivalent du ministère de l’Intérieur).
Scrutin sanglant
Pourtant, selon des sources sécuritaires et communautaires concordantes, un conseiller municipal a été tué et un pasteur est entre la vie et la mort. Le pasteur a été grièvement blessé. Plusieurs véhicules ont également été incendiés dans le Nord-ouest et le sud-ouest.
Les sécessionnistes avaient appelé au boycott du scrutin dans les deux régions secouées par la crise anglophone depuis fin octobre 2016.
Le scrutin a été boycotté par le Social Democratic Front (SDF) de John Fru Ndi et le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), de Maurice Kamto.
Ces deux formations politiques font partie des poids lourds de l’opposition.
Toutefois, des dissidents du SDF ont défié le mot d’ordre lancé par John Fru Ndi. Plusieurs conseillers municipaux de ce parti ont effectivement voté dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Ces partis estiment qu’aucun scrutin crédible ne peut se tenir alors qu'une crise sécuritaire secoue les deux régions anglophones.
Ils exigent une réforme « consensuelle » du code électorale et une résolution de la crise anglophone avant tour scrutin.
Selon l’ONU au moins 3000 personnes ont été tuées dans ce conflit. L’organisation onusienne a enregistré environ 700 000 déplacés internes.
Marché de dupes
Ce scrutin censé ouvrir une nouvelle ère politique au Cameroun a été confisqué par les caciques du pouvoir et des vieillards à la retraite.
La majorité des candidats avait au moins 70 ans. Ils sont pour la plupart des pontes du régime ou cadres de l’administration à la retraite qui sont dans les arcanes du pouvoir depuis plus de 30 ans.
« Des hommes qui ont toujours été aux affaires et ont tout bénéficié du régime peuvent-ils s’affranchir et insuffler un nouvel élan à la démocratie au Cameroun ? », s’interroge un internaute.
Le Rdpc au pouvoir partait largement gagnant pour ce scrutin. En effet, la formation que dirige Paul Biya qui a battu son record de 2013, contrôle à elle seule 316 mairies sur les 360 que compte le Cameroun.
Si l’Undp avec 16 maires, a une petite chance de prendre le contrôle de la région de l’Adamaoua, les chances du Pcrn (7 maires), l’Udc (6 maires), et du Mdr (4 maires) de prendre le contrôle d’une région sont réduites.
Logiquement, le parti au pouvoir devrait prendre le contrôle total d’au moins 8 régions sur les 10 que compte le pays.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-
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