Cameroun : Le gouvernement traîné au tribunal pour les soupçons de fraudes et discrimination à l'Enam, moule de l'élite administrative et judiciaire
Ph
Au Cameroun, une nouvelle polémique agite le secteur de l’enseignement supérieur. Une fois de plus, cette controverse concerne l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam).
Créée en 1959, cette grande école qui forme et perfectionne les hauts fonctionnaires de l’administration camerounaise a été au fils des ans, au centre des controverses lors des concours d’admission.
Pour accéder à l’Enam, il faut être « pistonné »
Les derniers résultats du concours d’entrée 2020-2021 dans cette institution n’ont pas échappé à cette règle. Ils sont entachés des soupçons de corruption, de fraudes, de marginalisation et de discrimination.
Quotas
Le mouvement « 10 millions de Nordistes » qui regroupe les ressortissants de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord a fait savoir que les quotas n’ont pas été respectés lors des résultats du concours 2020-2021.
L’association indique que le quota de 30% réservés aux trois régions (l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) n’a pas été respecté.
Selon Guibai Gatama, journaliste et porte-parole dudit mouvement, seulement 17% des candidats des trois régions ont été admis alors que le quota est de 30% pour ces régions.
En réaction Joseph-Le, ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra), a rappelé que 117 candidats dont été définitivement admis. « Lesdites régions totalisent 28% », a poursuivi Joseph Le.
« Il en résulte que les 2 % des places dues à ces régions n’ont pu être attribuées à l’une des régions, en raison de la non-satisfaction par les candidats qui en sont originaires des conditions admission », a conclu le Minfopra.
Contestation
Le mouvement « 11 millions de nordistes » estime que ces chiffres ne reflètent pas la réalité.
Aussi, le 14 octobre dernier, il a saisi le tribunal administratif du centre pour la suite de cette affaire qui secoue l’opinion.
Le mouvement a déposé une requête aux fins de sursis à exécution de toutes les décisions rendues dans le cadre de ce dernier concours.
Depuis lors, de nombreux camerounais demandent que soient publiés les résultats de toutes les 10 régions du pays.
Récurrence des fraudes
L’histoire de l’entrée à l’Enam qui moule l’élite de l’administration camerounaise est entachée de fraudes.
En 2004, 88 étudiants de l’Enam écopent de trois ans de suspension de tout examen dans toutes les filières universitaires pour « fraude caractérisée.»
2 ans plus tard en 2006, le ministre de la Fonction publique de l’époque Benjamin Amama annule les résultats du concours de l’Enam pour fraude.
En 2009, le Pr Shanda Tomne qui préside la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (Comicodi), dénonce les résultats d’entrée en première année magistrature.
En 2012, Philemon Yang alors Premier ministre demande l’exclusion de 6 élèves admis non par concours par sur simple instruction de Cavaye Yeguie Djibril le président de l’assemblée nationale.
En 2017, l’admission de Brenda Biya et de son frère Junior suscite la polémique. Les enfants du couple présidentiel camerounais sont soupçonnés de n’avoir pas passés l’examen. Selon les médias, ils auraient été pistonnés.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-
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